dimanche 13 mars 2011

Tous en choeur

À Kyoto, on est tombés sur un hôtel fabuleux. Il s'appelle le Khaosan Guesthouse. On paie à peine plus cher qu'à Tokyo et c'est chauffé. Mais ce n'est pas tout ! L'auberge est neuve et super bien entretenue (mais les Japonais ne semblent pas connaître autre chose, c'est contre leurs principes). On a des vrais lits et on doit enlever nos souliers et mettre des petits chaussons quand on arrive dans le couloir des chambres. Les salles de bain sont géniales avec encore des toilettes intelligentes (et on doit mettre des petits chaussons juste pour quand on veut y aller. Dans notre hôtel d'Osaka, il y avait même un panneau qui nous expliquait à quoi servait chacun des boutons du boîtier de commande) et des douches chaudes avec un vrai jet. Il y a une salle commune avec tout ce dont on peut rêver : une grande et belle cuisine équipée, une grande table pour manger, un coin repos avec des ordinateurs et Internet gratuits, une télé avec un DVD et une console WII. Bref, quel confort, on adore. Espérons qu'il va rester en encore longtemps dans l'état qu'il est présentement. Voila, c'était le quart d'heure "Guide de voyage". Maintenant, passons au principal, nos visites de Kyoto et d'Osaka.




Une des choses qu'on a préférées lors de notre visite des temples de Kyoto, ce sont les rencontres. En visitant le Kiyomizu Temple, on est passés par des ruelles très animées et, comme toujours, très bien entretenues. C'étaient plein de magasins, de petits restaus tous plus coquets les uns que les autres. Au détour de notre progression dans la rue, on a croisé des jeunes filles en habits traditionnels (kimonos très colorés avec des motifs floraux et souvent une fleur dans les cheveux). Elles se baladaient en groupe de filles, toutes habillées ainsi, ou au bras d'un homme, vêtu lui aussi d'un kimono. Toutes ces filles étaient très élégantes et on mourait d'envie de les photographier mais aussi de savoir pour quelle raison elles portaient ces vêtements : simple coquetterie ou événement particulier ?

Nous nous sommes dirigés vers un couple, vers la fin de la visite d'un temple. Lui mesurait 10 fois sa taille à elle, mais, protégée par sa peluche de Titi, elle semblait en sécurité. Nous les arrêtons et, par chance, la fille parle anglais. Nous lui demandons pourquoi elle et son ami sont habillés ainsi. Elle nous répond que c'est par choix, nullement pour souligner un événement en particulier (et non, ils ne vont pas se marier). Nous continuons à papoter avec eux (surtout elle, car lui n'a pas ouvert la bouche une seule fois) et elle ajoute que ces kimonos sont souvent portés par les touristes asiatiques (de Chine et de Corée en particulier) lors de leur visite au Japon. Pour se faire plaisir, car ça leur plaît, juste ça. On a un peu de mal à imaginer un Espagnol visitant Paris une baguette sous le bras et un bérêt vissé sur la tête ou un Américain venant au Québec vêtu d'une ceinture fléchée, d'une pipe, de raquettes en bois avec un chapeau de renard, mais bon... Et quand on lui demande d'où ils viennent, elle nous répond : "Hong Kong"... OK, on a des touristes en face de nous. Pas grave, ils sont mignons, on les photographie, on pose avec eux, ils nous photographient et tout le monde s'en va le sourire aux lèvres avec de nouveaux amis-pas-de-nom.

Et des amis-pas-de-nom, on s'en est faits bien d'autres. Ça avait commencé avec un couple de jeunes gothiques-métalloïdes. On les a croisés lors de la visite du Kiyomizu Temple. On les suit et, une fois qu'ils ont terminé de prier, on leur demande si on peut les photographier. En japonais, ils nous répondent un truc du genre : "Pas de problème, man !", et prennent automatiquement la pose 100 % Official Japanese Style : les doigts en forme de V en faisant une mimique qui est chaque fois juste la leur (un sourire de côté, la langue tirée, une grimace, etc.). Clic-Clac !, on les prend en photo et Julie les rejoint sur le stage pour immortaliser ce moment. Nos gothiques sont impassibles (normal, c'est des gothiques, ils n'allaient pas rire !), mais ils aiment ça car... une fois qu'on a fini la photo avec notre caméra, la fille se rue sur Guillaume pour qu'il prenne la même photo avec sa caméra à elle. Une fois que tout le monde a son cliché, on repart de nos côtés, heureux encore une fois (mais les gothiques ne le montrent pas, ça ne ferait pas assez gothique, sinon...).

Et ce n'est pas fini. À peine 10 minutes plus tard, alors que nous regardons un groupe d'écoliers se faire photographier, nous nous faisons interpeller par un groupe de 7 filles japonaises. Elles nous voient et nous proposent de nous prendre en photo. Parfait, on aura une photo de tous les deux avec le temple en arrière-plan. Les filles sont super excitées et, tout en hurlant et riant, elles nous demandent de les prendre ensemble. Allright !, Clic-Clac !, c'est dans la boîte. On se dit que ce serait hot d'avoir une photo avec elles. Guillaume se précipite vers un groupe d'écolières qui visitent le temple avec leurs professeurs. Il demande en anglais que l'une d'entre elles le suive. Le hic, c'est que les filles en le voyant arriver en courant prennent peur et font toutes quelques pas en arrière. Et elles se mettent à émettre des sons démontrant leur panique. Elles ne comprennent évidemment rien à l'anglais, et l'arrivée un peu barbare de ce Blanc barbu les effraie plus que tout. Finalement, une des accompagnatrices accepte. Elle suit Guillaume jusqu'au petit groupe qui a pris place sur les marches qui font face à l'entrée d'un des temples. Et, voyant que la photographe est là, les 7 filles se précipitent vers elle, hystériques, et déposent chacune leur appareil photos à ses pieds. Peu importe que le groupe d'écolières appelle l'accompagnatrice pour lui signaler la reprise de la visite. Alors elle a pris des photos avec chacune des caméras (avec peu de talent artistique, il est vrai) et notre groupe des 7 a pris la pose officielle, hilare, caquettant. Quand toutes les photos ont été prises, chacun est reparti de son bord, heureux de s'être fait de nouveaux amis-pas-de-nom.


Le groupe d'écoliers qui se faisaient photographier et qui nous a fuis
quand on leur a demandé de nous prendre en photo.
Quelques minutes plus tard, lors de la visite du Ginkakuji Temple, nous tombons sur un groupe de trois dames qui visitent le temple. Elles se prennent en photo devant celui-ci (avec un appareil jetable... ça existe encore, ça ?). Nous leur proposons de les photographier toutes les trois ensemble. Elles acceptent... uniquement si Julie pose avec elle. Julie se joint à ce groupe de l'âge d'or nippon. Ensuite, nous prendrons des photos de Julie, une amie-pas-de-nom et Guillaume, puis une photo des amies avec Guillaume, etc. On a fait toutes les combinaisons, et nos nouvelles amies avaient l'air aux anges, et les doigts en V. Nous aussi, on se fait des amis de tous les âges et de tous les styles à Kyoto.


Ah oui, les temples en tant que tels ! Bon, Kyoto, c'est un peu le Luang Prabang japonais. On y va vraiment pour les temples. La nouvelle partie de la ville ne nous a pas enchantés, mais l'ancienne partie nous a enchantés par son authenticité. C'est une grosse ville qui ne possède pas le dynamisme de Tokyo, sa folie, sa tension et sa passion, mais elle est beaucoup plus décontracte que sa grande soeur. On y trouve des ruelles typiques du Japon... mais ce n'est pas Tokyo.



Mais les temples sont beaux, conservés parfaitement et leur environnement vaut souvent plus le coup que le temple, le shrine ou le château en lui-même. Ce fut par exemple le cas quand on a visité le Nijo-jo Castle. C'est un château du XVIIe siècle aux airs de citadelle de Hué, c'est-à-dire que le château est entouré de fortifications hautes, qui donnent au tout un côté carré imprenable. Contrairement à beaucoup de visites que nous avons faites, là, nous avons pu visiter l'intérieur. Souvent, on doit se limiter à voir l'extérieur. Donc on a visité l'intérieur qui est... d'une austérité déprimante. En effet, on suit un chemin prédéfini qui nous mène du bureau du shogun (le seigneur local) à sa salle de réception, à sa chambre, à la cuisine, etc. Parfois, on voit des personnages en cire taille réelle qui nous montrent comment ils étaient habillés et comment ils se tenaient pour les réunions. Mais sinon, rien. Ou alors des panneaux peints, au fond des salles, mais comme il n'y a pas d'éclairage, l'ensemble a un côté maladif. En outre, on aurait aimé voir les ustensiles de cuisine, les bibliothèques, les poêles à bois ou les cheminées, etc., mais il n'y a rien. Et comme on y était un jour gris, on est sortis vite faits. Car c'est dehors qu'est le vrai spectacle.


Sous une fine neige tombante, on a pu voir des cerisiers et des pruniers en fleurs. Avec quelques couleurs, du blanc au rouge en passant par le rose, on a pu admirer les jardins du palais et ça, c'est vraiment super beau. Dans un mois, ce sera encore plus coloré, mais ce qu'on a vu nous a vraiment charmés.



À part ça, on a commencé avec le Kinkaju-ji (le Golden Pavilion). C'est le plus photographié des temples. On ne le visite pas, on lui tourne autour. Mais une fois qu'on l'a vu, qu'on l'a pris en photo, on peut partir, car les jardins sont plutôt petits et la plupart des chemins qu'on voulait emprunter pour visiter étaient fermés. Alors on est partis...



Au Ryoan-ji, on y va pour le parterre zen. C'est comme une petite plage de roches blanches, ratissées à la perfection. C'est un endroit très serein et c'est le clou de la visite.




On a continué avec le Kiyominzu. C'est là qu'on a rencontré tous nos amis-hystériques-pas-de-nom. Il y a une belle vue sur Kyoto, mais y aller quand les arbres sont en fleurs, ce doit être génial. Il y a plusieurs petits bâtiments à voir, charmants par leur authenticité. On a compensé les cerisiers par les rencontres colorées que l'on a faites ce jour-là. En repartant du temple, on a croisé une geisha. Une vraie, maquillée tout en blanc jusqu'au dos, en habits traditionnels. On n'a pas eu le temps de la photographier, elle marchait très vite dans la rue et le temps qu'on la voie, elle avait déjà filé.







Puis on a été voir le Ginkakuji. On y va surtout pour l'environnement du temple, pour le lac, la mousse sur le sol, les arbustes. Bref, le jardin parfaitement maîtrisé.





Au Honen-in, un temple perdu que l'on peut visiter en faisant la balade dit du "Chemin de la Philosophie", il y a une belle porte qui accueille les visiteurs et le toit est tout de bois et de mousse. Sinon, il est parfait pour prendre de belles lovely-pictures sur le petit pont de pierre qui traverse un petit ruisseau plein de carpes aux bouches quémandeuses.



En continuant, on a visité le Otoyo Shrine. C'est plein de petites statues de rats et de chiens en taille géante et... c'est pas mal tout.


Enfin, on est allés au Fushimi-onari. Ça vaut le coup pour les torii rouges (des portiques en bois) qui recouvrent le chemin. C'est super beau. Mais le top, c'est de faire la promenade de 4 kilomètres qui mène en haut d'une montagne boisée. On monte des marches, on en redescend, mais on est tout le temps sous les fameux torii. Chacun d'entre eux est gravé de lettres noires qui remercient les donateurs. On a une superbe vue de la ville, une fois en haut, et quand on redescend, on est content d'avoir franchi 2240 marches !






C'est physique de prier au Japon, mais ça vaut vraiment le détour. Les Japonais ont vraiment la foi et rien ne peut venir les interrompre quand ils vont prier. Pas même leur grosse valise ! Oui, on en a croisé qui montaient les marches en portant un énorme bagage. Euh...

Outre les châteaux, temples et shrines, à Kyoto, on voulait absolument visiter le Kyoto International Manga Museum. Le problème, c'est qu'on pensait que ce serait différent de ce qu'on a vu. Dans la bâtisse, sont rangés et classés plus de 300 000 mangas de toutes les époques. C'est le point fort de ce musée (les Japonais en sont fous. On a fait des librairies où il y en a pour tous les goûts : mangas pour adultes (avec tous les choix d'orientation sexuelle), spécialisés en action, en romance, etc.). Nous, on pensait que ce serait plus un genre de musée de Madame Tussauds, avec des statues de cire de nos héros de télévision, des figurines, des histoires sur leur origine, etc. Mais là, ce n'étaient que des livres, ou presque. On en a feuilleté quelques-uns (des Olive et Tom du début des années 1980, des GuGu Ganmo de 1982, des Ken, Survivant de l'enfer, des Nicky Larson, etc. (mais en japonais, donc avec des noms différents. "Larson", c'est pas particulièrement asiatique comme nom, mais pourtant, les aventures se passent au Japon). Il y a même une section avec des mangas en français, en espagnol, en allemand, en anglais, etc., mais le choix est moindre. Et surtout, on ne connaissait pas 99 % des héros des mangas disponibles.




On a ensuite assisté à un atelier théâtral qui nous a expliqué, de façon pré-maternelle, les origines des mangas et en particulier la naissance de Kamishibai (en image plus bas), le premier super-héros japonais, au début des années 1930. C'était (un peu) intéressant et le présentateur parlait (un peu) anglais. Bref, on a (un peu) aimé, surtout car il y avait un jeu, comme un quiz, pour juger de nos connaissances en matières de mangas. À chaque bonne réponse, on avait une récompense. On était une dizaine dans la salle, et avec nos deux bonnes réponses, on a gagné une bague en plastique rouge et un autocollant de Dragon Ball !


Question bouffe, Kyoto n'a rien à envier à Tokyo. On a goûté à tous plein de plats super bons, à de bonnes soupes, à des raviolis exquis à souhait (des gyozas), à des beignets de pomme de terre succulent, à des bâtonnets de poulpe vraiment savoureux (mais bonjour l'haleine après). Bon, très souvent, ça sent un peu trop les algues à notre goût. Ils en mettent dans quasiment toutes les soupes, qu'elles soient aux poissons ou aux fruits de mer (normal, après tout), mais aussi à la viande (algues et poulet ne font pas bon ménage dans nos estomacs occidentaux). Et dans ce cas, ça a du mal à passer. Les habitants de Kyoto sont aussi très gourmands. Ainsi, on a goûté à des petits gâteaux remplis de pâtes de fève noire qui sont vraiment originaux. Dans un centre commercial près de chez nous on est allés voir comment le chef préparait son gâteau et c'est génial. Tout est fait à la main, derrière une vitre et chacun peut le regarder faire.




Un truc qu'on a remarqué à Kyoto, ce sont les chauffeurs de taxi. Wow, quelle classe. Ils ressemblent tous à Nestor, le domestique du Capitaine Haddock dans Tintin. Ils conduisent avec des gants blancs et parfois avec une casquette de capitaine et paraissent fiers à bord de leur auto noire. Celle-ci est décorée de napperons en dentelle blanche immaculée à l'intérieur, et on a remarqué que les portes arrières s'ouvrent et se referment mécaniquement. Pas la peine d'y toucher quand on monte ou qu'on en sort (et c'est sans doute pendant qu'on était en train de prendre la photo de Nestor que la terre a tremblé). Mais tout ce luxe se paie et prendre le taxi au Japon est une histoire de riche. Seules les Castafiores peuvent se l'offrir. Alors on prend le bus et ça aussi c'est tout un numéro (on serait bien montés dans les petites voitures toute plates, mais on ne connaît personne, alors c'est manqué).


D'abord, l'intérieur : à Kyoto, on s'assoit sur des bancs en velour rouge vin.

Ensuite, le chauffeur : en plus d'une voix annonçant à quelle station on arrive et ce qu'on peut y faire (on l'a compris car la voix enregistrée parle en japonais et en anglais), le chauffeur parle parfois quand les gens descendent. Il a un micro devant sa bouche (et parfois devant son foulard anti-microbes) et grogne autant de "arigatô gozaimas" ("merci beaucoup") qu'il y a de clients qui descendent. Ça en devient comique, car tout le bus entend la répétition de remerciements. Mais ça c'est très japonais de remercier et de reremercier encore. Ils sont les champions du monde toute catégorie de la politesse, même si des fois c'est too much.
Un autre truc marrant à Kyoto, c'est aller en bus dans le quartier de Gion. En effet, quand on arrive à la station, le chauffeur de bus annonce la station, mais Gion, en japonais, ça se prononce un peu comme "Guillaume". Et il dit "gozaima" en plus (on ne sait pas trop pourquoi). Alors on dirait qu'on arrive à une station qui s'appelle "Guillaume d'Ozaïmas", personnage sans doute célèbre à Kyoto. Évidemment Guillaume s'est senti très flâté d'être cité ainsi.


Nous avons ensuite pris la direction d'Osaka, à 1 heure de train de banlieue de Kyoto. Même si nos visites nous amenèrent à de beaux châteaux (le Osaka Castle), temples ou shrines, à des jardins où les cerisiers et les pruniers fleuris sont légion (entre autre Plum Grove du château), au quartier coréen, à des grands magasins et à de gigantesques centres commerciaux, nous nous souviendrons longtemps d'Osaka pour les rencontres que nous avons faites. On a pris le métro quelques fois pour aller d'une place à l'autre et à Osaka, les wagons du métro ont tous des banquettes en velours bleu très élégant. La classe totale...








Les rencontres ont commencé par hasard, dans la rue, quand nous avons fait la connaissance d'un groupe de jeunes filles habillées traditionnellement. On les a regardées puis on est allés les voir pour leur demander si on pouvait les photographier. Pose officielle direct, avec le V, bien sûr. Les filles sont toutes hystériques à l'idée d'être photographiées par des étrangers. Même manège qu'à Kyoto, c'est-à-dire que chacun photographie les autres et donc le shooting a duré assez longtemps.



Nous continuons notre balade et, rendus devant le Hilton, on voit plein de jeunes, filles et gars, super élégants, qui posent ensemble. On reprend quelques photos, certains n'hésitant pas venir nous demander d'être photographiés, et on se décide à rentrer dans l'hôtel. Là, c'est bondé de monde. On voit des filles en habits traditionnels avec des coiffures assez psychédéliques (rose ou rouge, en forme de coiffure à la Marge Simpson parfois), les gars sont élégants mais semblent aussi gothiques. Bref, c'est un curieux mélange qui sent la fête. On prend d'autres photos et on demande à une dame ce qui se passe. En fait, c'était leur cérémonie de graduation. Dans le hall de l'hôtel, alors qu'on commence à photographier un groupe, d'autres jeunes se mêlent à la photo et au fur et à mesure, le groupe devient énorme et on doit reculer pas mal pour être en mesure d'avoir tout le monde dans l'objectif. Mais que tout le monde était beau et prêt pour la fête.




Le lendemain, nous avons pu assouvir 2 rêves en une soirée. Nous sommes allés en face de notre hôtel pour essayer des sushis. Vu que c'est cher, on attendait d'avoir de bons conseils avant de goûter. C'est un jeune de notre hôtel qui nous a conseillés et on n'a pas regretté. C'était succulent et nous avons passé une soirée mémorable.

En effet, à côté de nous, dans le restaurant, se trouve un couple qui mange. Deux Japonais. Lui a des cheveux blancs (il a 62 ans) et elle est plus jeune (42 ans). On les trouve tout de suite sympathiques (ils n'arrêtent pas de rire et son rire à lui est tellement communicatif qu'on avait envie de plaisanter avec eux) et très vite, nous voyant manger et boire, ils nous adressent la parole. Comme sa femme, Rieko, parle un peu anglais (mais juste un peu...), ça facilite grandement la communication. De fil en aiguille, utilisant le langage des signes, les bruits guturaux et les rires, on discute avec eux. Ils nous offrent du saké. On en fait de même. On boit du saké froid, du chaud, du saké au poisson (en fait, c'est la queue du fugu, le fameux poisson connu pour provoquer de très graves intoxications quand il est mal préparé), puis un cocktail japonais à base de saké (du sho-chu). Ils nous montrent des photos. Lui, Tadakazu, a une collection de Ferrari et quand il nous donne sa carte de visite, on se rend compte qu'il est le président du Ferrari Club of Japan. Le chef se mêle à nous et nous offre des sushis aux oeufs de saumon (fabuleux !). Plus tard, ce sont des anonymes qui nous offrent des sushis spéciaux pour le dessert. Extraordinaires rencontres.



Peu de temps après, le frère de Tadakazu et un de ses amis débarquent dans le restau. Dès qu'on voit le frère, on se dit qu'il a vraiment une tête de mafiosi (Tadakazu l'a présenté comme le Godfather... Blague ou pas ?). Son ami aussi, du reste. Mais même saouls tous les deux, ils sont pleins de respect à notre égard et tout le monde se salue, se complimente à l'infini. C'est vraiment génial. On prend des photos, on s'offre du saké. Bref, la fête bat son plein. Rieko saisit alors son téléphone et appelle sa soeur qui est à Tokyo. Elle lui parle, puis elle nous tend le cellulaire. Et on se met à parler en anglais avec la Tokyoïte qu'on n'a jamais vue et qu'on ne rencontrera sans doute jamais (des amies-pas-nom, on s'en fait même au téléphone, au Japon). On parle de tout et de rien, on se remercie. Bref, le savoir-vivre japonais.

Les 2 mafieux quittent peu après le restau, et un autre gars nous rejoint. C'est Toshi. Avec ses cheveux gris et ses lunettes, il est hyper sympathique, et nous bavardons un peu avec lui en se souhaitant régulièrement "Kampaï !" ("Santé !"). Des tournées de saké, il y en a eu beaucoup. Mais à 23 heures, le restau ferme et nous devons nous éclipser... Mais avant de se dire au revoir, nous leur proposons un... karaoké ! Nous le ferons ce karaoké au Japon. C'était écrit.
Ni une ni deux, nous filons tous (Tadakazu et son épouse Rieko ainsi que Toshi) dans un karaoké au coin de la rue. Nous montons dans une loge juste pour nous. Rieko se saisit de la console pour choisir les chansons et c'est parti. Tous en choeur ! Nous avons sorti nos plus grands classiques ("YMCA" des Village People, "Go West" version Pet Shop Boys puis version japonaise illisible, "I Will Survive" de Gloria Gayner, "Hot Stuff" de Donna Summer, une toune de Justin Bieber sans la connaître (mais bon, chanter du Justin, c'est hot et dynamique, il paraît !), "Bad Romance" de Lady Gaga, "Drive My Car" des Beatles, "The Power of Love" de Celine Dion, "The Final Countdown" de Europe). Bref, on a sorti la grosse artillerie. Eux ont répliqué avec "Georgia" de Ray Charles puis des classiques de la chanson japonaise. Il y avait des décibels dans notre pièce. On chantait un peu tous sur les chansons des autres sans trop savoir ce qu'on disait et on n'entendait plus vraiment la musique. Régulièrement, quelqu'un venait nous porter des breuvages rafraîchissants sorte de ginger ale. C'était extraordinaire, comme dans un rêve. On s'est tellement amusés.




C'est notre ami Toshi dans un moment de pure folie nippone.

Avec Tadakazu lors d'un duo inoubliable.
Vers 2 heures, bien ronds, on est tous sortis de là pour un au revoir à la nippone, en se saluant. En compagnie de Toshi, nous avons rejoint notre hôtel. Lui ne vit pas loin alors on a prolongé la balade et on l'a raccompagné jusque chez lui. Et en cours de route, il nous invite à souper chez lui le lendemain, veille de notre départ. Bien sûr qu'on est d'accord. Rendez-vous est pris pour 19 heures le dimanche, chez lui et sa femme. Car Toshi est marié. On le sait car à 2 heures, en arrivant chez lui, n'ayant pas les clés (ou ne sachant plus où il les a rangées), il sonne. Il est 2 heures ! Et sa femme ouvre la porte. Manifestement, elle n'était pas couchée, elle devait l'attendre. Elle nous salue et il l'informe alors, en japonais, que le lendemain, on est leurs invités. Ça n'a pas semblé la déranger, elle a souri et il est rentré chez eux, complètement saoul. Et nous aussi du coup en avalant quelques litres d'eau avant de dormir histoire de mieux cuver.
Dimanche, nous sommes donc sortis magasiner un petit cadeau pour nos hôtes. On a trouvé une belle plante pour la femme de Toshi. Et en allant au magasin, on croise... Toshi, dans son auto. Il baisse la vitre et nous fait de grands signes. On confirme l'heure du souper puis il sort de l'auto et vient nous demander si on aime le poisson, si on apprécie un type de soupe, si on aime la viande, etc. Bref, ça sent le bon repas pour le soir. Tellement gentils les Japonais.
Nous sommes arrivés chez Toshi et son épouse, Kayo, à 18 heures 55 (la ponctualité est de mise au Japon et on se doit d'arriver un brin en avance, même). Nous avons été accueillis par nos hôtes en bonne et dûe forme. Nous avons remis à Kayo un camélia rose et elle sembla être ravie. Lui travaille chez Toyota et elle est prof de piano. Et sa pédagogie est fabuleuse : elle apprend des génériques de mangas à ses jeunes étudiants (Pokémon entre autres et on a pu parler de GuGu Ganmo et de Capitain Tsubasa, Olive et Tom en français car ils ont 2 enfants, qui ont quitté la maison maintenant, qui regardaient les dessins-animés étant petits). Puis nous sommes passés au salon où Toshi nous a servi de la bière pendant que son épouse nous apportait une pleine assiette de fèves vertes salées (edamame en japonais) que nous mangions, les fesses posées sur un coussin sur le tatami. Délicieux. Mais eux ne touchaient à rien. Elle était à la cuisine et lui nous faisait la conversation en buvant sa bière.
Puis nous sommes passés à table où un repas traditionnel japonais nous a été servi. Traditionnel et copieux ! Avec de la bière, du saké et du thé, nous avons mangé une sorte de fondue (nabe sha-bu sha-bu) : dans un jus bouillant parfumé aux algues, nous trempions du porc, du boeuf, de la salade, du chou, et autres légumes. Le repas a duré 3 bonnes heures, sans malaise, chacun interrogeant l'autre sur sa culture. On a appris plein de choses sur la vie privée de ces Japonais au style de vie très traditionnel (ils ont chacun leur étage dans la maison, comment ils ont été présentés par leurs parents, leurs enfants, leurs voyages et leurs impressions de l'Amérique, leur vie au quotidien, le travail). C'est lui qui parlait, sa femme étant plus réservée, et s'occupant vraiment de la cuisine. On a essayé de la faire parler, mais ce n'était pas évident. Puis nous sommes repassés à la cuisine pour le déssert et la cérémonie du thé. On a bu un thé vert très bon (macha) accompagné d'un petit gâteau aux marrons. Et alors Toshi a profité de ce moment pour offrir de jolis sous-verres en forme de kimono rouge à Julie.
Enfin, ce fut la période des photos. Toshi a apporté son gros trépied pour que nous puissons poser notre appareil photos dessus et être tous sur la photo. On a pris la pose "traditionnelle" (mais pas les doigts en V, ce n'était pas le genre de la maison), ce qui donne un côté austère à la photo, mais qui ne reflète absolument pas la soirée. Chacun a posé son appareil photos sur le trépied. Quand arriva la tour de mettre celui de nos hôtes, Toshi mit sa caméra sur le pied et vint se poser près de nous. Il nous avertit que ça filmait, et donc il a dit : "Hello, I'm Toshi", Guillaume a suivi par un non moins senti : "Hello, I'm Guillaume", puis Julie a sorti son plus beau "Hello, I'm Julie", ce à quoi Kayo a répliqué par un timide "Hello, I'm Kayo". Ensuite, on a fait coucou à la caméra, on a dit "Welcome to Canada", et Toshi a éteint la caméra pour la mettre en mode photo (mais comme le retardataire photo ne fonctionnait pas, il n'a pas pu en prendre, alors on lui envoie les nôtres par courriel. Car oui, on s'est échangés nos coordonnées courriel pour s'écrire. Des gens comme eux, on n'en rencontre pas tous les jours).
Enfin, Toshi nous a fait comprendre que la soirée était terminée : "Tomorrow, you fly. You must prepare your luggage, I think". Message reçu. On a repris nos manteaux, on s'est salués plein de fois et tout le temps que nous étions dans leur rue, en partant, ils nous regardaient et nous saluaient. Franchement, ce fut une expérience unique !

Pour finir, quelques mots sur le tremblement de terre et sur le tsunami. Nous étions à Kyoto quelques jours avant et il y avait déjà eu quelques secousses, imperceptibles pour nous. Le 11 mars, jour du gros tremblement de terre, nous étions à Osaka. Nous n'avons rien senti (nous étions en train de photographier notre Nestor japonais à ce moment), mais dehors, on a aperçu un groupe de gens. Ils étaient descendus de leur bureau et étaient dans la rue. L'un d'entre eux est venu nous voir pour nous demander si on avait senti quelque chose. C'est lui qui nous a informés. On a parlé avec lui (il était passablement sous le choc) puis on est partis. C'est sur Internet et à la télé qu'on s'est rendus compte du désastre. Les présentateurs du journal portaient des casques sur leur tête craignant des répliques. Depuis, chaque jour, les événements (les répliques du tremblement de terre, le tsunami, le nombre de victimes, les centrales nucléaires qui ont des fuites, etc.) font la une des journaux et chacun ne parle que de ça. Quand on a parlé à la soeur de Rieko au téléphone, il fut question de ça, s'il y avait des dégâts, etc. Chez Toshi et Kayo, la télé était branchée sur une chaîne d'actualité qui ne parlait que de ce désastre. Même si on pense avoir ressenti des petites répliques la nuit, on va super bien.

Bref, on quitte le Japon en étant tristes de ce qui s'y passe. Mais on a adoré ce pays. Les rencontres qu'on y a faites furent fabuleuses. Les gens, froids en façade, sont en réalité super curieux, chaleureux et ne demandent qu'à nous parler et à nous connaître. Le Japon, c'est un pays emballant !