lundi 17 janvier 2011

La piqûre de la Malaisie

Le bus nous a menés de Georgetown aux Cameron Highlands en quatre heures. Nous étions une petite dizaine dans un minivan pour faire le trajet. Le parcours nous a fait passer par des petites routes sinueuses en pleine montagne. À un moment donné, une averse tonitruante s'est abattue sur nous, alors qu'à date, en Asie, nous n'en avions pas vu de telles. Mais cela n'a pas empêché notre chauffeur de continuer sa route à une vitesse élevée, doublant les camions et les les vieilles autos dès qu'il le pouvait. Sauf qu'à un moment...
À un moment, un des occidentaux du bus s'est mis à hurler, à destination du chauffeur : "I saw You ! You crossed the double line twice ! Stop now ! I'm gonna say it to your Boss !" Oui, le chauffeur avait passé la double ligne, sur la route. Il n'avait pas le droit de dépasser à cet endroit, mais ici, c'est comme ça qu'on conduit. Et ce n'était même pas dangereux, en plus. Ça a jeté un froid dans le bus, et après, le chauffeur demandait au gars (qu'on appelait, entre nous, "M. Tabarnak"), avec dérision, s'il pouvait ou pas dépasser. M. Tabarnak marmonnait alors un "Come on..." exaspéré.
Une fois à Tanah Rata, dans les Cameron Highlands, nous avons pris nos quartiers au KRS Pines, un hôtel bruyant mais pas cher (les murs sont en fait des cloisons de bureau et notre chambre donnait sur la cour intérieure de la propriétaire qui papotait sans cesse avec ses amies). On avait réservé, mais en fait c'est inutile, il y a plein d'hôtels sur place et les gens nous proposaient, par leurs fenêtres, de dormir chez eux. Sur place, on a remis nos jeans et troqué nos gougounes pour nos souliers de marche, car au centre du pays, il fait frais après la pluie. Et il y a des moustiques... Dans la douche de l'hôtel, les murs étaient noirs de ces insectes. Ils s'en sont donnés à coeur joie. Mais bon, nous sommes forts et résistants.
Le lendemain, nous avons loué un scooter pour visiter les plantations de thé, spécialité de la région. Louer un scooter revient nettement moins cher que prendre un tour organisé. Et en plus, on peut voir plein de plantations contrairement à une si l'on prend un tour organisé. Nous avons opté pour la diversité. Nous avons donc commencé avec la plus grande, la Sungai Palas Tea Plantation (en se trompant de direction sur notre vieille mobylette, alors on a visité la région. En fait, il faut suivre la route qui va à Brichang). Sur place, outre une petite visite gratuite des infrastructures de l'usine, on peut voir des panneaux explicatifs sur l'histoire de l'entreprise BOH qui récolte à cet endroit, 5000 kilos de feuilles chaque jour. Sachant qu'il faut 5 grammes de thé dans une tasse, ça fait une sacrée récolte. Et on en a profité pour déguster le Afternoon Tea, une de leur spécialité, sur la terrasse qui surplombe un des champs en dégustant des tartelettes aux fraises (également une spécialité de la région). C'est vraiment impressionnant et vert ! La route qui longe les plantations est vraiment unique, et nous avons eu la chance de ne pas rencontrer la pluie lors de notre visite, ce qui semble rare dans le coin ! Les champs s'étalent sur des kilomètres et des kilomètres, c'est grandiose.





Ensuite, nous avons fait la Bahrat Tea Plantation puis la Boh Tea Garden, deux autres exploitations. Notre motorbike nous a été très précieux pour pouvoir visiter. On en a fait des kilomètres, mais tout autour de nous, c'étaient de grands champs verts entretenus que nous pouvions admirer. Ce qu'il y a de bien avec les scooters c'est le prix que ça nous coûte pour les louer. Pour visiter les plantations de thé, par exemple, ça nous est revenu à 45 ringgits pour la journée (le plus cher depuis le début de notre séjour, environ 12 dollars). Il s'agissait d'une mobylette semi-automatique, alors le passager arrière (en l'occurence, la passagère) ressentait parfois les soubressauts des passages de vitesse pas maîtrisés (surtout au début). Les routes étant sinueuses, sans cesse descendantes puis remontantes, ont obligé le pilote (en fait, en Malaisie, les chauffeurs de bus se faisant officiellement appelés "Captain", c'est ce même nom qu'il faut utiliser pour le pilote de la mobylette), le capitaine, donc, à conduire nerveusement. Les virages en épingle à cheveux précédaient de longues lignes droites, puis une descente raide survenait de nulle part... Bref, ce genre de conduite épuise un moteur, son capitaine, mais aussi le réservoir à essence. On se serait attendus à un gros... 30 ringgits pour faire le plein ! Eh bien ce jour-là, le réservoir était vide aux trois-quarts et pour le remplir, nous en avons eu pour... pas 30... pas 20... pas 10... pas 5... non, 3,76 ringgits (soit un gros dollar) pour 80 kilomètres en pleine montagne !


Nous nous sommes ensuite rendus à Ipoh, la capitale de l'état du Perak. Il a fait tout de suite 10 bons degrés de plus. Et là encore, les moustiques nous entouraient. À Ipoh, c'est le château de Kellie qui nous intéressait. Un château construit par un jeune Écossais à la folie des grandeurs, William Kellie-Smith, au début du XXe siècle, et jamais terminé, car le gars est mort d'une pneumonie pendant la construction. Alors il en reste des vestiges (un peu entretenus) au milieu d'un jardin (qui semble abandonné). C'est original de voir ça, mais y aller en bus c'est long (trois bus à prendre et des attentes parfois longues aux gares routières ou sur le bord de la route, entre chaleur tropicale et moustiques carnivores). Mais au moins, dans les pièces du château, il fait frais et l'entrée ne coûte que 3 ringgits.









Ensuite, nous avons visité le temple Sam Poh Tong à Gunung Rapat. En bus, c'est facile d'y aller. Il s'agit de plusieurs grottes de calcaire aménagées en temples. La décoration extérieure est kitsch comme au temple Kek Lok Si à Georgetown. On voit des animaux colorés en plâtre, des statues de divinités super colorées, etc. En montant des escaliers dans la grotte principale, on atteint des escaliers qui mènent, à leur sommet, à une pièce vide. Enfin, pas vide de tout, puisqu'elle est pleine d'oiseaux qui y ont fait leur nid ainsi que de moustiques. Ces derniers nous ont suivis toute la visite. En redescendant les escaliers, nous avons croisé plein de petits singes, gros comme des capucins. Au début, on les a regardés et photographiés, puis, on quand on a atteint une petite pièce dans la grotte, on les a vus qui y rentraient. On s'est approchés d'eux (pas trop quand même, un singe qui nous grimpe dessus, on sait, depuis la Bolivie, ce que ça peut faire. Mais tout à coup, ce sont les singes qui nous ont approchés et... nous ont montré les crocs ! En fait, on devait être dans leur pièce et ils n'appréciaient pas notre intrusion. On a vraiment pensé qu'ils allaient nous mordre ! On est partis rapidement (d'autant plus que nous n'avons pas pris les vaccins contre la rage), suivis par les moustiques.









Notre hôtel, à Ipoh, le Shanghai Hotel était vraiment peu cher. Mais en bas, nous avions un karaoké (qui fermait à 2 heures du matin, et les Chinois saoûls, ça chante très très faux, et très très fort !) et en plus, on suspecte que nos lits comportaient des punaises de lits. Le dos de Guillaume était rouge de piqûres (en plus de celles des moustiques) qui le grattaient. Vraiment, on aime la Malaisie, mais ça pique fort (et ce n'est pas terminé).
Avant d'arriver à Kuala Lumpur, nous nous sommes arrêtés à Kuala Kangsar, à une cinquantaine de kilomètres au nord d'Ipoh. Nous sommes allés dans cette ville pour pouvoir voir une grande et superbe mosquée dorée (la Masjid Ubudiah). Comme c'est une ville où vit un des sultans du pays, la ville est entretenue et ses palais et mosquées sont tous impressionnants. Pour la mosquée, il nous a fallu une bonne heure pour la rejoindre à pied (une fille nous avait dit qu'on pouvait marcher jusqu'à là-bas, mais bon, on aurait mieux fait de louer un scooter, car marcher sous 40 degrés, c'est du sport, d'autant que les moustiques nous accompagnaient encore). Sur place, on ne peut pas la manquer. Son dôme est en or, elle a quatre minarets blancs rayés de marbre et plein de colonettes couronnées de toupies dorées. Bref, rien de discret. Nous pensions ne pas pouvoir la visiter (surtout Julie, les filles ne sont pas toujours les bienvenues dans les mosquées ou doivent se couvrir de la tête aux pieds), mais un des gardiens nous a vus et nous a proposé de la parcourir. Il nous a prêté de longues toges brunes et, au frais, nous avons pu admirer son architecture. C'est vraiment superbe !







Ensuite, nous avons continué notre marche jusqu'au palais du sultan, mais il est entouré de grilles alors on n'a pas pu tout voir. On a juste fait le tour de son gigantesque jardin, et parfois on voyait le palace blanc. On a été demander à des gardiens si on pouvait rentrer, mais ils ont refusé. On leur a demandé si le sultan était là. Même pas ! Il était à Ipoh. À Kuala Kangsar, ce n'est que son "bureau". Un bureau grand comme un palace gigantesque, quand même. Puis, en continuant notre route, on a voulu visiter le musée royal (Muzium Diraja Perak), mais il était en rénovation. Un des ouvriers nous a proposé de faire un rapide tour du superbe bâtiment doré, mais on n'a pas pu y rentrer. Comme vous le voyez, à Kuala Kangsar, tout est doré et démesurément grand. Un peu comme les moustiques, qui, malgré les tonnes de produits qu'on mettait dans notre chambre pour dormir en paix, se régalaient du peu de place qui nous reste sur le corps.



L'étape suivante est Kuala Lumpur, lieu de débauche commerciale et où tout est "plus" que partout ailleurs. Et en effet, c'est époustouflant. Tout est plus big qu'ailleurs...

2 commentaires:

lys a dit…

Captain, tu as vraiment fière allure sur ta pétrolette!J'espère que la-dessus vous allez plus vite que les moustiques...Allez, roulez jeunesse!!

Bibi a dit…

Bibi,lui,quand il boit son thé, y met pas son petit doigt en l'air; de toute façon ,le chocolat au lait, c'est meilleur...Bibi, il aimerait bien quand même faire de la moto avec vous et toucher toutes ces belles statues en or!
A bientôt, mes amis!!