dimanche 30 janvier 2011

Nos nouveaux amis sont tous les rois de la débrouille

Bientôt une semaine au Vietnam, et déjà, nous nous sommes faits pleins d’amis et de prétendants...
Après les procédures à la douane, nous avons récupéré nos affaires pour sortir dans le vacarme extérieur. Nous avons tout de suite trouvé le bus numéro 152 qui rejoint le marché Bên Thanh, au centre-ville, pour quelques milliers de dongs.
Si vous n’y êtes pas préparés, en arrivant, la ville se montre sous un jour plutôt hostile pour les Occidentaux que nous sommes. La circulation est infernale (tant par sa densité que par le manque de règles, des voitures roulent dans le bon sens, à contre-sens, en marche arrière, etc., et toutes ensemble) avec des klaxons qui résonnent à un rythme effrené avec des motos partout (qui ciruclent tant sur le trottoir que sur la route en plus de se stationner sur lesdits trottoirs, laissant ainsi aux piétons le choix entre se faire bousculer dans la rue ou sur les trottoirs), peu de feux de circulation (et tout aussi peu respectés par les motos). Aux intersections, c’est aussi la zizanie tant les motos se faufilent partout, doublent et vont dans tous les sens. Pour traverser une rue, il faut s’armer de beaucoup de courage au début. En fait, la meilleure méthode trouvée jusqu’ici (et employée par les Vietnamiens) consiste à mettre un pied dans la rue et d’établir un contact visuel avec le conducteur de la première moto, il adaptera ainsi sa trajectoire en fonction du piéton. À répéter jusqu’à ce que la rue soit traversée. Par contre, la première fois, ce n’est pas aussi simple qu’il y paraît. Le corps ayant une réticence naturelle à se jeter dans une marée de motos potentiellement dangereuses. Une fois cette étape franchie, la ville apparaît beaucoup plus amicale.



Et parlant d’accueil chaleureux, les Vietnamiens n’ont rien à envier aux autres peuples. Ils sont volontier prêts à aider s’ils voient que vous avez de la difficulté à vous faire comprendre. Ainsi, au bout de quelques minutes dans le bus collectif 152, nous nous sommes fait apostropher par un jeune homme viêtnamien qui a commencé par nous demander d’où nous venions et où nous allions (enfin, on a compris ça après bien des minutes, à force de gesticulations et de signes bizarres mais significatifs. Nous avons continué à parler avec Hoang Van Khanh (c’est son nom complet ; on lui a donné le nôtre en contrepartie) et à la fin, nous étions devenus des amis. La preuve, on a pris des photos et on lui a donné nos courriels. Il nous a promis de nous écrire très vite en nous disant et nous répétant combien il nous aimait. En sortant du bus il s’est éloigné du terminal et est revenu deux fois nous serrer la main et nous dire « I love You ». C’est dire si on s’aime. Bon, il devait nous écrire, mais on n’a toujours rien reçu de lui. Mais comme il nous aime, on va patienter. Après tout, attendre fait partie des qualités d’un vrai ami. Et Khanh nous a assez dit et répété qu’on était des amis et qu’on s’aimait...

Une autre fois, nous allions au Musée des Vestiges de la guerre du Viêtnam. C’est un super musée avec des photos exceptionnelles sur la guerre. Mais c’est cruel et le musée est résolumment anti-américain. Et quand on en sort, on se dit vraiment que les Américains ont joué aux bouchers pendant la guerre, avec leurs gaz et leurs soldats barbares. Bref, un moment très intense. Mais bref, en allant au musée, nous nous sommes arrêtés dans un petit restaurant juste à côté. Il faisait très chaud et une pause était nécessaire. Aussi, nous entrons dans le restaurant ombragé et demandons un menu à une fille qui travaillait là (quand on écrit qu’on « demande » un menu, ça signifie encore une fois qu’on mîme d’ouvrir un menu, qu’on dit d’une manière très articulée « MEEUUUUUUNIIOUUUUUU »... Là, le menu est bien arrivé, mais des fois, ça peut être autre chose auquel on ne s’attend pas...). Nous le consultons, mais comme il est en vietnamien et que notre vietnamien n’est pas encore très excellent, notre face a sans doute grimacé. Et là, quatre gars à une table voisine nous font de grands signes, nous proposent de nous joindre à leur table. Nous hésitons une seconde et nous asseyons avec eux. Sur les quatre, deux ne parlaient pas, un marmonnait un peu l’anglais (mais avait déjà pas mal bu...) et un dernier se débrouillait (mais lui aussi il avait un peu bu alors des fois, il se répétait beaucoup... et comme il connaissait une quinzaine de mots, radoter quinze mots, des fois, c’est long). Le service étant long et surtout plein d’ingrédients indisponibles, nous avons eu des vermicelles et la suite tardait. Nos nouveaux amis (on s’est immédiatement tous appelés « Friends ». La prochaine fois, on tentera un « Best Friends of the World ») nous ont donc offert les plats de bouffe restants, copieusement garnis, puis ont voulu trinquer avec nous. Nous avons donc trinqué à la bière avec eux (on a porté un toast à l’amitié, au Nouvel An chinois, à la chanson Power of Love de Céline Dion, au Canada, à l’amitié, à Céline Dion et après tout le monde trinquait dans tous les sens, alors bon, on a sans doute trinqué au Nouvel album chinois de Céline Dion...) Et quand on trinque, il faut boire le plus de bière possible d’un coup, c’est la tradition. Après les photos, on a échangé nos courriels et nos noms (parmi eux, nous avons retenu Lê Trong Thu, qui nous a donné sa carte d’affaires). Quand notre interlocuteur principal a su qu’on allait au musée, il nous a dit qu’il allait nous y mener. En effet, c’était sur son chemin. Quel chemin ? Celui de son travail ! Nos joyeux lurons ivres allaient retourner dans leurs bureaux quelques minutes plus tard. Et, comme nous étions devenus des amis, ils nous ont promis de nous écrire (on attend encore).

Quand l’heure est arrivée de partir, notre principal ami a décidé de nous inviter. Oui ! Il nous a offert les jus, les vermicelles, les viandes arrivées par la suite et la bière. Sur la route, il a continué de nous parler (répétant qu’il nous aimait beaucoup) et ces confidences nous ont poussé à aller un peu plus loin dans notre relation. Peu à peu, il s’est rapproché de nous et, en pleine rue, nous a pris la main ! Nous marchions tous les trois dans la rue en nous disant combien on s’aimait et en promettant de se revoir soit au Canada soit ici, dans sa famille. Finalement, quand on a été rendus au musée et qu’il a fallu se dire adieu, on s’est faits la bise (deux fois valent mieux qu’une), tapotés la joue et notre ami est reparti au travail (sans doute chamboulé par cette belle rencontre, il a oublié de nous écrire... il était pourtant sincère quand il a dit qu’il allait le faire...).

On s’est aussi fait des amis à Chau Doc, dans le Mékong. Des amis qui ont vraiment trippé sur nous. Ça a commencé quand nous allions souper dans une petite cantine. On commande deux jus de canne à sucre, mais finalement, manger des têtes de poissons marinées ne nous tentant pas, on essaie d’annuler notre commande. La serveuse ne saisit pas ce qu’on dit, mais avec du temps et surtout le sourire, on parvient toujours à se faire comprendre. Et soudain, un vieux monsieur arrive en motobike et commence à nous parler en vietnamien et sort des billets de banque de sa poche. On n’a aucune idée de ce qu’il veut nous dire (sans doute nous indiquer le prix). Eh bien nan, il nous offre les jus. On a eu le temps de s’échanger plein de « Cam on » (« Merci »), et il est reparti sur son deux roues.
Ensuite, on cherche à manger pour pas cher et près de la place principale, on s’arrête devant une dame qui vendait des petites brochettes de porc et de boeuf, avec plein de légumes et des vermicelles (car le coin du delta du Mékong produit des tonnes de vermicelles). Soudainement, une moto s’arrête derrière nous. Dessus, un Vietnamien et une femme avec leur enfant. Lui nous demande, en anglais, si on a besoin d’aide. On répond que tout va bien, merci. Puis il nous conseille tel plat et tel plat, et les commande pour nous, en vietnamien, à la dame. Nous le remercions, on se fait de grands coucous de la main et on part s’asseoir sur nos chaises taille poupée (les chaises en plastique, dehors, sont minuscules, comme les tables. Y manger relève parfois de la prouesse tant cela nécessite de la souplesse). À côté de nous, arrivent quatre Vietnamiens. Ils se mettent à dévisager Guillaume. Les yeux rivés sur lui, ils le contemplent, béatement... Finalement, on se retourne vers eux, et on les salue, leur souhaitant une bonne nouvelle année chinoise. Et eux continuent à le fixer... Un des gars assis à côté de nous n’en pouvant plus, il se met à pointer Guillaume et à lui mimer : « Tu as un superbe nez ! »... Oui, le même compliment que disait Panoramix à Cléopâtre ! Et les quatre ont hôché de la tête rigolant à pleines dents ! Eh beh... C’est un compliment plutôt inusité ! Pendant tout le repas, ils ont continué à fixer le nez, en mangeant et riant (mais jamais en se moquant). À un moment, Guillaume a mimé de s’enlever le nez et de l’offrir au principal intéressé, mais ce dernier a refusé. Et quand ils sont partis, on s’est tous salués à grands coups de « Cam on ! Bye Bye ! ».
Histoire de digérer un peu et de nous remettre de nos émotions, nous sommes allés sur la place principale de Chau Doc pour profiter de la relative fraîcheur. Sur la place, plein de gamins qui jouent ensemble, de jeunes qui jouent au badminton ou à un jeu qui ressemble au haki avec une balle ressemblant à un moineau de badminton plus long et plus lourd. Ils tapent dedans avec leurs pieds en se désarticulant dans tous les sens, c’est assez incroyable. Bref, une grosse activité sociale qui donne à la ville un côté vraiment agréable. Et soudainement, un gars arrive vers Julie et... lui tend un petit bouquet de fleurs ! Venu de nulle part, il repart aussitôt et revient pour lui en réoffrir sans dire un mot. Une troisième fois, il répète sa manoeuvre. Puis il disparaît... au bras de sa maman. Le petit gars de six ou sept ans est reparti chez lui pour se coucher car il commençait à se faire tard. Et Julie est repartie avec ses fleurs (cueillies sur la place centrale, en fait, mais il ne faut pas le dire) sans connaître le nom de son prétendant.
Des rencontres, on en fait quotidiennement. Dire que les gens sont gentils est insuffisant. Ils sont curieux, chaleureux, généreux et semblent vraiment heureux. Et à beaucoup d’endroits, on entend les enfants nous gratifier d'un honnête et chaleureux « Helloooooo ! », sous le sourire radieux de leur maman. C'est vraiment extra !
Autre qualité, ils sont débrouillards. Au Vietnam, rien n’est impossible. Avec un motobike, on a vu des gens transporter leur famille (cinq ou six sur la moto), des frigos lourds et hauts, des caisses pleines de fleurs, des poulets, des montagnes de ballons gonflés. On peut tout avoir, au Vietnam. Et si ce n’est pas sur leur moto qu’ils transportent leurs affaires, c’est sur des bateau. Nous sommes allés aux marchés flottants de Cai Rang et de Phong Dien, un matin, avec notre groupe, aux aurores. Sur notre bateau, nous avons croisé des centaines de vendeurs de fruits (fruits du dragon, oranges, bananes, durians, etc.), de légumes (choux, tomates, salades), de fleurs multicolores ou de vêtements. Parmi toutes les embarcations, on en a vu des frêles, en bois, dont certaines coulaient (leur propriétaire enlevait l’eau avec une casserole), d’autres au moteur qui avaient dû connaître l’oncle Hô. Mais malgré ça, ça grouillait d’activité. D’autant plus que c’était le dernier marché avant la fête du Têt, le Nouvel An chinois, alors les gens venaient faire leurs provisions. C’est fantastique !






Lors de cette excursion de trois jours dans le delta du Mékong, nous avons commencé avec la visite de temples bouddhiques vers My Tho. Un Bouddha gigantesque et tout blanc au milieu d’un temple du début du XIXe siècle nous attendait. Bouddha semble vraiment gros et heureux (quelle bedaine avec ses seins tombants !). Puis nous sommes partis en direction du Mékong pour faire du bateau.



Nous avons visité les îles du Dragon, de la Tortue, de la Licorne et du Phénix (toutes au large de My Tho). Elles sont sans grand intérêt (à part que nous avons fait la connaissance de Stefan et Suzanna, deux Allemands au Vietnam pour trois semaines. Vraiment sympas et rigolos !). On a quand même pu faire un tour en bateau traditionnel. Une dame ramait debout. Nous étions à l’avant, à quatre avec notre chapeau cônique (normalement juste porté par les filles, mais bon, les touristes aiment tellement ce chapeau qu’il est porté par n’importe qui) et nous avons rejoint une des îles pour visiter une fabrique de bonbons faits à partir de noix de coco. C’est super bon ! On a vu toutes les étapes pour fabriquer les bonbons et y avons goûté, c’était cool. Ensuite, on a eu droit à de la musique folklorique (un gars et une fille chantaient une chanson d’amour. Mais avec leurs voix nasillardes, surtout celle du gars, on avait très envie de rire !) tout en goûtant des fruits et en buvant du thé.




Une autre fois, on a pu visiter une fabrique de vermicelle, mais sans pouvoir goûter. Ça se fabrique super vite et au bout de la chaîne (artisanale), un gars attendait avec son vélo pour repartir avec des sacs pleins de vermicelles, à livrer en ville. Quelle efficacité ! Plus tard, dans les environs de Chau Doc, on a gravi les centaines de marches d’une pagode adossée au Mont Sam. La vue de là-haut est superbe sur les rizières environnantes. On voit même la frontière cambodgienne. Il faisait une canicule écrasante alors on n’est pas restés super longtemps, mais on a pu admirer la couleur vert vif des rizières. C’était tout simplement magnifique ! Toujours dans le coin de Chau Doc, nous sommes allés dans un village où vivent des Chams, des musulmans. Bon, le village n’a aucun intérêt et la mosquée est bien triste, mais pour se rendre à ce village, on a dû y aller en bateau, en traversant des villages flottants. Et comme nous y sommes allés tôt le matin, on a vu les gens dans les maisons s’activer. C’était vraiment beau.










Autre anecdote de notre séjour dans le Mékong, la visite d’une usine de crocodiles. Vers Can Tho, des milliers de crocodiles sont rassemblés dans des enclos ouverts. On les élève pour se servir de leur peau et de leur viande, selon le guide. Il y avait donc un enclos pour les bébés crocodiles, d’autres pour les moyens, d’autres pour les énormes, etc. Et, avec eux, vivent... des poussins ! Oui, des poussins tout petits et mignons, tout jaunes. On demande au guide ce qu’ils font là et il marmonne un truc que personne ne comprend. Les poussins nagent dans les mêmes bassins que ceux des crocodiles, mais ces derniers sont tellement nourris qu’ils ne s’attardent même pas à regarder les poussins. Ils dorment et c’est tout. Bon. On continue et soudain, on entend un vacarme dans un des enclos. On file voir ce qu’il se passe. Un des gars qui travaille dans l’usine jetait de pleines poignées de poussins dans le bassin des bébés crocodiles qui se ruaient sur eux. Les poussins étaient croqués, blessés, mais n’allaient pas s’en sortir vivants. Le gars a jeté des centaines de poussins aux crocodiles et nous, on regardait le carnage sans trop y croire. À la fin, il y avait plein de corps de poussins qui flottaient à la surface.




Et Ho Chi Minh-Ville, dans tout ça ? Nous l’avons vue trois jours. Nous étions à l’hôtel Ha Vy, dans le quartier Routard. Pas cher, 200 000 dongs la nuit, et vraiment propre ! (Au Vietnam, nous sommes millionnaires. Quand on sait qu’un dollar américain équivaut à 20 000 dongs, on est tous des millionnaires en puissance, ici.) La ville est hyper active, ça bouge dans tous les sens. On s’est baladés une journée sur les Champs-Élysées locaux (on se demande le pourquoi de la comparaison. OK, il y a trois magasins chics, mais bon), et on a vu ce que voient les touristes (dont la cathédrale Notre-Dame que nous avons visitée. À l’intérieur, se trouvent des plaques de dévotion pour Saint-Antoine... Certaines ont de succulentes fautes d’orthographe...). Mais hormis ça, on a vu des marchés de fleurs (sublimes ! Les Vietnamiens sont les rois de la décoration florale !), des marchés de poissons, et des librairies... qui vendent des livres photocopiés ! On cherchait un guide pour le Japon et dans une boutique, on est tombés sur des piles de guides qui sont photocopiés de A à Z ! On a aussi remarqué la mode féminine vietnamienne. Eh bien on dirait que les femmes s’habillent en pyjama la journée (chose vérifiée dans le Mékong) : des pyjamas à motifs, colorés, parfois même sexy (avec un peu de dentelle en haut). Elles marchent comme ça. On ne sait pas si, quand elles se couchent, elles en changent, mais en se levant, elles le mettent.










Ce soir, nous partons pour Dalat en bus de nuit, dans les Hauts-Plateaux, où la température est nettement plus fraîche qu’ici. Ouf, ça va nous faire du bien !

PS. Pour se rendre au Vietnam, nous avons besoin d’un visa. Que ce soit Julie (Canada) ou Guillaume (France), avant d’entrer, nous devons présenter le papier qui coûte environ 70 euros. Et on ne peut pas arriver sans et en faire la demande sur place, comme c’est le cas pour le Laos ou le Cambodge. Sur un forum, nous avons trouvé un moyen plus économique pour rentrer légalement à Hô Chi Minh-Ville. Le site Internet Aca-voyage.com permet aux voyageurs d’obtenir une lettre d’invitation à remettre aux douaniers une fois au Vietnam. Cette lettre coûte 15 $ US pour une lettre et 12 $ US par lettre si on fait une demande groupée (deux ou plus). En une semaine (cinq jours ouvrables), nous avons reçu la lettre par courriel que nous avons ensuite imprimée avec le formulaire à remplir. Une fois au Vietnam, on donne la lettre aux douaniers, une photo d’identité et 25 $ US par personne (pour un visa simple entrée ; pour un multi-entrées, c’est guère plus cher) et ils vous délivrent un visa. C’est très simple, beaucoup plus rapide et bien moins cher que la procédure habituelle. Une fois à l’aéroport, il suffit de se présenter au comptoir Visa on arrival avec les documents, les photos, l’argent et son passeport et en moins de trente minutes le visa est délivré.

mardi 25 janvier 2011

Singapour : toujours plus...

Singapour, c'est un pays, c'est une ville et ce sont aussi beaucoup (et surtout) de magasins et de galeries commerciales.
En passant la douane depuis la Malaisie (nous avons finalement pris le bus depuis Malacca et n'avons pas fait de halte à Johor Bahru comme nous le pensions), nous avions en tête nos lectures de blogs et de guides de voyage. Nous nous attendions à une ville totalement aseptisée, aux trottoirs en marbre peuplés de gens marchant tels des automates (comme dans Le Show Truman ou Pleasantville). Nous nous imaginions des panneaux d'interdiction pour tout à tous les carrefours (oui, il y en a, mais bon, pas tant que ça). Singapour devait être une ville super moderne, où le passé a disparu avec l'apparition d'Internet et des technologies modernes. Une ville-État où les gens avalent des pillules bleues pour l'entrée et vertes pour le dessert. Bref, une île isolée dans un espace-temps juste à elle...


Eh bien... pas trop, en fait. Singapour n'a rien d'une ville javelisée même si la période pré-XXIe siècle n'est pas toujours évidente à débusquer. Mais bon, ce ne sont que nos impressions à la suite de notre court séjour de 2 jours (séjour qui s'avère suffisant si on n'a pas une fortune à claquer en Dior et en Chanel. Ce qui est notre cas. Mais on a quand même aperçu des Routards, sac sur le dos, faire la queue pour le check-in à l'hôtel Marina Sands Bay, dont aucune chambre se monnaie à moins de... beaucoup, beaucoup, beaucoup. Selon un sondage mené par l'office de tourisme du pays, la durée de séjour moyen est de deux ou trois jours).
À la fin janvier, nous sommes de nouveau en période basse, et nous n'avons eu aucun problème à trouver un hôtel pas cher en centre-ville. Nous étions au Backpacker Cozy Corner, dans le quartier colonial, où, pour 45 $ singapouriens ($sg), nous avions une chambre avec clim' et sans fenêtre, donc... sans moustiques (mais il paraît que de toutes façons, la ville passe du produit pour les tuer, alors les risques étaient moindres, mais au moins, dans notre bunker, nos traces de piqûres ont disparu !). En bas de notre hôtel, se trouvaient plein de petites cantines chinoises vraiment bon marché (à moins de 4 $). Un autre mythe singapourien qui disparaît : on peut vraiment rester ici sans se ruiner (chaque journée nous coûtait aussi peu que 50 $sg chacun !). Maintenant, en route pour la visite.
Nous avons commencé par visiter les alentours de notre lieu d'hébergement. Sous la canicule. Car ici, la chaleur est vraiment caniculaire, plus qu'en Malaisie, a-t-on trouvé. Peut-être que le fait de se retrouver dans une ville entre des tours super hautes empêche l'air de passer, mais reste que les centres commerciaux que nous avons visités nous ont apporté l'air frais tant recherché. Les centres commerciaux, parlons-en.
Tout d'abord, tout ce que nous avions dit à propos de Kuala Lumpur, s'applique ici aussi. On a cependant aperçu une patinoire (tout comme aux Galeries de la Capitale à Québec, mais en version ultra), en plus, dans le complexe commercial de l'hôtel Marina Sands Bay (il faut absolument visiter son centre commercial, aussi démesuré que l'est l'hôtel de 55 étages composé de trois tours dont la forme ressemble à la lettre grecque π,et qui dispose d'une piscine grande comme plusiseurs terrains de football tout en haut), un piano mécanique qui jouait pour les clients, des shows pour les enfants, des fontaines artistiques... Bref, c'est aussi hot que les galeries de Kuala Lumpur, mais un peu plus démesuré, puisque Singapour est, par définition, "toujours plus" que les autres. Et comme c'est plus, il y a plus de monde que partout ailleurs. Aux carrefours, les gens qui veulent traverser, à la sortie des marchés et complexes (le magasinage étant le sport favori de la région), doivent attendre plusieurs fois le bonhomme vert pour passer de l'autre bord (mais on en a vu passer au rouge, même si c'est interdit... on l'a fait aussi, du coup.



Mais pour être plus hot que les autres, il y a un prix à payer : celui des chantiers de construction, omniprésents, et Singapour est, par endroit, un méga-supra-giga-chantier, avec grues gigantesques, camions titanesques et des Indiens qui travaillent même le dimanche soir ! Y circuler ressemble parfois à marcher dans un labyrinthe.


Quand on sort des centres commerciaux ultra-chics de Singapour, on se retrouve obligatoirement entre des tours. Des tours, il y en a partout ! Certaines sont en verre bleu, d'autres en béton gris ou marron, d'autres encore aux formes étranges, jouxtent d'autres gratte-ciel aux formes encore plus originales. Quand ce ne sont plus les tours à bureaux, ce sont les édifices publics qui prennent des allures originales, comme l'Esplanade Theatres on the Bay, dont la bâtisse principale rappelle celle d'un durian ouvert, ce fruit qui sent tellement mauvais mais qui est si typique de l'Asie du sud-est. Ce concours architectural (d'urbanisme débridé) vaut un bon torticoli. Mais rassurez-vous, aucun bâtiment ne peut dépasser 277 mètres de hauteur, afin qu'aucun avion n'ait d'accident. Au niveau des extravagances, il y a aussi la Grande Roue. L'"Astronomique Roue", plutôt, qui culmine à 165 mètres de haut et qui détient ainsi le record mondial. Vu de haut, c'est vertigineux, et vu de bas, ça l'est tout autant. En plus, lors de sa construction, il y a eu une polémique assez inusitée quant à son sens. Elle tournait dans le sens inverse des aiguilles d'une montre (ce qui emportait les bonnes énergies en dehors de la ville). Ce n'était donc pas assez Feng Shui ! Par la suite, le sens de rotation a été corrigé pour satisfaire tout le monde. On a aussi fait le détour jusqu'au Merlion, un gros lion (emblême de Singapour) qui crache de l'eau puissamment dans la baie de Singapour. Et juste à côté, passé le Cavenagh Bridge, on est tombés sur des statues d'enfants se poussant dans l'eau... Elles sont réalistes à s'en méprandre. Et par cette chaleur, sauter dans l'eau nous aurait bien dit. On aurait sans doute été verbalisés. Le quartier des affaires est aussi un quartier 100 % touriste... pour nous, quoi.



















Mais n'oublions pas que Singapour est une ville asiatique. Elle a beaucoup de points communs avec la Malaisie pour ce qui est de sa population (mais contrairement à sa voisine, les gens semblent avoir oublié le sourire et la curiosité des autres). On trouve ainsi un Chinatown aux temples multicolores (le temple Thian Hock Keng, par exemple) et dont l'odeur d'encens qui en sort est très présente (disons-le carrément, "trop" présente... Singapour est la ville too-much, non ?). Les marchés chinois mêlés aux couleurs rouge et or de Noël avait des tons de Christmas à l'occidentale, l'odeur de durian en plus. Au lieu des sapins de Noël, c'étaient des bambous décorés de guirlandes, qu'on a pu voir. Ah oui, preuve qu'on est bien en Asie, les Chinois continuent à se racler bruyamment le fond de la gorge et à cracher sur le sol en public... Arghhh !


Il y a aussi un quartier indien (Little India), un peu loin de notre hôtel (alors on n'a pas pu déguster de naan, cette fois-ci), rempli de temples aux sculptures kitschs (comme le temple Sri Veermakaliammam). Dans un des temples, nous avons eu la chance d'assister à une cérémonie avec musique, processions et rituels en tout genre. On ne sait pas trop à quoi ça consistait, mais c'était animé et plutôt jovial. Si Indiens, Chinois et Malais semblaient vivre conjointement et harmonieusement en Malaisie, ici, on s'est rendus compte que les Indiens représentaient la population du bas de l'échelle. Leur quartier nous a paru sale, et ce sont eux qui travaillaient sur les chantiers le soir et qui, à ce qu'on a compris, héritent des travaux que les autres ne veulent pas faire.


Le quartier musulman, aussi, vaut le détour (le coin d'Arabic Street). La Sultan Mosque nous a retenus longtemps, puisque, alors que nous la visitions, nous avons fait la connaissance de Jason Wilson, un États-Uniens qui vit à Singapour, qui est guide dans la mosquée depuis qu'il est passé de protestant à musulman. Maintenant, il s'appelle Ibrahim. Il nous a présenté la mosquée et a pu répondre aux mille et une questions que nous avions sur sa religion. Un gars super intéressant, hyper ouvert, curieux et rigolo (il connaissait Trois-Rivière dont il nous a conté une anecdote hilarante).



Pour repartir de Singapour, nous avons pris l'avion, direction Hô-Chi-Minh Ville. L'aéroport ultramoderne de Singapour se rejoint en métro. Pas cher et super rapide. Et un dernier record, et non des moindres : les escalators du métro sont, selon nous, les plus rapides que nous ayons vus à date ! Nous vous avons gardé les meilleures photos pour la fin. Voilà de quoi conclure sur le gigantisme qui caractérise tant la ville.