vendredi 30 juillet 2010

Aventures sur les bords du lac Titicaca

Après Cuzco la trop touristique, notre arrivée à Puno, sur les bords du lac Titicaca, nous a semblé un vrai bonheur d´authenticité. Mais pour commencer, un petit aparté sur la musique dans les transports en commun et dans la vie de tous les jours...

Nous avons pris de nombreux bus de nuit, des colectivos et des taxis, et la musique y est omniprésente. Mais la musique, au Pérou, c´est la musique qui vient du "corazon", qui parle de l´"amor" de la "cariño", qui évoque la difficulté d´être "tan lejos de ti" sans quoi "no sé que siñifica vivir"... Au bout de deux heures, on maîtrise le vocabulaire sentimental et on trouve la déclaration d´amour de Roméo à Juliette bien fade... De nombreuses radios se sont lancées dans le créneau du romantisme, mais quand on est hot, on écoute... Radio Ritmo Romántica - Tu Radio de Baladas. C´est le must pour qui veut connaître les derniers morceaux à la mode, pour qui veut se préparer au karaoké ou pour qui souhaite rédiger sa déclaration d´amour. Nous nous sommes même surpris, parfois, à fredonner un morceau qui passait pour la quatrième fois en une heure... Ce qui nous a le plus étonné, c´est le supra-romantisme des Péruviens dans la musique. Un romantisme démesuré, vu que 99% des chansons que nous avons entendues dans la rue, dans les restaurants, à la TV comprenait au moins un de ces mots ou une de ces expressions (mais géneralement tous dans la même phrase) : "corazon", "amor", "sin ti", "¿solo como vivir?"... Bref, un clic sur le site de Radio Ritmo Romántica, et vous vivrez au rythme musical de notre voyage...
Au premier coup d´oeil, nous avons beaucoup aimé Puno. Une ville plus petite que Cuzco, située à 3800 mètres d´altitude, sur les bords du mythique lac Titicaca. Le tourisme y est moins développé, et on y parle espagnol mais aussi quetchua et d´autres langues pré-espagnoles. On est loin de l´anglais, langue officielle de Cuzco. La ville en tant que telle, n´a rien d´ancestral à offrir, mais elle est simple et reposante. Alors ça nous a fait du bien après la course de la semaine dernière, entre le Machu Picchu et la vallée sacrée des Incas.
Notre premier souhait, ici, était d´aller visiter les îles du lac. Trois d´entre elles sont visitables facilement : Uros, Amantani et Taquile. Et, clou de la visite, on peut dormir chez une famille à Amantani, dans des conditions, selon les guides, mémorables ! En outre, nous avions vu un reportage de Bruno Blanchet sur les îles artificielles d´Uros puis à Amantani (avec les familles), qui nous avait donné envie. Alors on s´est dits qu´on y allait... Nous avons donc réservé 2 billets pour 2 jours sur les îles du lac. Mais, comme nous ne partions que 2 jours plus tard, nous avons décidé d´aller faire un tour sur la lagune de Sillustani, à une heure de Puno.
Sillustani, c´est la pampa, comme dans un film de Sergio Leone... De très vastes étendues plates d´herbes rases et crâmées par le soleil, des lamas et quelques vaches et moutons, des maisons en terre et une vaste lagune. Le tout, sous un soleil bleu azur, c´est fabuleux. Ça a des allures d´Irlande et notre guide, le flamboyant Léo nous en a offert la balade. Visite de ruines incas, de tombes ancestrales, et Léo qui nous contait passionnément l´histoire de ses ancêtres quetchuas et de ses rites. La visite nous obligeait à monter en haut d´une colline perdue au milieu d´une plaine silencieuse. D´un bord, la pampa, et de l´autre la lagune et ses îles surprenantes. Quand nous sommes arrivés au bord de cette lagune, nous en avons été pour un autre "¡Hola cinco!" tant nous étions séduits par ce paysage. Près de trois heures de marche et le soleil a commencé à se coucher. Et quand le soleil se couche, il fait très vite froid ! Nous avons donc continué, vêtus de nos tuques, écharpe et mitaines et Léo nous a emmené visiter une famille qui produisait, comme tant dans le coin, une des 300 variétés de patates péruviennes, du fromage et de l´artisanat "lamanesque" (vêtements en alpaca, poupées en laine de lamas, etc.). Et donc, nous avons revu des lamas de toutes les couleurs et de tous les âges, que nous avons pu manipuler à notre guise. Sillustani nous mettait donc en appétit pour le lendemain...



Dimanche 25 juillet au matin, un bus est venu nous chercher à notre hôtel. Direction le port de Puno et notre premier contact physique avec le lac Titicaca. Nous sommes une quinzaine de touristes à tenter l´aventure de l´immersion insulaire. Et notre guide, pour ces 2 jours n´est autre que... Léo ! "¡Hola cinco!". Notre bateau nous emmène tout d´abord pour les îles artificielles d´Uros. Articifielles, car elles sont construites depuis des siècles par leurs habitants. Ils les font grâce à un savant montage de tourbe, de roseaux et de cordes, qui permet à cet assemblage de flotter et de supporter 3 ou 4 familles dessus. Les îles mesurent près de 60 mètres de long sur une vingtaine de large, et les familles y vivent. Un coin du lac Titicaca, au large de Puno, est occupé par ces nombreuses îles. Léo nous explique leur origine, nous montre comment l´artisanat local s´est développé et nous présente certains de ses habitants. Chacune a un chef, et les îles ont un "alcalde", un maire. Il y a une école publique, une privée, un dispensaire médical... et tout pour satisfaire la curiosité des touristes. Car oui, les îles d´Uros subsistent grâce aux touristes. Elles bénéficient d´un statut fiscal particulier, puisqu´elles ne paient pas d´impôts... mais en échange, le gouvernement ne paie rien pour eux. Et comme elles ont besoin de sous, ce sont les touristes qui sont là pour garnir les portefeuilles. Ainsi, en échange d´une petite propina de quelques soles, une famille nous fait visiter sa minuscule maison de bambou, nous explique comment elle y vit, et nous incite à lui acheter un souvenir. Ensuite, le tour de bâteau, en bambou, "offert" par le village s´avère finalement payant... Les îles flottantes sont surprenantes, mais très touristiques (le flot de touristes ne cesse jamais !)... Oups, ça prenait des allures détestables, mais nous quittons vite pour 3 heures de bâteau en direction d´Amantani, où notre famille d´accueil nous attend. Et là, le show peut commencer...
Peu avant midi, nous arrivons donc à Amantani. Nous débarquons et des femmes nous attendent. Ces "mamas", comme nous les présente Léo, sont nos hôtes. Elles sont toutes vêtues d´un habit traditionnel de l´île (foulard noir, haut multicolore, jupe foncée) et nous attendent. Tour à tour, Léo attribue une mama à des groupes de 2 à 3 touristes. Pour nous, ce sera Cynthia (ça ne fait pas très quetchua comme nom, mais bon, elle s´appelle comme ça... et sa mère, on a crû comprendre qu´elle s´appelait... Fabienne !). Léo nous a donné un papier sur lequel il a écrit quelques mots quetchuas que nous pourrons dire à nos familles. Nous bredouillons donc un "Allin Punchay" ("Bonjour") à Cynthia, puis "Nukaj sutiymin Julie y Guillaume" pour montrer que nous avons appris notre leçon de quetchua. Elle nous répond en espagnol... Ouf ! Donc nous parlerons espagnol avec elle.
Rendus devant chez elle, après l´ascension d´un chemin en cailloux, nous découvrons une petite cour en terre, avec quelques portes autour. À gauche, la cuisine où l´on mange aussi, à droite, les toilettes, sans eau, mais avec des toilettes (nous n´avons jamais compris pourquoi les toilettes avaient une chasse d´eau, vu qu´elle ne peut pas servir et que pour vider les toilettes, il faut vider un seau d´eau dans le trou... Quant à l´évier, l´eau ne coule jamais de son robinet... Clou du spectacle, il y avait aussi une douche... mais bon, inutile de compter sur l´eau froide, encore moins sur la chaude !) et en haut, notre chambre. Nous empruntons donc un escalier archi-raide en bois, qui ne tient que par un clou et qui branle à chacun de nos pas et qui donne sur quelques planches de bois qui font office de patio. La première porte à gauche, c´est notre porte. La porte fait... 1 m 50 de haut environ et nous risquons de nous y fracasser la tête à chaque passage. Nous déposons nos affaires sur un des trois lits simples (et qui sont l´unique composition de la chambre...) et redescendons dans la cuisine par l´escalier de la mort... En bas, nous entrons dans la cuisine (la porte fait aussi 1 m 50 de haut...). Celle-ci est une pièce en terre, au sol, avec une table, des bancs en bois recouverts de draps qui n´ont jamais été lavés. Deux petites fenêtres offrent de la lumière mais pour les ouvrir, il faut enlever ce qu´il y a devant : un tube de dentifrice (la brosse à den qui va avec est sous le banc, par terre, dans la terre...), une boîte de fer et d´autres objets non identifiés. Sur le sol, mange un agnelet domestiqué du nom de Pancho, et Fabienne est au fond de la pièce, s´activant à mettre des herbes sèches dans le foyer pour faire chauffer notre repas. Cynthia mange dans un autre coin de la cuisine, la tête plongée dans son bol de soupe. Comme nous l´avait indiqué le guide, nous remettons notre cadeau à notre famille d´accueil (un paquet de sucre, un autre de riz et un paquet de bonbons, au cas où il y aurait eu un enfant, mais c´est louppé, il n´y en a pas... Cynthia et sa maman pourront en profiter). Nous demandons si nous pouvons aider et Fabienne nous répond, mais en quechua. En fait, elle parle principalement cette langue, incompréhensible pour nous, malgré la feuille que nous a offerte Léo avec quelques mots et malgré notre bonne volonté. Sa fille se retourne et nous tend 2 assiettes et des ustensiles. Nous comprenons donc que nous mangerons seuls... Alors nous mettons la table et quelques minutes après, Cynthia nous sert une soupe au kinoa (nous connaissons bien, nous en mangeons très souvent dans les cantines des villes où nous séjournons). Nous commençons à manger le breuvage et c´est... vraiment très bon ! Nous invitons Fabienne à venir manger à notre table (elle mangeait la tête dans le foyer) et elle se joint à nous, mais les sujets de conversation sont peu nombreux, vu qu´elle parle à peine espagnol et que nos univers de vie sont au moins aux antipodes... Cynthia traduit et nous apprenons donc que Pancho boit du lait, que Cynthia va à l´école et que le mari est parti vivre à Lima avec une autre... Après la soupe, Cynthia nous sert une montagne de patates avec un morceau de fromage. Là encore c´est super bon, mais un peu sec (les patates sont cuites, mais ni salées et il n´y a pas de matière grasse...) Et en guise de dessert, nous auons droit à une tisane de muña, une sorte de menthe... Petit détail important que Léo nous avait donné : à Amantani, toutes les familles sont végétariennes. Pas de viande, pas de poisson... Pas de poisson alors que nous sommes sur une île... En fait, c´est une tradition, mais surtout le lac a tellement été pollué que beaucoup de poissons sont morts et qu´il a fallu importer des truites du Canada pour le repeupler !
Après ce bon repas, notre "mama" nous conduit au terrain de football de l´île. Il est environ 15 heures et nous devons faire l´ascension de la montagne Pachamama (4200 mètres, soit 200 mètres de dénivelé) pour assister au coucher de soleil. En attendant les autres membres de groupes et leurs mamas, je joue au foot avec 3 jeunes du village... Après avoir touché 4 fois le ballon, je décrète que la mi-temps est sifflée... Jouer si haut, c´est assez épuisant ! Une fois les autres arrivés, nous commençons notre ascension. Derrière nous, le lac, de plus en plus immense au fur et à mesure que nous montons. Derrière lui, nous percevons des sommets enneigés et la Bolivie. C´est splendide, mais rien comparé à ce qui nous attend.
Notre groupe se réduit au fur et à mesure que nous grimpons. Nos pauses se font de plus en plus nombreuses. Vers 17h30, nous arrivons au sommet. Devent et derrière nous, le lac, et des îles et des montagnes. Et le soleil, de plus en plus rouge. Au sommet de la montagne, la langue à terre, nous assistons, devant nous, au plus beau des couchers de soleil... et derrière nous, au plus beau des levers de pleine lune ! Une grosse lune, bien joufflue ! Nous ne savons où regarder... Le soleil se couche, orange puis rouge, puis disparaît et à la seconde de son coucher, il fait très froid ! Nous mettons notre panoplie andine et nous tournons vers la lune. Léo, qui nous a guidés, siffle la fin de la sortie et nous incite à vite redescendre, car il va vite faire nuit. Alors nous revenons sur nos pas, la lune en face de nous, une grosse lune qui se reflète dans le lac. Wow ! Quel spectacle ! Avec nos mains gantées, nous revoilà à faire un "¡Hola cinco!".


Notre mama nous attend en bas, au terrain de foot. Nous rentrons donc à la maison pour le souper. Il est 18h30 et selon Léo, à 19h, nous devons manger. Cynthia nous a demandé d´attendre dans notre chambre. Nous attendons. Et il fait très froid (car il n´y a pas de chauffage). Nous décidonc d´attendre sous les couvertures. À 19h, personne n´est venu nous chercher et nos kinoa et patates sont digérées depuis belle lurette... Nous trépignons, faisons du bruit pour être sûrs de ne pas être oubliés. En bas, dans la cuisine, aucun bruit !... Le temps est long surtout qu´à 20h, nous sommes attendus pour une grande fiesta organisée en notre honneur, avec habits traditionnels de rigueur. Et il est hors de question de louper cet événement !
Après une attente qui nous semble interminable, Cynthia vient nous chercher. Nous sommes transis de froid sous les couvertures, mais rassurés de ne pas avoir été oubliés... Dans la cuisine, nous mangeons tout emmitouflés, à la lueur d´un néon blafard au plafond. Fabienne nous a préparé une autre soupe, de patates, cette fois, avec du riz et des patates comme plat de résistance. Le dessert est le même qu´à midi, soit une tisane de menthe. Mais vu la température pôlaire, nous l´acceptons volontiers. Nous n´avons même pas le loisir d´inviter nos hôtes à notre table, ils ont quitté la cuisine... Nous quittons donc la table et Cynthia vient nous voir, dans la noirceur de la cour, pour nous donner nos vêtements de bal...
Dans notre chambre, elle couche sur le lit le pancho et la tuque typique andine (pour les hombres) et une jupe jaune, une autre rouge, une blouse avec des motifs et une ceinture multicolore (pour les señoras)... Une fois le tout mis, Cynthia nous escorte vers la salle des fêtes d´Amantani... Nous reprenons donc le chemin de dehors et il fait froid. Après 5 grosses minutes de marche, nous y voici... Les locaux sont là et les touristes ! Car le bal est fait pour les gringos. Un orchestre traditionnel nous attend pour jouer les airs les plus populaires du lac Titicaca (mais comme ils ne passent pas sur Radio Ritmo Romántica, on ne peut pas les fredonner...). Nous voici donc dans la salle. Toutes les mamas ont accompagné leurs hôtes et quand l´orchestre se met à jouer, c´est le délire total... Les mamas accourent vers leurs gringos pour commencer la danse... Le pas est très basique (pas plus de 2 temps, on balance les bras de gauche à droite, de droite à gauche, d´avant en arrière et d´arrière en avant, et on peut parfois varier la chorégraphie, en faisant tourner la partenaire...) et surtout très répétitif... Le dernier morceau a duré environ 15 minutes, et chaque fois que nous pensions que c´étaot fini, que le refrain entonnait la fin du morceau... ça recommençait ! En tout, le bal a duré 1h30. Ce fut épuisant pour les bras, et très frustrant. En effet, à chaque fois que Cynthia est venu danser soit avec moi (Guillaume) soit avec nous, elle ne nous a jamais regardés ! Pis encore, dès que le morceau s´achevait, elle filait ricaner avec ses amies mamas... Mais bon, au moins, cela nous aura réchauffé, nous aurons paradé en habits traditionnels, et dansé comme le faisaient les insulaires il y a déjà bien longtemps.



Après ces efforts, mama Cynthia nous ramena à la maison et nous fait un "Buenas noches" expéditif avant de diparaître dans ses quartiers. Nous remontons donc nos escaliers raides et, une fois dans la chambre, mettons notre pyjama le plus chaud, vu qu´il doit faire un bon 10 degrés dans la chambre. Heureusement qu´il y a 3 couches de couvertures.
Le lendemain, comme notre bateau quitte l´île vers 7h30, nous sommes conviés pour le desayuno vers les 7 heures. Nous nous attendons à manger une troisième soupe en autant de repas chez nos hôtes, mais Cynthia et sa mère nous ont préparé 2 grosses crêpes vraiment bonnes (avec la même tisane qu´aux deux repas précédents...). Nous ne pouvons leur parler vu que toutes les 2, une fois nos assiettes servies, ont quitté la maison pour ramasser des patates dans le jardin. Alors nous mangeons seuls puis allons nous laver dans les mini-toilettes, avec de l´eau glaciale. Sur les coups de 7h30, nous disons au revoir à Pancho et à Fabienne, puis Cynthia nous ramène au port. Notre groupe nous attend, avec la même aventure à raconter...
Pour nous, c´est sur cette épopée familiale que s´achève le Pérou. 4 semaines pleines de couleurs et de souvenirs. Maintenant, en route vers la Bolivie !

vendredi 23 juillet 2010

Le Machu Picchu, mieux que sur les cartes postales

En quittant Arequipa, Cuzco nous attendait, pleine de promesses. Une ville à l´architecture coloniale bien conservée avec ses rues étroites pavées de pierres inégales, ses toits en tuiles ocres qui s´étalent sous forme de cascades, ses dénivelés imposants, ses marches interminables, ses murs en pierres, ses arches, ses balcons en bois et le tout entouré de montagnes brunes à donner le vertige (3400 m d´altitude). Pourtant, Cuzco nous a semblé, malgré ce lieu enchanteur, artificielle et déshumanisée, gangrenée par le tourisme de masse. Il y a plus de touristes au mètre carré que d´habitants de la ville, les habitants que nous avons rencontrés ont perdu leur fraîcheur, leur gentillesse et leur humilité qui les caractérisent tant, selon les guides. Ils sont blasés et nous abordent directement en anglais et semblent impolis quand une réponse ne leur convient pas. La ville est très chère pour la qualité de ce qu´elle a à offrir. Les hôtels que nous avons vus sont mal entretenus à moins de payer un prix exhorbitant. De plus, parce qu´il y a autre chose de négatif à en dire, toutes les combines sont bonnes pour arnaquer le touriste, l´apâter en lui promettant mers et mondes même si ce dernier sera amèrement déçu après le service reçu. Tout est prétexte à être "Inca", sur place : le cocktail des Incas, les pâtes des Incas, l´hôtel des Incas, etc. Si les Incas sont la fierté des Péruviens, ils sont aussi devenus, malgré eux, un objet de tourisme, un label qui ne veut plus vraiment dire quelque chose tant il est utilisé à toutes les sauces. En quelques mots, disons que Cuzco est un passage obligé pour qui veut visiter le Machu Picchu, mais que n´y rester que 2 jours est bien suffisant.


Avant de se rendre au Machu Picchu, une autre étape s´impose, Aguas Calientes ! Si les habitants de Cuzco nous ont semblé ternes, déshumanisés, ce n´est rien en comparaison avec ceux d´Aguas Calientes. Ville qui a son charme par son evironnement préviligié : de hautes montagnes couvertes de verdures, village traversé par une rivière sinueuse nichée au sein d´une vallée ceinturée d´eaux chaudes et qui vit au rythme du passage du train. Par contre, son urbanisme fait peur : constructions démesurées, néons à profusion, et très rabatteur dans son approche. Rien qui ne laisse croire au pueblo tranquille perdu au milieu des montagnes. Les prix sont de trois à quatre fois ceux de Cuzco (les touristes se sentent immédiatement pris au piège, puisqu´aucune alternative n´existe) et ils ont tendance à augmenter selon la volonté des commerçants. Les prix augmentent à la tombée de la nuit et aucun prix n´est affiché dans les épiceries ou les dépanneurs, ce qui laisse le soin au commis de le modifier en toute quiétude. Si le premier épicier vous a semblé cher, ce n´est rien en comparaison au deuxième et au troisième ! Mais oui, il y a moyen de s´en sortir pour pas trop cher. Il suffit d´aller à l´épicier du coin et de tout acheter pour faire un sandwich à la condition de ne pas s´attarder à confectionner son sandwich en plein milieu de la rue. Pour donner un côté "authentique" que les touristes recherchent, dans chaque restaurant, débarque un groupe de mariachis en habits traditionnels, qui joue tour à tour les morceaux du folklore péruvien... et qui vous envoie pêtre si vous ne lui donnez pas une pièce après sa représentation...




Mais bon, nous allions à Cuzco et à Aguas Calientes pour le Machu Picchu. Et nous en avons eu pour nos "soles" car le site est absolument génial, démesurément beau... Quand on se retrouve en haut, à 2500 mètres, face au site, quand on voit, de nos yeux ce qu´on voit d´habitude sur les cartes postales, on est estomaqués. Et nous avons eu de la chance, car quand nous y sommes allés, nous n´avons vu aucun nuage. Juste le soleil qui tape fort, très fort, même. Les jours précédents, il avait fait maussade et même plu. Nous nous sommes donc levés à 4 heures du matin, afin d´être parmi les premiers à visiter le site. Les premiers bus quittent Aguas Calientes à 5h30 et arrivent au Machu Picchu un quart d´heure plus tard. Nous étions dans la ligne d´attente des bus à 4h45... et la file était déjà très, très longue. De notre chambre, nous avions vu des lumières, dehors : les lampes frontales de ceux qui montent la route menant au Machu Picchu à pied pour arriver avant tout le monde et avoir une des quatre cents places quotidiennes distribuées pour monter le Waynu Picchu, un autre site qui surplombent le Machu Picchu. Comme nous avons pris le bus, nous n´avons pu avoir ce billet, nous sommes arrivés trop tard. Mais qu´importe, le Machu Picchu vaut tous les réveils matinaux du monde...



Une fois les nombreuses files d´attente passées, nous étions sur le site. Avec Gayla et Jack, deux Canadiens rencontrés la veille, nous avons donc choisi de gravir la Puerta del sol. Une grosse heure de trek pour arriver au point le plus élevé du site. Pendant notre ascension, le soleil se levait. Quel spectacle ! Le contraste entre les ombres et la lumière dans les montagnes et sur le Machu... Et nous voyions le site du Machu Picchu de plus en plus petit à mesure que nous grimpons, mais c´est là qu´on est restés stupéfaits par l´environnement. Le Machu Picchu est entouré de jungle verte, et au loin, des monts enneigées et des sommets perdus parmi d´autres sommets. En tant que tel, le Machu Picchu est superbement conservé, mais c´est surtout le cadre géographique qui lui donne toute sa splendeur.







Durant notre montée vers la Puerta del sol, nous croisons de petits groupes de randonneurs qui descendent vers le Machu Picchu. Ce sont ceux qui ont fait l´Inka Trail, le chemin des Incas, menant de Cuzco au Machu Picchu. 3 ou 4 jours de randonnée, et des mollets bien fermes au final. On se salue tous à chaque fois et tout le monde a conscience que, devant soi, c´est le Machu Picchu qui se découvre. Une fois en haut, nous le contemplons et après une pause bien méritée, nous revenons sur nos pas pour visiter la ville (1800 personnes vivaient à cet endroit avant la conquête espagnole). Notre guide nous attend et nous fait visiter la ville pendant 2h30. On croise des lamas, des perroquets... et beaucoup de touristes. On visite donc des maisons, des temples, des amphithéâtres, des jardins. La visite est fascinante et le soleil de plomb, ce qui me (Julie) vaudra des coups de soleil à la hauteur de ce qu´offre le Machu Picchu. Nous terminons par 3 heures de visite libre (avec, entre autres, le petit pont des Incas, fait de rondins de bois, que l´on peut voir après une marche le long d´un précipice vertigineux) et chaque fois que nous regardons le Machu Picchu, nous nous disons que vraiment, c´est extraordinaire, et qu´on y est ! "¡Hola cinco!"*







Le lendemain, nous avons passé la journée à suivre les traces de la vallée sacrée des Incas (Pisac, Urubamba, Chinchero et Ollantayambo). Comme pour Cuzco, le tourisme a pris le dessus sur l´authenticité des sites. Le marché de Pisac se trouve là où les bus touristiques s´arrêtent, mais les ruines valent le coup si on parvient à se glisser entre les touristes. Quant aux ruines d´Ollantayambo, toutes en hauteur, elles aussi sont belles, et le panorama vaut le détour, mais les bus de touristes sont bien trop nombreux. Le Machu Picchu a réalisé que le tourisme pourrait nuire à la conservation de son site et a donc décidé de limiter le nombre de touristes qui viennent chaque jour. Les autres sites pourraient sans doute en faire de même.

Nous quittons donc la région de Cuzco avec les images du Machu Picchu en tête. Elles valent mieux que les déceptions de Cuzco et d´Aguas Calientes. Nous continuons notre route vers la Bolivie, en passant par Puno et le mythique lac Titicaca.

* Traduction libre d´un "High five" espagnol...

jeudi 15 juillet 2010

Comme de la barbe à papa...

On a enfin vu des tonnes de lamas ! Des "llamas", des "vicuñas", des "alpagas" et d´autres sortes. Des petites et des grands. Des sauvages et des domestiqués. Des déguisés et des traditionnels. Et c´est vraiment mignon ! Tous ceux qui passaient à côté d´eux voulaient une photo. Quitte à se faire cracher à la face comme le capitaine Haddock. On les a même touchés, histoire de voir à quoi ça ressemble et... la main s´enfonce dans une quantité de laine phénoménale, toute molle et un peu drue, et au final, ça donne la même sensation que de toucher de la barbe à papa. C´est étrange, mais les lamas sont vraiment des animaux fabuleux ! Notre guide nous a expliqué les différentes variétes de lamas existant en Amérique du Sud et nous sommes bons pour en voir d´autres en Bolivie, en Argentine et au Chili !

Au rayon des animaux, lors de notre passage au cañon de Colca, nous avons pu admirer les condors. On y allait un peu pour ça, et un guide nous avait avertis qu´il se pouvait qu´on n´en voie pas, vu que ce sont des oiseaux assez capricieux qui ne sortent pas s´il fait trop froid, par exemple. Et, justement, ce matin du jeudi 15 juillet, quand notre guide est venue nous chercher sur les coups de 6h30 le matin, il faisait très froid, au point que la route était glacée à certains endroits. Bref, nous espérions que le condor veuille bien sortir le bout de son bec. Le temps d´arriver en haut du cañon de Colca, de nous arrêter sur le bord de la route pour contempler l´étendue magistrale du cañon, sa profondeur et les couleurs, il était 8h30 et nous avions gagné quelques degrés. Et très vite, nous avons aperçu, dans le cañon, un, puis deux, puis trois, puis quatre, puis cinq, puis six condors ! Des femelles et des mâles, des petits et des adultes. Avec les jumelles, on a pu les suivre... Wow !

Pas un coup d´ailes pour voler ! Juste le vent chaud pour monter et suivre les courants pour se diriger. C´est vraiment impressionnant. Au bout d´une heure, nous sommes repartis, mais peu avant de monter dans le bus, les condors se sont mis à voler à quelques dizaines de mètres de nous, et on voyait leurs cerres, les plumes de leurs ailes bouger au contact de l´air. Tout une parade !
Le chemin menant au cañon de Colca est assez arride. C´est la pampa. Des rochers gris ou marron, quelques plantes broussailleuses et, évidemment, les lamas, qui sont de part et d´autre de la route menant à Colca.

Ils vont par petits troupeaux familiaux, mais ne semblent pas effrayés par les humains, alors on a pu s´arrêter de nombreuses fois pour les photographier. Bref, les quatre heures de route séparant Aréquipa et Colca offrent du désert aride, mais, peu à peu, on devine le cañon. On monte jusqu´à 4800 mètres sur une route en lacets, et rapidement, on regarde en bas et on se dit que c´est vraiment haut...

Le coeur doit être bien accroché. La preuve, un gars, dans notre bus, a fini le voyage malade, son sac à vômi à portée de main, la tête posée contre le siège d´en face, maugréant son malaise, incapable de bouger, sauf pour ouvrir la fenêtre à côté de lui. Il pensait sans doute humer le bon air aréquipien, mais il a plutôt eu droit à quelques bonnes bouffés de pot d´échappement des camions environnants. Le pauvre, en plus, avait déjà vécu le martyr... En marchant le long du cañon plus tôt dans la journée, il a accroché un cactus... Et un gros morceau de cette plante s´est défait et s´est plantée dans son mollet ! Il a appelé la guide à l´aide... Elle a tiré comme elle pouvait le morceau vert, faisant bien attention de ne pas casser les monstrueuses épines, et on aurait dit, vu le temps qu´elle a mis à la lui enlever, que cette boule s´était plantée super loin dans son mollet... Le gars a fait comme si tout allait, mais plus tard, dans le bus, avant d´être malade, il a avoué qu´il avait mal et que son mollet était engourdie... Tiens, un peu plus tard, on s´est arrêté pour goûter aux cactus. Une dame en vendait et les découpait et nous a proposé d´y goûter. La chair est verte comme celle du kiwi, mais certains sont super doux et d´autres amères comme des pamplemousses. Et surtout, ça semble bien se digérer.
À Colca, nous avons aussi profité des bains thermaux. L´eau qui coule de la cîme des montagnes aurait des propriétés bénéfiques pour tous les maux du corps ! Alors on est allés se plonger dans des bains à 35 degrés, le soir, après la promenade aux ruines d´Uyo Uyo. Les bains sont dehors et on y est arrivés vers 17h30, soit une heure avant la nuit. Et la nuit, il fait froid. Alors autant dans les bains, il faisait très chaud, autant, quand vînt le temps de sortir, il faisait très froid et sombre... Je ne sais pas si ces bains nous ont fait un quelconque bien, mais en tout cas, après le bain, on était dûs pour une marche de 45 minutes dans la nuit noire, vers notre hôtel. J´avais pris ma lampe frontale, alors j´ai joué le guide pour notre groupe. Il faisait certes froid, mais on a eu droit à une vue grandiose des étoiles ! Au retour à l´hôtel, quatre enfants nous ont interprété une danse, en habits traditionnels. Après la démonstration, ils ont choisi d´inviter certains spectateurs... dont nous ! Alors on s´est retrouvé dans la peau des Quetshuas durant quelques minutes. Et pour finir, on a demandé à porter leurs vêtements, histoire de se sentir encore plus dans leur peau. Le résultat est saisissant...

Depuis notre arrivée ici, l´espace-temps est totalement différent de ce qu´on connaît à Montréal. Il faut juste s´y faire. Par exemple, lors de la promenade aux ruines d´Uyo Uyo, on nous avait dit que la balade allait durer 3 heures environ... Ce qu´on ignorait, c´est que la balade comprenait l´ascension vers les ruines, la "visite" des ruines, le bain aux thermes, le retour des thermes vers l´hôtel, le tout au pas de course... Idem au McDo de Lima. On est au McDo, c´est-à-dire au fast food... Entre le moment où nous avons commandé et celui de la première bouché, on a dû attendre 20 bonnes minutes, sans que le personnel ne s´en étonne. Normal, c´est la norme... Le bus entre Caraz et Huaraz doit partir à 13 heures ? Pas de panique si à 13h30 il n´est toujours pas arrivé. C´est juste une acclimatation qui parfois tape sur les nerfs...
Aujourd´hui vendredi 16 juillet, c´est notre dernier jour à Aréquipa, ville toute blanche et humaine, comparée à Lima. Elle nous a semblé calme (même si le klaxon des autos est toujours l´instrument favori) et accueillante. Il y fait beau, et tout autour, on est entouré de montagnes, enneigées pour certaines. C´est pas mal touristique, mais c´est suffisamment grand pour qu´on puisse trouver des endroits encore fréquentés par des Aréquipiens. Certains quartiers sont en grand travaux pour rendre à la ville son côté ancestral. Les façades des maisons sont grattées afin d´en faire ressortir le blanc des murs, des pavés sont posés sur le sol pour faciliter la circulation. Et ces travaux demandent une main d´oeuvre hallucinante. Comme beaucoup de travaux du reste. Pour poser une pierre sur un mur ou pour goudronner un morceau de route, il faut un gars pour gratter, un pour balayer les résidus, un pour laver, un pour poser le ciment, un pour vérifier si tout va bien, un pour poser la pierre ou mettre le goudron, un pour s´assurer que le goudron ne dépasse pas de la zone travaillée, un pour aplatir le tout et un contremaître qui surveille. Bref, ça fait du monde qui travaille... Contrairement à Lima, on dirait qu´ici, l´entretien de la ville est une préoccupation primordiale, qui permet aussi qu´il y ait tant de touristes qui viennent.

Comme mémorable endroit, on retiendra la visite du covento de Santa Catalina, un couvent gigantesque ancien, encore partiellement utilisé. Le couvent est si grand que certaines allés portent des noms de villes espagnoles (Tolédo, Cordoba, Malaga, etc.). Les murs sont peints avec des couleurs ocres, et on visite les anciennes cellules des habitantes, leurs chapelles. C´est très impressionnant et surtout très boien conservés. La visite que nous avons faite a duré, et, la nuit tombée nous y étions encore. Pour que la visite ait lieu, des bougies étaient allumés le long du parcours et des feux allumés pour nous réchauffer, dans les cellules.

PS. On a constaté notre changement d´hémisphère aux toilettes. En effet, quand l´eau se vide, dans les toilettes ou dans le lavabo, elle tourne dans le sens inverse de ce qui se passe de l´autre côté du globe. La légende est donc vraie !

dimanche 11 juillet 2010

Coup d´éclat à Lima

Après avoir fait le plein de soleil, nous étions prêts à nous lancer dans l´aventure : à nous les lamas, les canyons et les nuits blanches frigorifiques.
Nous avons finalement réussi à voir des lamas en visitant le site archéologique de Chavín, mercredi. Le site en tant que tel ne mérite qu´on s´y épanche pour autant qu´on ait vu d´autres ruines (ceux qui sont allës voir les ruines de Chichen Itza ou Teotihuacan peuvent rester couchés !), mais juste pour les lamas cela vaut le coup. En se promenant sur le site, nous avons rencontré quatre lamas "sauvages", trois bruns et un blanc près de la rivière où une aire de restauration libre y est aménagée. Nous avons pu nous approcher et les prendre en photos. Nous avons même eu droit à un beau mâchage d´herbe traditionnel de la part de celui de qui nous étions proches. Ne manquait plus qu´à se faire cracher dessus, et nous nous retrouvions dans la peau du capitraine Haddock ! Un peu plus et Guillaume me disait que nous pouvions quitter le Pérou après les avoir vus !



Les 2 photos du dessus sont des vues de Chavín.

En quittant Chavín.

Outre les lamas, nous avons pu déjà jouir du confort des colectivos, ces mini-bus où on peut monter à... c´est là le problème, c´est que personne ne le sait, et on s´y retrouve à 15, pensant que c´est le maximum, jusqu´à ce qu´une famille de Péruviens avec des paquets plein les bras ne nous rejoignent. On est archi-comprimés les uns contre les autres, il y fait chaud, mais personne ne reste sur le bord de la route. Qui plus est, les gens sont petits, donc les bus vraiment pas hauts. Quand nous, nous sommes dedans, nous sommes courbés en deux, et c´est vraiment inconfortable. Le colectivo transporte autant les adultes et les enfants que les poules ou autres animaux dans des boîtes carton. L´avantage est que ça ne coûte vraiment pas cher et que c´est rapide (normal, le colectivo est muni de klaxons et de toutes sortes de sonneries visant à effrayer ceux se trouvant sur son passage...).
Au chapitre des transports en commun, nous devons vous raconter l´épisode qui nous est arrivé entre Lima et Arequipa, dans la nuit de samedi à dimanche. Les 1000 kilomètres séparant les 2 villes se font en principe en 14 ou 15 heures. Nous avons donc pris le bus hier à 17 heures à Lima (après une nuit de bus entre Caraz et Lima) pour nous rendre dans le sud du pays, à Arequipa. Un bus semi-cama, avec des sièges inclinables pour essayer de dormir quand le bus ne joue pas de musique ou de films où tout le monde crie. Là, ce n´est pas ce bruit qui nous a empêché de fermer les yeux, mais... une vitre du bus qui a explosé en pleine nuit ! En effet, vers 22h30, on a entendu une explosion de vitre sur le sol et il a commencé à faire froid. L´hôtesse de bord est montée à notre étage voir ce qui se passait et a alerté le chauffeur : une pierre lancée de l´extérieur a brisé une vitre située 4 ou 5 rangs derriére nos bancs ! Le bus a continué sa route, et nous à avoir de plus en plus froid ! Il s´est arrêté de nouveau quand il a croisé une voiture de police sur le bord de la route... histoire de faire le constat. Ce qu´a fait le policier... sans jamais sortir de son auto (bien trop froid dehors !) et sans jamais voir ni la pierre ni les débris de verre. Le trou a été calfeutré au village suivant avec du carton et du collant adhésif... qui s´est décollé partiellement dès que le bus est reparti. Mais comme tout le monde dormait sous 2 manteaux et 2 tuques, on a continué, les mains bien enfouies dans nos poches. C´était trés confortable, mais c´est ça d´être victime d´un attentat ! (en fait, on s´est rendu compte que ce n´était même pas notre bus qui était visé, à la base, mais une auto ou un bus roulant dans le sens inverse du nôtre, vu que la fenêtre brisée est celle du côté route et pas celle du bas-côté... quand on ne dort pas à cause du froid, dans le bus, au moins, on élabore des scénarios sur cet acte terroriste !!). Tout ceci a fait qu´au lieu de 14 heures de bus, on est arrivés 17 heures après notre départ !
Mais le séjour n´est pas que catastrophique. Revenons aux paysages et endroits sublimes que nous avons visités. Comme le canyon del pato (le canyon du canard, sans savoir pourquoi ça s´appelle ainsi...). Depuis Caraz, on nous annonçait une belle balade de 1 heure 30 environ, sur un chemin parcouru par quelques autos, et le tout dans un paysage de rêve. C´est vrai que c´était beau, majestueux, que ça donnait le tourni tellement c´était haut, que les couleurs étaient tantôt lunaires, tantôt plus chaudes, et que les quelques chutes d´eau rencontrés donnaient une idée de la hauteur du canyon nous entourant. Le hic, c´est que les 8 kilomètres de route sur lesquels nous avons randonné étaient faits de poussière de roche brune ultra-fine et que quand un camion, un bus, une auto ou une moto nous croisait, ne ralentissant pas (ici, ce mot n´existe pas, le piéton doit courir pour ne pas être écrasé !), nous étions perpetuellement recouverts d´une couche de poussière ! Et que dire des 35 tunnels que nous avons dû franchir, munis de notre lampe frontale pour être certains que les bolides nous voient et nous épargnent... (car sous les tunnels, pas de lampadaires !) Bref, après 4 heures de marche sous un soleil de plomb, nous sommes arrivës à Huallanca, où le Pepsi avalé nous a réconforté. La dame qui tenait l´endroit nous a posé mille et une questions sur d´où nous venions, ce que nous faisions, etc. et elle nous a permis de ne pas manquer le bus de retour pour Caraz ! Car rentrer à pied, non merci. Le soir, le bus de nuit pour Lima nous attendait.



Le canyon del pato.

La place centrale de Caraz.

Fait notable à Lima, où nous n´irons plus, normalement, nous avons eu tout le loisir de profiter de notre journée de samedi. En effet, nous y sommes arrivés à 5h30 du matin (en ayant dormi une heure dans le bus, gros max) et le soir, le bus pour Arequipa partait vers 17h. Nous avons donc laissé nos bagages à la gare routière et sommes partis en ville, après avoir fait un brin de toilettes à la gare routière vers 6 heures (et se laver à cet endroit, à cette heure, ça fait vraiment routard !). Pour changer du riz, du poulet et de la chicha morado, nous sommes allés manger au McDo de Lima  (le repas le plus cher que nous avons payé) ! Wow ! Miam ! Des pancakes et du café le matin. Et comme si ce n´était pas assez, le midi, gros hamburger et frites avec Coca ! Ça a fait du bien à nos estomacs éprouvés les jours passés par un début de touristas (surtout Guillaume... mais c´est fini !). L´après-midi, nous avons regardé le match Uruguay-Allemagne sur l´écran géant de la place centrale de Lima. Le clou du spectacle fut, à la mi-temps quand le présentateur vedette de Lima a demandé à la foule de faire du bruit et de bouger pour encourager l´Uruguay (car le Pérou, pas qualifié pour la coupe du monde encourage toutes les équipes d´Amérique du Sud) sous le regard des caméras qui diffusent ce qu´elles filment en direct sur le fameux grand écran... Et... Guillaume, qui agitait ses bras, a vu son bras sur l´écran ! Donc tout le Pérou l´a vu aussi ! Le match nous aura aussi permis de profiter du soleil ! Car oui, il y a eu du soleil à Lima ! Pendant le match ! À la fin du match, nous sommes donc repartis, la moitié du visage brûlée par le soleil andin, vu que nous n´avons pas bougé pendant la totalité de la rencontre et que le soleil tapait toujours à notre droite...
Après toutes ces aventures, nous nous posons quelques jours à Arequipa. Dans notre agenda, il y a juste une croix la semaine prochaine, quand nous devrons être à Cuzco pour visiter le Macchu Picchu. D´ici-là, nous souhaitons aller vister le canyon de Colca et laver nos jeans de la poussière du canyon del pato...
Depuis le toit de notre hôtel à Arequipa.