dimanche 22 mai 2011

Coups de cœur et coups de gueule

Voilà… Après près de neuf mois de voyage, nous sommes rentrés à Montréal. Retour à la réalité montréalaise. Il a fallu retrouver appartement et job, se remettre dans le bain et changer nos habitudes, réentendre parler français au quotidien. Et on a retrouvé nos amis ! C’est toute une rééducation à faire, qui est plus ou moins simple à faire, mais obligatoire pour se réintégrer facilement.
Ces neuf mois auront été vraiment fabuleux. L’occasion unique de découvrir des cultures aux antipodes des nôtres, de rencontrer d’autres voyageurs, de visiter des villes paradisiaques (ou pas…), de goûter à des saveurs inédites. Bref, de quoi faire le plein d’images et de se dire qu’il reste beaucoup d’endroits à visiter et que voyager, ça fait partie des essentiels de la vie. Petit topo sur nos impressions, nos coups de cœur ou de tête et un aperçu des étampes des pays visités qui se trouvent maintenant dans nos passeports.


De tous les pays rencontrés, quels furent tes trois coups de cœur ?
Julie : Nous ne devons qu’en nommer trois ? Alors, ce serait sans contredit l’Argentine, le Brésil et la Malaisie. L’Argentine pour la diversité des climats (4000 km du nord au sud), des paysages, des gens. Aussi, pour leur excellent bœuf, leur vin rouge et les desserts (attention au chocolat et au dulce de leche). J’ai bien aimé leur mode de vie avec la sieste en après-midi (même si cela a été difficile de s’y habituer au début puisque tout est fermé en après-midi) et les soupers tardifs. Et c’est sans parler de la fougue des Argentins, de leur façon passionnée de vivre à tue-tête.
J’ai adoré le Brésil pour son côté festif, la présence perpétuelle de la musique, son mode de vie plus lent et pour la sonorité de la langue qui elle aussi se parle en chantant. La culture m’a semblé imprégnée dans leurs habitudes de vie comme si chaque geste quotidien la mettait en valeur. J’ai eu l’impression que les habitants vivaient leur culture à chaque instant. La variété de la nourriture, de fruits disponibles, de viandes grillées et des déjeuners gastronomiques à n’en plus finir. La chaleur et la spontanéité de ceux qui nous comprenaient puisque le « portugnol » n’est pas parlé par tous. La beauté des paysages a su me charmer. Les côtes brésiliennes avec du sable blanc, avec du soleil et des eaux claires et propres a de quoi ravir particulièrement après deux mois au Pérou et en Bolivie. La luxuriance de la végétation est tout aussi invitante et donne envie de se promener dans les parcs et les réserves ou simplement sur les côtes au bord de l’eau.
En ce qui concerne la Malaisie, cela a été le coup de cœur surprise du voyage. Nous avions pensé l’enlever de notre itinéraire, quelle erreur cela aurait été ! J’ai été surprise par la propreté des lieux, la présence des femmes dans la société, mais par-dessus tout par la curiosité des gens. En plus, puisque la Malaisie est une ancienne colonie anglaise, les gens parlent très bien anglais contrairement au reste de l’Asie. Cela facilite grandement les échanges. Il y a aussi le multiculturalisme du pays qui donne un charme assuré avec l’architecture hétéroclite des différents lieux de culte, la nourriture variée qui en découle, les odeurs, les couleurs et surtout la musique propre à chaque culture qui nous envoûte et nous déplace dans un tout autre univers en l’espace d’un coin de rue.
Guillaume : J’y vais dans l’ordre chronologique. D’abord l’Argentine pour l’étendue de sa beauté et la classe de ses habitants. L’Argentine, c’est chaleureux, c’est beau et diversifié et ça se voyage super bien. On n’a jamais eu de problème avec les gens et, au contraire, ils se sont toujours montrés très hospitaliers. J’ai eu un coup de cœur pour Salta (la beauté de cette ville du nord et les salteñas aussi… miam miam… même si elles étaient meilleures en Bolivie à Tarija, mais on ne peut pas tout avoir) et un autre pour Bariloche. J’avais peur que cette ville soit vraiment trop touristique, mais pas du tout. Elle est perdue entre les montagnes et vraiment, elle est superbe. Deux choses l’ont rendue encore plus belle : Jacqueline, une de nos guides qui nous transmettait toute sa passion et son amour de sa région et… le chocolat ! Le chocolat, à Bariloche, c’est fabuloso !
Ensuite, la Nouvelle-Zélande. Que c’est facile de voyager dans ce pays. Le passe de bus facilite tout et l’accueil dans les Visitor Information Centres (i-Site) est toujours très professionnel. Un de mes gros coups de cœur en Nouvelle-Zélande fut le trek à National Park. On s’est levés avec le soleil et la balade a duré très longtemps, mais marcher sur le flanc des cratères, voir le sol fumer, les odeurs, le vent. J’en garde un souvenir extraordinaire. Sans doute le plus beau trek qu’on ait fait pendant ces neuf mois.
Enfin, la Malaisie. Surprise totale. Je ne m’attendais à rien du tout. Genre, « La Malaise, c’est où ? » Et en passant la frontière de la Thaïlande à la Malaisie, on voit tout de suite qu’on passe dans un autre univers. Comme quand on a été au Japon, mais pour le Japon, on se doutait de ce qu’on allait découvrir. Là, ce fut une surprise extraordinaire. Tout est impeccable. Poussiéreux comme l’Asie, ordonné comme Singapour et le Japon, mais multiculturel comme nulle part. Le mélange entre les Indiens, les Malais et les Chinois fait de ce pays une perle en Asie. Et la bouffe est sans doute celle qui m’a le plus emballé. Les repas indiens étaient d’une finesse extrême, alors qu’on ne mangeait que dans des petits restaus.

Lequel des pays visité fut pour toi la plus grande surprise ?
Julie : Si la Malaisie a été un coup de cœur surprise, le Chili a été le plus surprenant. J’appréhendais le Chili puisque je ne savais si cela allait ressembler au Pérou et à la Bolivie ou si cela allait plutôt être comme en Argentine. Disons que de devoir remanger du poulet, du riz et des frites à chaque repas ou presque ne m’enchantait pas du tout. Eh bien, au final, cela se révèle davantage comme l’Argentine bien que les Chiliens n’apprécieraient certainement pas la comparaison avec leurs voisins. Les Chiliens ont ceci de particulier, c’est qu’ils sont pratiquement des insulaires avec à l’ouest l’océan Pacifique, à l’est la cordillère des Andes qui les sépare en quelque sorte du reste du continent. Il en résulte un mélange propre à eux, mais avec des habitudes européennes bien ancrées. Le sud du Chili et la région des lacs au Chili m’ont particulièrement fait tripper (voir le blog sur le volcan Villarrica), mais à cause de la pluie je n’en ai pas profité autant que je l’aurais souhaité. Par contre, il faut s’armer de patience si on veut visiter le sud du pays parce que le trajet dure 34 heures pour le retour (et on passe par l’Argentine en plus) !
Guillaume : Un des pays qui m’a agréablement surpris fut le Brésil. Arrivant de la Bolivie, je ne pensais pas que les infrastructures seraient développées à ce point. Le Brésil, c’est le top comparé à sa voisine bolivienne. Le contraste est d’autant plus grand que passer deux mois au Pérou et en Bolivie, c’est vraiment voyager dans des conditions éprouvantes parfois, et retrouver un peu de confort ne fait jamais de mal. On pouvait enfin manger autre chose que du pollo-arroz-papas. On a d’abord vu Rio de Janeiro, ville où je serais resté plus longtemps, mais c’est cher. Je ne m’attendais à rien en arrivant là, mais la chaleur des gens, la beauté de la ville, l’ambiance festive permanente, la mer, la musique… tout ça fait des Cariocas des gens qui semblent toujours heureux, et ça a déteint sur nous. Ensuite, on a vu São Paulo, et là aussi, quelle bonne surprise. On nous avait dit de faire attention aux vols et aux agressions dans cette ville, mais il n’en fut rien, et au contraire, São Paulo s’est révélée un superbe endroit, festif lui aussi. En bas de notre hôtel (un hôtel de passe duquel on n’a rien à redire sinon qu’il était bon marché et idéal pour nous), se tenaient deux ou trois cafés qui festoyaient tous les soirs, avec de la musique live, des danseurs, des odeurs de grillades et de bières. Bref, ça respire la fête !

À l’inverse, que ne ferais-tu pas comme tu l’as fait ?
Julie : Bon, là c’est la fille en moi qui parle, j’essaierais de terminer le voyage par la Malaisie pour être capable de ramener le plus de souvenirs possible et de ramener tous les gadgets électroniques qui ne sortiront pas avant deux ou trois ans en Amérique du Nord. Blague à part, je ne prendrais pas de vol intérieur en Amérique du Sud, cela se voyage si bien en autobus et en plus nous aurions pu voir le centre du Brésil ! Pour ce qui est de l’Australie, je serais restée seulement quelques jours (4 ou 5 max) à Sydney et je serais partie dans la région des vignobles ou de Melbourne question de visiter autre chose que de la ville. En Thaïlande, au lieu de me diriger vers le sud du pays, je serais allée visiter le Nord (plus précisément la frontière Thaïlande-Laos-Birmanie, la région de Chiang Mai) qui m’a semblé beaucoup plus authentique du peu que j’en ai vu ou entendu et il y aurait eu des possibilités de treks intéressants à faire dans ce coin-là.
Guillaume : En Australie, je ne resterais pas à Sydney. C’est une superbe ville, mais quinze jours, c’est trop. C’est sûr qu’arrivant du Chili, on était surpris de voir une grosse ville occidentale pas latine. Mais on aurait dû au moins aller à Melbourne, changer de ville. On ne l’a pas fait car on a acheté notre billet d’avion pour Wellington, en Nouvelle-Zélande et on a choisi Sydney comme ville de départ. Mauvais choix. En plus, les auberges de jeunesse de Sydney regorgent de Français qui travaillent en ville et qui s’installent dans ces auberges et s’y croient chez eux. Alors quand on arrive, on est comme chez eux. Donc, c’est bruyant et assez dégueulasse dans certaines places. Bref, une semaine à Sydney, c’est suffisant !

Si tu dois repartir demain, où retournes-tu ?
Julie : Je retourne assurément en Amérique du Sud, je vais de nouveau en Argentine, au Brésil et au Chili. Je retourne en Argentine pour Salta, San Juan et Bariloche et découvrir la péninsule Valdés. Au Brésil, eh bien, je vais de nouveau à Rio question d’explorer encore et encore cette ville. Je fais un détour par Brasilia, la capitale à l’architecture démentielle. Puis, je tenterais ma chance au nord de Rio, découvrir la partie nord de la côte brésilienne. En Asie, je visite le Nord de la Thaïlande, la Malaisie et le Japon. Au Japon, j’essaierais les petits villages du sud question d’apprivoiser la nature japonaise et bien sûr je voudrais grimper le Mont Fuji. Ensuite, je vadrouillerais autour de ces destinations en faisant de petites excursions autour des pays voisins.
Guillaume : En Argentine, je pense. D’abord parce que j’ai adoré tout ce que j’ai vu du pays, mais aussi car les gens parlent l’espagnol et l’espagnol me encanta ! Du nord au sud, c’est superbe. On mange de bons gros steaks à Buenos Aires et on boit du bon vin dans le coin de San Juan. Les paysages sont variés et colorés tout le temps. Les gens qu’on a rencontrés nous ont tous fait aimer leur pays, et on sentait qu’ils en étaient fiers. Et puis le foot est omniprésent ! Buenos Aires, c’est la ville de Maradona, et le Pibe de oro est partout. Pour un fan de foot, c’est un endroit à voir absolument ! J’aimerais aller dans le coin de la péninsule Valdés, à l’est du pays, voir les baleines et les manchots. On ne l’a pas fait car ça faisait trop de route et que ça revenait cher (alors on a été voir les pingouins au détroit de Magellan), mais c’est mon prochain souhait de voyage en Argentine.

Niveau bouffe, de quoi tes papilles se souviennent-elles ?
Julie : Au risque de me répéter, du jus d’orange du Pérou et de la Bolivie, des saltenas de Tarija, du flan brésilien et argentin, des grillades brésiliennes, du bœuf argentin, du vin argentin, chilien et néo-zélandais, du dulce de leche en Argentine, du fish ‘n’ chips australien, des pies à la viande en Nouvelle-Zélande, des pads thaïs en Thaïlande, de la nourriture indienne en Malaisie, des jus de mangue au Vietnam et au Laos, des gyozas (raviolis à la viande grillés), des soupes et des sushis au Japon.
Guillaume : Hmmmm… les salteñas de Tarija, en Bolivie. Que c’était bon. Vraiment, j’ai adoré. De petits chaussons fourrés de viande, de légumes et de sauce pimentée, le tout cuit au four. Ça ressemble aux empenadas, mais c’est plus gras et moins sec. Quel régal. On a découvert ça en Bolivie alors que le plat est argentin (de Salta). Si on a tant aimé Tarija, c’est entre autres pour ça. Les salteñas ont le côté élégant des Argentins : le petit pain fourré est élégamment présenté, cuit avec une belle forme, il arrive avec un petit pot de sauce piquante (au cas où le chausson ne le serait pas déjà assez) et c’est une habitude pour les gens de le manger. Il fait partie de la culture locale.
Ensuite, j’ai découvert les hot puthus en Malaisie. Des petits gâteaux de farines de riz mélangés avec de la coco et de la cassonade. Ça se vend dans la rue pour quelques ringgits et c’est délicieux. Ça se mange avec les doigts, on s’assoit par terre en regardant les gens passer et on savoure son puthu.
Et puis au Cambodge, j’ai été très ému de voir les gens manger des sandwichs avec du pain baguette. Me dire que c’était un reste de la période coloniale m’a fait quelque chose. Des sandwichs avec de la Vache qui rit, avec du jambon aussi. C’était bon, mais il faisait tellement chaud qu’avoir du pain croquant est absolument impossible. La baguette est devenue toute molle.
Enfin, un gros de cœur et de fourchette pour le… flan ! Ah le flan ! On en a mangé des kilos ! Ça a commencé au Brésil, dans les cantines qui vendent la bouffe au poids. On se servait des pleines assiettes de nourriture (après la disette péuviano-bolivienne) et on terminait avec le flan. Qu’il était bon ! Avec un coulis au caramel autour. Ouh la la ! On en a trouvé en Argentine, puis moins au Chili, où on l’a remplacé par le dulce de lecce. Salta fut la transition entre le flan et le dulce de lecce puisque nous avions dégusté un flan qui en était recouvert. Le mélange des deux n’est pas notre meilleure expérience, mais nous a permis de varier nos habitudes de dessert.

En y repensant, comme ça, un bref mot sur chacun des pays visités :
PÉROU


Julie : La beauté des paysages à l’état brut. Mes plus beaux souvenirs de plein air se trouvent au Pérou : Pastoruri, Canyon de Colca, Machu Picchu, Sillustani ainsi que l’île d’Amantaní pour ses couchers de soleil à couper le souffle (attention de ne pas de commencer un rhume à cet endroit sinon c’est la catastrophe, puisqu’il y fait très froid la nuit, du moins en juillet, et qu’il n’y a pas de chauffage).


Guillaume : Lima n’a rien d’intéressant. Quand on y était, il faisait tout le temps gris et la ville n’a rien de trippant. En revanche, le coin de Pastoruri est super beau. Mais il faut être prêt à monter à plus de 4000 mètres. Sinon, on est dans les patates pendant la visite. Le Machu Picchu est super beau. Il faut y aller tôt pour éviter la foule et surtout admirer le lever du soleil. Une des grosses déception fut Cuzco, une ville supra-touristique qui parle plus anglais qu’espagnol. Dommage, car l’endroit est plutôt joli, mais pourri par le tourisme. Enfin, le lac Titicaca. Superbe, les couchers de soleil au-dessus du lac sont les plus beaux que j’ai vus, mais Uros est un attrape-touristes.



BOLIVIE


Julie : Ouf, il vaut mieux avoir de bons poumons pour survivre dans les hauteurs boliviennes. Les longs trajets de bus sur des routes non pavées, et souvent non délimitées, immunisent contre toutes les conduites rapides et dangereuses. J’ai préféré le sud bolivien (Sucre et Tarija) pour sa douceur de vivre au reste du pays (et probablement aussi à cause de l’influence argentine). Une des choses qui frappent en arrivant en Bolivie, ce sont les déchets partout, sur le bord des routes, des trottoirs (quand il y en a), dans les gares. Un pays qui a l’avantage d’être peu urbanisé, ce qui laisse de grands espaces, mais il est si sale que toute la beauté de la nature s’en trouve cachée par les poubelles avoisinantes. Et « recyclage » est un terme inconnu au pays de Pachamama.
Guillaume : Dommage que la Bolivie soit si sale. Des papiers, des bouteilles, des détritus de toute sorte jonchent le sol. Les gens balancent leur gobelet par la fenêtre. Alors que le pays pourrait être si beau, les bas-côtés et les rues sont souillées. Mais sinon, j’ai beaucoup aimé La Paz, avec ses rues dignes de murs d’escalade, pleines de marchés en tout genre. À Cochabamba, on a découvert les madames qui vendent des jus d’orange dans la rue pour quelques pesos. Des jus frais pressés devant nous. Miam ! Les Missions jésuites, ça vaut vraiment le détour. Pas de touristes, des villages perdus au milieu de rien. En revanche, Roboré n’a aucun intérêt, sauf celui de quitter le coin des Missions en train. Enfin, Tarija… Ah ! Énorme coup de cœur ! Un autre côté de la Bolivie. Une jolie ville coloniale pleine d’influence argentine, des salteñas comme s’il en pleuvait, des vignes. Vraiment, à ne pas manquer !


BRÉSIL


Julie : Du soleil, de la musique, des grillades, de la bière plein la tête ; le climat invite à la fête et à une douce nonchalance d’été sur des airs rythmés.
Guillaume : Notre premier contact avec le Brésil fut Rio. Tout un choc, mais un choc positif. Une ville magique, festive, avec ses plages, sa musique, sa bouffe au poids, ses piétons habillés en maillot de bain. Bref, génial. À l’image du pays, en fait. Même São Paulo m’a plu. Et pourtant, la ville a une réputation « dangereuse », mais bon, tout s’est bien passé. À São Paulo, il faut vraiment voir l’immense zoo en plein air. Les plages du Brésil aussi valent le détour (Copacabana, Ilha Grande, Florianópolis). Et puis si vous allez en Argentine, passez par les chutes d’Iguazú (las cataratas del Iguazú, côté argentin), elles sont phénoménales !


ARGENTINE


Julie : La route, le vin, le bœuf, chocolat, les sourires, les différents climats durant une même saison, les paysages qui changent en cours de route. Voyager en Argentine par la route 40 (nord au sud), c’est vivre la traversée d’une année en accéléré. C’est aussi mythique que la route 66 aux Etats-Unis avec pour toile de fond le Che et sa moto.
Guillaume : Allez, je vais le dire, c’est mon coup de cœur (avec la Malaisie et le Japon). Un pays exceptionnel. Des gens chaleureux, gentils, hospitaliers. Des steaks gros comme mon bras, des chocolats succulents dans le sud et du dulce de lecce incroyable. Des paysages variés et incroyables. De Buenos Aires en passant par Salta, San Juan, Bariloche et El Calafate, on a adoré. Et on avait pleinement conscience qu’on adorait quand on y était. Vraiment, il faut aller en Argentine pour goûter l’Amérique du Sud authentique !


CHILI


Julie : Dans mon souvenir, ce sera de la pluie, de la pluie et repluie. Il faut dire que sur 28 jours, nous y avons eu droit pendant plus de 14 jours. Sinon, mis à part, les considérations météorologiques, le mode de vie est très européen : les cafés, les bistros, la mode, les parcs. On y va pour Pucón et son volcan actif, Villarrica, et ses loups de mer, Viña del Mar pour sa superbe balade sur le bord de l’océan Pacifique, Talca pour comprendre ce que ce doit être de vivre un tremblement de terre.
Guillaume : Ah, le « Chi Chi Chi, Le Le Le », comme disait Jacqueline, notre guide argentine à Bariloche qui désignait les Andes, derrière lesquelles se trouvait le Chili. Ça avait pourtant commencé avec deux semaines de pluie. Une fois les averses et les ondées passées, ça a super bien été. Bon, l’île de Chiloé, on l’a vue depuis notre chambre d’hôtel, il pleuvait tout le temps. Idem dans les environs de Puerto Montt (heureusement qu’on a trouvé un cinéma et qu’on avait des livres et Internet !) Mais malgré ça, le Chili est un pays pour lequel je garde beaucoup de bons souvenirs. C’est un pays perdu derrière ses montagnes. Un pays long et isolé, mais tellement développé. Et là encore, que les gens étaient gentils, les paysages super beaux et la nourriture très variée. De Punta Arenas en passant par Pucón, Viña del Mar ou Santiago, quel beau trippe. Seul hic : à Viña del Mar, j’ai chopé des puces ou je sais pas quoi et pendant près de 10 jours, je les ai trimballées avec moi et j’étais piqué quotidiennement !


AUSTRALIE


Julie : Ils sont beaux, ils sont grands, ils sont friqués, ils sont sportifs et surtout bronzés, ce sont les Australiens. Il y a tellement peu de différences avec nous que ce n’est pas un dépaysement. J’avais l’impression qu’on avait déplacé le Canada dans l’hémisphère sud. C’est facile de se faire comprendre malgré l’accent que nous avons. Sinon, rester à Sydney pendant deux semaines a été un vrai supplice. La ville a beau être grande, regorger d’activités et avoir des plages à proximité, ce n’est pas suffisant. Il faut bouger, découvrir de nouveaux horizons, faire de la route, tout ça m’a cruellement manqué et j’avais l’impression de tourner en rond dans cette ville même si nous n’avons pas tout vu. Être dans un si grand pays et être restée dans la même ville pendant 2 semaines relève presque de la torture.
Guillaume : Pour moi, c’est la déception. Il faut dire qu’on a décidé de rester quinze jours à Sydney. Too much. On aurait sans doute dû aller quelques jours à Melbourne. Mais bon, on est restés à Sydney. On a bien aimé ce qu’on a vu en ville et aux alentours (The Three Sisters). En revanche, on n’a pas trouvé les gens super sympathiques et le contraste avec l’Amérique du Sud fut saisissant. Enfin, l’expérience que nous avons faite des auberges de jeunesse ne fut pas des meilleures, et nous n’avons même pas dormi dans des dortoirs ! Au bout de deux semaines, nous étions contents de nous envoler pour la Nouvelle-Zélande.


NOUVELLE-ZÉLANDE


Julie : Les grands espaces verts vallonnés, en veux-tu, en voilà. La Nouvelle-Zélande est un immense terrain de jeux pour les amateurs de plein air et de cinéma (possibilité de visiter les lieux de tournage de Lord of the Rings). La route est belle, parsemée de moutons tout mignons ; le vin est bon, généreux et grisant. Deux semaines, c’est définitivement trop court pour en profiter, ce n’est qu’un avant-goût tant toutes les régions sont invitantes par leurs différentes activités. Et nous n’avons pu faire qu’une des deux îles, celle du Nord.
Guillaume : On voulait voir des moutons, eh bien on en a vu (quelques-uns). J’ai adoré ce pays. Même si la visite fut assez rapide (deux semaines et juste l’île du nord), le séjour fut super enrichissant. Les gens ont tellement le contact facile en plus (même si leur accent anglais est à couper au couteau). En plus, voyager en Nouvelle-Zélande est vraiment facile, il y a des bureaux d’information touristique dans toutes les villes, plein de bus. Bref, quinze jours de visite agréables, reposants et exotiques !

THAïLANDE


Julie : La Thaïlande peut vraiment être une destination de rêve, mais il faut savoir y aller au bon moment. Parmi les choses qui m’ont dérangée, on peut noter que c’était le premier pays où il y avait tant de touristes, partout. Il faut dire que nous y étions pendant la période de Noël. Si la chaleur est invitante, elle devient vite accablante pour moi qui souhaitais visiter autre chose que des plages et des bars. En plus, devoir négocier les prix pour tout et n’importe quoi me lasse assez vite. Par chance, la Thaïlande comporte quelques point forts non négligeables. Il est, entre autres, possible de trouver des gens vrais avec un sourire à vous arracher le cœur. Aussi, l’architecture confère au pays un exotisme hors du commun. Je pense notamment à celle du Palais royal qui est une de mes préférées en Asie pour son opulence assumée. C’est ainsi que j’ai pu commencer à apprécier la vie au quotidien à Bangkok. Dès que l’on est sortis de la région de Bangkok, nous nous sommes aperçus qu’en haute saison, le coût de la vie variait en fonction du nombre de touristes présents, ce qui à la longue donne vraiment une impression d’être une vache à lait. Si l’idée de passer Noël au bord de la plage semblait alléchant, nous aurions dû suivre notre instinct et visiter le nord du pays.
Guillaume : La fournaise ! Quand on a débarqué de l’avion, qu’il faisait chaud. Après un mois en Océanie, arriver en Asie, c’est un choc. On négocie tout, et en Thaïlande, on était vus comme des « pompes à fric ». Ce n’était pas agréable, et devoir tout négocier, au bout d’un moment, c’est pesant. Mais sinon, les temples sont parmi les plus beaux qu’on ait vus, la nourriture était bonne et les plages de Phuket très belles. On aurait sans doute pu monter vers le nord, mais on a choisi les plages et la voie directe vers la Malaisie. Ne pas avoir vu Chiang Mai est un de mes regrets, mais bon, on a vu d’autres belles choses.

MALAISIE


Julie : Ce pays a une belle dualité : sur la côte est, les villes culturelles, la vie dynamique et l’opulence occidentale ; sur la côte ouest, les plages, les petits villages et la tranquillité. Cette dualité se complète par un beau multiculturalisme entre les Malais, les Chinois et les Indiens. C’est un pays où l’Asie se confond avec l’Occident, où les traditions anglaises (le thé) se mélangent à la chaleur ambiante. Un pays tout en contraste tant par ses habitants que son architecture, mais il se dégage un charme fou de ce pays aux accents distincts.
Guillaume : La Malaisie, c’est sans doute la plus grosse surprise du voyage. Une très bonne surprise. D’abord pour la multiethnicité du pays qui rend le pays tellement coloré. Dans la rue, les Chinois, les Indiens et les Malais se côtoient, ça sent super bon et le choix culinaire est énorme. Ensuite, la beauté du pays. Cameron Highlands vaut vraiment le déplacement. En motorbike, on a sillonné les plantations de thé et on a adoré. Les monuments religieux aussi sont tellement colorés et les temples hindoux sont voisins des temples bouddhiques. Quant à Kuala Lumpur, quelle ville ! Tout en hauteur, avec des centres commerciaux démesurément grands et organisés par spécialité.

SINGAPOUR


Julie : Ouf, Singapour pour moi c’est le Las Vegas asiatique. Rien n’est trop beau, trop gros pour cette ville aux légendes mythiques. Par contre, j’ai trouvé qu’elle n’avait rien de personnel, elle ne dégage aucun charme, elle reste soignée (car la propreté est un concept important dans cette ville), mais un peu trop déshumanisée quant à moi. À aller si on veut dépenser de l’argent en magasin, en resto, en hôtel et que l’on veut en mettre plein la vue, mais sinon il n’y a rien de particulier à y voir sinon la démesure de l’homme asiatique qui veut en faire le nouvel Eldorado.
Guillaume : Même si elle est voisine de la Malaisie, Singapour est une ville (mais aussi un pays) chinoise avant tout. L’ambiance est différente de l’autre côté de la frontière. On y est restés trois jours histoire de voir. Mais bon, cela suffit amplement, car hormis magasiner, il n’y a rien d’autres à faire là-bas. Alors c’est haut, c’est (supposément très) propre, il y a beaucoup de travaux dans les rues, et c’est tout.


VIETNAM


Julie : Un pays en pleine expansion économique, une solidarité et une débrouillardise à toute épreuve, un sens de l’honneur hors du commun, une générosité hors pair, tout ça ne sert qu’à définir en partie la culture vietnamienne. Si on tend un temps soit peu l’oreille, on y trouve assurément quelqu’un de curieux qui désire en apprendre plus sur nous. Découvrir le pays en motorbike est d’une facilité déconcertante et c’est si peu cher. Les jus sont délicieux, la nourriture fine et exquise et il y a un dynamisme réjouissant et invitant qui se dégage de ce pays.
Guillaume : Ce qui m’a fasciné, au Vietnam, c’est la gentillesse des gens, leur hospitalité. On a fait un nombre incroyable de rencontres à Saigon puis dans les autres villes qu’on a visitées. On s’est fait inviter à manger, à boire un verre ou juste à parler. L’autre détail qui m’a impressionné, c’est la débrouillardise ambiante. On voit des gens qui transportent des tonnes de matériel sur leur motorbike, d’autres qui portent toute sorte d’affaires. Ils sont toujours actifs, et il y a de la vie en permanence, au Vietnam. On comprend pourquoi le pays a une telle croissance économique. Enfin, la nourriture, fine, parfumée, variée et pas chère et toujours faite sur place. Miam !


LAOS


Julie : Mon premier contact avec le Laos ne m’a pas enchantée du tout : des gens méfiants, une nature polluée et des villes sans âme. Par chance, nous avons persisté un peu et j’ai pu découvrir un peuple timide, mais accueillant, une culture moins occidentalisée et d’une nature sauvage. La ville de Luang Prabang est un bijou avec ses temples bouddhistes, son marché et sa rivière à proximité.
Guillaume : Je me souviens qu’on m’avait dit que le Laos était un des pays les plus sauvages d’Asie, loin du tourisme, et qui avait conservé un aspect vierge. Notre arrivée par le Vietnam nous a refroidis. On se retrouvait au Pérou et en Bolivie, les détritus jonchant le sol. Et replonger dans un univers poubelle n’est pas évident. Mais une fois le choc terminé, on a pu monter sur Kantal l’éléphant à Paksé puis découvrir Vientiane et surtout Luang Prabang. Cette dernière est vraiment une très belle ville, où il semble faire bon vivre. Mais s’y rendre depuis Vientiane prend dix heures en bus, et ça tourne beaucoup et la plupart du monde était malade ! Mais ça valait définitivement le coup d’y aller.


CAMBODGE


Julie : Difficile de parler du Cambodge, j’aurais l’impression de parler à travers mon chapeau tant nous y sommes passés qu’en coup de vent. Les temples sont impressionnants, gigantesques, nombreux et sauvages. La chaleur y est tenace et le soleil épuise. Il faudrait également faire la sieste pendant l’après-midi, mais difficile de priver ses yeux des temples d’Angkor.
Guillaume : On est juste allés à Angkor quelques jours pour visiter les temples d’Angkor. On a pris l’avion depuis Luang Prabang car faire vingt heures de bus, non merci ! Bref, les temples sont super beaux, c’est gigantesque et les trois jours de visite suffisent pour visiter l’essentiel des temples. Il y en a plein d’autres aux alentours, en plus. Hormis les temples, j’ai beaucoup aimé le fait qu’on puisse manger des… sandwichs baguette ! Avec du jambon, du fromage (de la Vache qui rit !) et tout ce qui fait un vrai sandwich baguette à la française. Et, comme c’était écrit dans les guides, on a vu du monde jouer à la pétanque. Ces traces de la période française m’ont pas mal ému, surtout que quelques personnes, âgées, parlaient encore le français.


HONG KONG


Julie : Hong Kong, c’est le Singapour de la Chine. Bref, un mini Las Vegas en moins impressionnant. C’était difficile d’arriver à y trouver un charme puisque nous n’y étions que de passage, en attendant de découvrir le Japon. Disons que ce n’est pas la meilleure façon de découvrir une ville. La ville est densément peuplée et de la voir du haut de la montagne impressionne, ça et le spectacle aux lasers le soir.
Guillaume : En fait… c’est un peu décevant. On avait vu Singapour et on partait au Japon, alors Hong Kong, c’était bof bof. Mais comme on y transitait, on n’a pas eu à payer pour y aller. Bon, c’est haut, grand et chinois. Le must, ça a été le spectacle avec les lasers et les lumières qui illuminent les deux rives de la ville quand la nuit est tombée. C’est un show quotidien très impressionnant !


JAPON


Julie : Le Japon, c’est l’essence même de la délicatesse, du respect et du service à la clientèle. Après avoir vu le Japon, tout le reste semble rustre, ingrat et sans finesse. Le transport est tellement efficace que le nôtre semble tout droit sorti de l’âge de pierre. Il y a tellement de personnes que de se trouver seul semble illusoire, quoique nous sommes toujours un peu perdus dans cette urbanisation folle avec toutes ces lumières et ces affiches. À Tokyo, l’impression est d’autant plus renforcée, car tout le monde est habillé de la même façon, en costume noir de surcroît. En plus, on se perd dans la langue puisque eux ne nous comprennent pas et le peu de mots que nous apprenons rend tout échange impossible sauf si l’on utilise celui des signes et du non verbal. On apprend à échanger au-delà des paroles. Leur réserve naturelle m’a paru impossible à surmonter au début, mais il suffit de s’intéresser à leur culture et les défenses naturelles tombent aisément. Alors, on peut échanger et ils sortent leur fou eux aussi, difficile à croire au premier abord.
Guillaume : Fabuleux. Les fans de mangas et les autres tripperont. Le Japon, c’est l’incarnation de la perfection. La quintessence de la finesse. Tokyo vaut vraiment le détour. Les gens sont réservés mais tellement curieux, et même si peu de gens parlent anglais, on se comprend. Avoir vu le Japon m’a démontré que les mangas étaient très fidèles à la réalité mais surtout que le vrai dépaysement était là. Nous étions au Japon pendant le tsunami et quand nous avons quitté le pays, personne ne se doutait des conséquences abominables. Aussi, quand je vois des images du Japon qui se reconstruit, je me dis que vraiment, le Japon ne méritait pas ça. Personne ne mérite une telle atrocité, mais surtout pas les Japonais.