jeudi 30 septembre 2010

"Le Guatémalteque descend des Mayas, le Péruvien des Incas, et l´Argentin... du bateau !"

Les douaniers brésiliens ne se compliquent pas la tâche. S´ils voient une irrégularité, ils ferment tout simplement les yeux. C´est ainsi que nous avons pu rejoindre l´Argentine sans problème. El pibe de oro... nous voilà ! À nous la viande de boeuf, les vignobles, les montagnes, les glaciers, le tango et l´espagnol pour communiquer !
La ville de Buenos Aires se dévoile sous nos yeux, et nous apparaît... Paris. La ville lumière sud-américaine possède le même charme avec ses restaurants et terrasses extérieures, ses petits cafés plein à craquer, ses immeubles gris pierre, ses parcs et surtout avec ses grandes rues piétonnes. Une des raisons de cette ressemblance avec Paris est que certaines des pierres de taille ayant servi à bâtir les immeubles de la capitale argentine ont été tout droit importées de... Paris. Les Porteños ont aussi l´air plus européen que sud-américain. Les yeux sont tantôt parfois bleus, parfois verts ou parfois noirs, comme ceux de leurs voisins sud-américains, mais ils portent tous indégnablement la classe et le chic espagnols. Contrairement au Pérou et à la Bolivie, on peut regarder les gens dans les yeux sans avoir à baisser la tête ! La ville a des boulangeries à tous les coins de rues et une odeur incomparable de medialunas (croissants) fraîchement sorties du four envahit la rue et les narines. Même sans avoir faim, on est toujours tentés d´ouvrir la porte du magasin et de succomber au croissant accompagné du cafecito.
Le tango semble avoir disparu. Sauf des cartes postales et des rues touristiques. On entend souvent de la musique dans ces rues et parfois on voit un couple de danseurs de tango, emtouré d´une foule de touristes les mitraillant. Pour le joueur de bandonéon, il faut aller à un autre coin de rue - le MP3 a pris sa place - mais les danseurs, aussi attrape-gringos soient-ils, ont quand même la classe, et le show qu´ils offrent en pleine rue vaut le détour ! Ils prennent la pose pour les flashs, se déhanchent comme sur les cartes postales, mais la tension physique du tango est quand même là. Pour finir, le danseur enlève son chapeau pour saluer ses aficionados... puis le fait passer pour recueillir quelques pesos.
Autre piège à touristes (mais également le meilleur endroit pour voir du tango), le Caminito. La plus célèbre rue de Buenos Aires avec ses couleurs exubérantes et ses marchands d´art se donne des airs de mini-Montmartre. Par contre, avec l´affluence touristique, elle y a laissé son âme. Les marchands sont à peu près partout, au point de masquer certaines des devantures encore (un peu) authentique. Tout est devenu payant ! On peut poser avec des pseudo-danseurs de tango (qui ne font que prendre la pose pour la photo...), on peut mettre sa tête dans des trous et se faire photographier en ayant l´air d´un danseur de tango (ça aussi c´est payant !). Mais le clou du Camininto, c´est Maradona ! Un gars arpente la calle Caminito de long en large en apostrophant les gens d´un "¿Quieres una foto con Maradona?"... Le sosie du Pibe de oro propose ses services le temps d´une photo. Preuve qu´il est bien le sosie du joueur, il a disposé des photos de lui et du vrai joueur pour qu´on soit certains qu´il est bien le sosie de Maradona (comme si on pouvait se tromper...). En tout cas, outre le physique, il en a aussi adopté les manies, levant les pouces dès qu´il est pris en photo.
Plus populaire qu´Eva Peron, Jorge Borgès, Quino, c´est Diego Armando Maradona qui remporte la palme à Buenos Aires. Partout ! Il est partout, Diego ! Sur les murs des immeubles, sur les posters, sur les t-shirts. Il doit même être le crémage de certains gâteaux ! Son quartier, c´est la Boca. Et à la Boca, le club de foot, c´est Boca Junior. Un club populaire, encore aujourd´hui, au palmarès riche en trophées et en vedettes du ballon qui y ont fait leur classe. Faute de pouvoir voir un match, nous avons visité le stade. Une vraie arène, où les tribunes sont quasiment collées aux lignes de touche du terrain. Le stade, que les socios (les partisans) appellent la Bombonera (car elle a la forme massive et verticale d´une bombonnière) est unique en son genre. La proximité entre les socios et les joueurs donnent une idée du mal de crâne que les joueurs doivent avoir une fois le match terminé. En tout cas, quelle antre footballistique ! Le musée dispose de la photo des joueurs ayant porté le maillot jaune et bleu de Boca : entre autres, Gabriel Batistuta, Martín Palermo, et surtout, Diego ! Malgré toutes ses frasques sportives et extra-sportives, ses déclarations incendiaires et les résultats décevants de l´équipe nationale qu´il entraînait lors de la dernière coupe du monde, Diego reste tatoué sur le coeur des Argentins et continue de faire l´actualité. Les gens se baladent certes avec des maillots de Messi, mais pas autant que ceux portant celui de Maradona !
Question bouffe, Buenos Aires n´est pas en reste. Évidemment, nous avons testé le fameux boeuf argentin. Un sacré morceau ! Grosse portion, fin, parfumé, bien cuit. Rien à redire ! Ne pas manger de boeuf au pays de Diego serait une erreur. Le seul hic, c´est l´accompagnement. À Buenos Aires, la viande venait avec des frites. Les légumes, mieux vaut ne pas aller au restau pour en manger. Mais bon, le pays est plus connu pour ses bovins que pour ses tomates, alors nous goûtons les spécialités locales. Et, parmi celles-ci, le flan ! Et oui, il nous suit jusqu´en Argentine, mais avec des variantes, comparé à celui du Brésil. Ainsi, le flan casado vient aussi avec du dolce de leche - du caramel fondu... wow ! Pour ceux qui connaissent les Carambars, c´est pareil, mais fondu (mais sans les blagues). Dans le registre culinaire, une fois rendus à Salta, dans le nord du pays, nous avons évidemment goûté aux salteñas (les mêmes qu´à Tarija, en Bolivie). Les salteñas s´appellent ainsi puisqu´elles sont d´ici, en Argentine... Notre premier repas en fut donc exclusivement composé. Verdict : nous les avons préférées à Tarija. Elles y étaient plus juteuses, plus grosses et plus savoureuses. Nous allons continuer à les tester. À coup sûr, Salta n´a pas dit son dernier mot.
Pour finir avec Buenos Aires, nous avons passé une journée dans une de ses banlieues de villégiature, à trente kilomètres. Les Porteños sont nombreux à venir se réfugier à Tigre, une ville composée d´îles ! Des maisons sont construites sur chacune de ces îles, de même que des restaurants (pour les Français, ça fait très "bord de Marne") et l´ambiance y est très familiale. Alors on circule sur des bâteaux dans les voies d´eau... qui sont parfois recouvertes de poissons morts, le ventre à l´air (mais ça reste que c´est une super balade à faire !). Les bateaux font des arrêts quand les habitants leur font signe, et on peut donc accoster quand on veut. Nous nous sommes donc promenés sur une des îles de Tres bocas pour voir toutes ces petites maisons colorées, et, dans les canaux, des gens qui rament sur de belles barques ou sur des avirons, et d´autres sur de gros bâteaux à moteur. Inutile de dire que quand les seconds passent près des premiers, ces derniers, sur le point de chavirer, protestent virulemment.
Avant de quitter la capitale fédérale, nous avons pris le temps de faire un tour de métro. Quelle ne fut pas notre surprise de constater que non seulement la couleur des sièges correspond à la couleur de la ligne sur laquelle on se trouve, mais que les siègent sont en velours ! Sur la ligne rouge, ils sont en fait rose. Cela ne passe pas inaperçu et donne un air très seventies au métro. On se croirait presque au Studio 54 de New York.
Après Buenos Aires, nous sommes partis à Salta, dans le nord du pays, en bus, comme d´habitude, mais là, pour un très long trajet de près de vingt-deux heures ! Les compagnies de bus argentines semblent décidées à s´occuper attentivement de leurs passagers. Ainsi, outre quatre repas servis dans nos confortables sièges, Nicolas, notre agent de bord, nous avait organisé une partie de bingo ! Wow ! On avait tous nos petits cartons numérotés et lui annonçait les numéros dans son micro. Finalement, c´est une dame qui a gagné et est repartie avec une bouteille de vin blanc. Nicolas lui a proposé de chanter pour nous distraire, mais la dame a refusé. Nous, on aurait gagné, on aurait chanté ! En tout cas, ce furent vingt-deux heures faciles dans le meilleur bus que nous ayons eu jusqu´à présent (pas de vitre cassée, pas trop d´odeurs de sanitaires débordant, pas de passager écoutant sa radio la nuit, etc.).
C´est vraiment la saison basse, ici (heureusement pour nos portefeuilles, déjà asséchés par le séjour au Brésil). Dernier exemple en date, celui de l´hôtel où nous logeons. Quand nous sommes descendus du bus, à Salta, des représentants d´hôtels nous attendaient dans le hall pour nous proposer chacun leur hébergement, avec photos à l´appui. Nous avons choisi celui dont l´hôtel était le plus central et le moins cher. Il était déjà peu cher, mais finalement, pour être certain qu´on prenne une chambre, le gars a baissé son prix de dix pesos (mais juste parce que c´est nous, hein...). Et en plus, le taxi était offert ! Alors nous nous sommes rendus à l´hôtel Andaluz et, sur place, nous avons demandé un deuxième rabais si on prenait une seconde nuit... ce que nous avons obtenu. Dix autres pesos en moins par nuit ! En moins d´une heure, la chambre privée nous coûtait vingt-cinq pourcent de moins que le prix initial ! Et en plus, on a vraiment l´hôtel pour nous, puisque sur la dizaine de chambres et dortoirs, une seule autre chambre est occupée !
Salta est notre point de départ pour les Andes, que nous retrouvons après le long crochet atlantique. Nous allons de nouveau remplir nos gourdes de succulents matés histoire d´éviter le soroche !

mardi 21 septembre 2010

Une conclusion parfaite, sur un air de yuddle

Quelques minutes après notre dernière publication, nous avons été témoins d´un truc qui nous a fait froid dans le dos. Disons que cela laisse entrevoir une partie de la mentalité brésilienne. En allant à la plage, nous avons assisté à une tentative d´assassinat ! Nous marchions sur la route qui mène à la plage quand soudainement, dans un virage, une auto arrive vers nous super vite, la porte de devant, côté passager, ouverte et des jambes qui en sortent et une voix de fille qui hurle ! La voiture passe à côté de nous puis ralentit après nous. Et toujours la voix qui gueule et les jambes sorties ! Au début, nous pensions que la fille allait tomber accidentellement, qu´elle avait ouvert la porte par mégarde ou n´importe quoi ! Nan ! La voiture s´arrête cent mètres derrière nous et nous rebroussons chemin en courant et en gueulant, car nous voyons clairement que la passagère veut sortir, mais qu´elle ne peut pas ! Nous arrivons au niveau de l´auto et un grand gars blanc, style américain, est en train d´étrangler la fille avec une main et lui tire les cheveux de l´autre ! Nous essayons de choper la main du gars qui étrangle la fille et nous réussissons à dégager le cou de la fille. Nous tirons la fille au dehors ! Elle se met à courir sur la route et le gars descend de voiture et lui crie de revenir, il semble s´excuser et tout ! Nous on court vers lui pour l´arrêter (le gars fait environ six pieds, mais il semble soudainement inoffensif !) et lui va vers la fille, l´attrappe et s´explique avec elle ! Au même moment, une voiture de police militaire arrive et nous faisons signe aux agents de venir, vite ! Les gars ne se pressent pas, nous font signe que tout est OK (pendant ce temps-là, l´autre gars étrangle de nouveau la fille et nous essayons de nouveau de l´en empêcher !). Arrivés à notre niveau, nous leur expliquons, en espagnol, ce que nous avons vu et un des agents nous dit de rester où nous sommes, qu´ils vont s´occuper de tout ! Ils rejoignent les deux amants qui gueulent, pleurent et s´étranglent de plus belle. On les voit tous les quatre en train de parler et, deux minutes plus tard, tous revenir vers nous, nous dépasser et rejoindre chacun leur voiture comme si de rien n´était !... Le mec a failli tuer la fille, envoyer sa voiture dans le décor et nous passer dessus (essayez d´étrangler quelqu´un en conduisant ! Wow !), mais les policiers estiment que tout va bien ! Finalement, une minute plus tard, un voisin sort de là et nous dit que ça arrive fréquemment à ces deux personnes, récemment mariées ! Le gars conclut en disant qu´il n´y a pas à s´en faire pour eux... Traumatisant !
Une fois cet épisode cauchemardesque terminé, nous devions nous trouver une nouvelle destination. La prévision de pluie, pour notre dernière semaine au Brésil, nous a fait fuir la côte atlantique. Nous somme donc allés nous réfugier dans les terres. Le premier arrêt a été Blumenau, à trois heures au nord-ouest de Florianopolis. Blumenau dont la prononciation portugaise donne Blou-meu-now (comme en anglais) est une ville aussi surprenante qu´agréable. Au milieu d´une architecture moderne se trouve dispersés, à travers le centre historique de la ville, des bâtiments à l´architecture allemande de la fin du XIXe siècle. Tout cela en plein milieu du Brésil ! Disons que c´est un peu surréaliste de voir une architecture de ce type à côté d´un palmier et dans une moiteur tropicale. Difficile d´imaginer pareille ville avant de l´avoir vue. Les noms de certaines rues détonnent parmi une végétation luxuriante : Alberto Stein, Paul Werner et P.L. Schwarz (il y a peu de temps, les rues ne s´appelaient pas "rua", mais... "strasse" !). La population est également moins métissée qu´ailleurs dans le pays. L´adage populaire, selon lequel au Brésil on se marie avec plus blanc que soi, mais on fait l´amour avec plus noir que soi, semble donc moins s´appliquer ici puisque la concentration de grands blonds aux yeux bleus est trés élevée et qu´il n´y a qu´une minorité de Noirs, métisses et d´Indiens. Aussi, nous avons remarqué que les voix des filles sont beaucoup moins graves qu´ailleurs. Au Brésil, il y a nombre de belles filles, mais dès qu´elles ouvrent la bouche oufff... tout l´effet s´évapore tant leur voix est grave (plus que celle des hommes, parfois). La langue de Goethe est loin d´être morte dans cette contrée. Si l´on en maîtrise quelques rudiments, il est possible d´avoir une conversation avec plusieurs commerçants. La conversation peut donc passer du portugais, à l´espagnol, à l´allemand, par l´anglais pour se terminer par quelques mots en français.




Blumenau, outre son architecture allemande, est reconnue pour organiser le deuxième plus important Oktoberfest au monde après celui de Munich. Comme son nom l´indique, ce festival se tient au mois d´octobre. Nous ne pouvions pas rester jusque-là, mais nous avons quand même pu en profiter en visitant une brasserie locale (Eisenbanh... le soir, en buvant une bonne Weissenbier et en mangeant de bonnes grosses saucisses - mais sans choucroute ! -, vous aurez le loisir d´écouter Udo et Reiner interpréter des morceaux de yuddle !) et le musée de la bière (qui ne vaut pas le détour). Si Blumenau ressemble tant à l´Allemagne, il y a certains côtés qui ressemblent un peu plus à la RDA. À la suite d´une loi antipornographie juvénile, nous avons dû donner nos noms, le nom de notre hôtel, notre numéro de passeport en plus de nous faire prendre en photo pour avoir accès à un poste Internet ! Nous étions découragés et insultés. Un peu plus et ils appelaient notre hôtel pour vérifier notre identité et prenaient nos empreintes digitales ! La ville est invitante, souriante et les habitants sont surtout contents de voir des touristes en dehors de l´Oktoberfest. Ach so !

Nous avons pris la décision de partir dans le centre du pays, aux frontières du Paraguay et de l´Argentine, à Foz d´Iguaçu, afin de pouvoir nous baigner. Nous baigner, non pas dans la mer, mais être arrosés par les embruns des chutes d´eau. Et quand on dit chutes d´eau (les "cataratas"), ça veut dire déluge d´eau, masses d´eau inimaginablement gargantuesques... du moins, à ce que vantaient le guide et les quelques pamphlets que nous avons trouvés.
Comme chaque fois que nous arrivons en ville, notre premier objectif est de trouver un lit pour le soir. Généralement, quand nous faisons des trajets nocturnes en bus, nos nuits de sommeil sont vraiment courtes (nous avons décidé de moins en faire et surtout, quand on utilise les bus de nuit, de prendre les moins chers car on ne dort pas plus avec des sièges inclinables plus chers qu´avec des sièges classiques, beaucoup moins dispendieux. Alors quitte à ne pas dormir, autant dormir pour pas cher !) et la première journée de visite se fait parfois dans un état "zombiesque". Là, nous avions trouvé, avec le guide, la Pousada Laura, pas chère et proche de tout. Nous y arrivons donc après quelques longues minutes de marche (c´est long, car on est fatigués, et on porte notre énorme enclume de sac à dos !). Elle est située dans un quartier qui nous semble... glauque. C´est le mot, d´autant que nous arrivons un dimanche vers huit heures, qu´il fait gris, qu´il n´y a personne dans les rues et que tout est fermé ! Nous sonnons donc et, après avoir pensé que la pousada était fermée (notre guide date de 2009, et les guides de voyage vieillissent très mal !), une dame sort nous ouvrir la grille qui sépare la maison de la rue. Après lui avoir demandé si elle a une chambre, elle nous répond un déluge de paroles, mêlant rires hystériques, phrases incompréhensibles (normal, c´est du portugais...) et gestes dans tous les sens.
Nous nous installons donc dans notre chambre et Laura vient nous parler (parler = crier + gesticuler + rire, le tout dans un état proche de l´hystérie... euh... non, dans un état hystérique !), nous expliquant l´histoire de sa maison (qui fut sans doute belle, mais là, c´est assez délabré. Elle nous a expliqué pourquoi elle était dans cet état, mais on n´a rien compris !), nous donnant des infos sur les chutes, sur comment s´y rendre, etc. Et, à un moment, elle se met à nous raconter que, dans une série brésilienne télé qu´elle capte sur les ondes paraguayennes, un des comédiens ressemble à Guillaume comme deux gouttes d´eau ! "Todo como el !!" se met-elle à hurler. Et, comme par magie, la série passe le lendemain, lundi, à 22 heures. Le rendez-vous est pris pour regarder un épisode de La favorita tous ensemble... Entre temps, nous avons eu affaire à Laura lors du déjeuner, le matin. Elle met la radio qui passe de la musique colombienne et danse devant nous, en disant combien elle aime danser. Le soir, elle chante pour nous souhaiter bonne nuit. Avant de quitter sa maison, elle rechante pour dire combien elle nous aime, tout en se déhanchant et en répétant l´histoire du comédien sosie, dans La favorita. Pour prendre la photo où elle apparaît en notre compagnie, Laura s´est absentée deux minutes avant le "shooting", puis est revenue... parfumée pour l´occasion ! Elle tenait absolument à être la plus belle ! Elle en brasse de l´énergie, Laura. Comme les chutes d´Iguaçu ! Le lundi soir, donc, Laura cogne à notre porte sur les coups de 22 heures pour nous aviser que la série va commencer. Comme d´habitude, elle est surexcitée, elle est même hystérique à l´idée de nous montrer ce fameaux sosie. Nous prenons nos aises devant la télé et la série commence... Laura, encore une fois, regarde Guillaume pour dire combien il est pareil au gars dans la série... Au bout de cinq minutes de série, le gars apparaît... Alors, dans la série il s´appelle Elias Filho et dans la vraie vie, c´est Leonardo Wilson de Medeiros, 45 ans... Quand il est apparu à la télé, Laura était au top de sa forme, elle se levait en regardant l´écran, puis Guillaume... Bref, de la folie ! L´ambiance du carnaval de Rio était chez Laura ce soir-là. Elle s´est mise à nous expliquer que nous avions tous sept sosies dans le monde (elle hurle hystériquement en nous contant ça, car le comédien réapparaît alors à la télé...). Ça a duré une heure, comme ça. Laura nous a conté une bonne dizaine de fois qu´en nous voyant arriver le dimanche matin, en voyant Guillaume, elle avait tout de suite pensé à Elias. Bref, un grand moment et une rencontre inoubliable...
Hormis la tornade Laura, nous avons vu les chutes d´Iguaçu, et avec du très beau temps. Des deux côtés, brésilien le dimanche et argentin le lendemain. Ce sont des chutes d´eau hallucinantes. Elles ont servi de décors au film Mission (1986), retraçant l´histoire des missionnaires jésuites partant à la rencontre d´Indiens pour les évangeliser. Dans le film, les scènes où les personnages longent les chutes sur un chemin étroit sont vraiment impressionnantes. Dans la réalité, pas de petit chemin le long de l´eau, mais des passerelles qui permettent de voir les milliers de mètres cube d´eau qui tombent dans un fracas assourdissant et qui, au final, se terminent dans une rivière paisible. L´ensemble des chutes est un des grands moments de notre séjour en Amérique du Sud. Elles sont parfois blanches, parfois vertes, et quand elles atteignent le sol, elles dégagent une brume humide qui atteint certaines des passerelles les plus éloignées. Le côté brésilien offre une vue générale meilleure, mais plus éloigné de l´eau. Il y a une longue balade à faire, parallèle à l´eau, et pendant deux ou trois heures, on voit très bien les innombrables chutes d´eau (des plus petites aux plus monstrueuses).

Du côté argentin, là, on est dans le feu de l´action. On ressort parfois mouillés, car les passerelles qui permettent d´approcher les chutes sont idéalement placées pour offrir le meilleur du chaos aquatique. Pendant quatre heures, on approche les chutes en bas et en haut en arpantant des sentiers super pratiques à marcher ! On peut même prendre des bateaux qui conduisent au pied de celles-ci, mais votre budget en sort rincé. La balade argentine offre en outre un décor plus "amazonien" que celui de l´autre rive. Nous avons vu des papillons partout, de toutes les couleurs et de toutes les grosseurs qui venaient se poser sur nous ou que nous pouvions amadouer pour qu´ils viennent sur notre main. Dans un arbre, se trouvait un couple de toucans sauvages et dans les eaux, en amont des chutes, des poissons gros comme le bras, à l´abris du courant.
Pour aller aux chutes d´Iguazu (avec un "z" du côté argentin et un "ç" de celui du Brésil), nous avons dû passer la douane pour sortir du Brésil et une autre pour rentrer en Argentine. Nos passeports auraient dû être estampés quatre fois en une journée, car le soir, nous rentrions chez Laura, au Brésil (pour voir La favorita...). Mais, au retour, le bus s´est bien arrêté à la douane argentine pour signaler notre sortie du pays de Maradona, mais a franchi la douane brésilienne sans nous y déposer (et nous étions plein de touristes !). Si bien que, à la lecture de nos passeports, nous sommes bel et bien sortis d´Argentine, mais pas rentrés au Brésil ! Nous écrivons donc ce blog, officiellement, depuis la zone entre les deux pays. Ce soir, nous quittons Foz d´Iguaçu en bus pour Buenos Aires sans savoir ce que vont nous dire les douaniers brésiliens et argentins...

mercredi 15 septembre 2010

La fête, sous le ciel gris

Ainsi donc, après Rio de Janeiro puis Ilha Grande, le soleil a commencé à nous abandonner et la chaleur à nous faire faux bond. Mais peu importe, nous continuons notre route vers le sud brésilien...
Les pavés qui jonchent le sol de Paraty, destination où nous nous sommes rendus après l´Ilha Grande, rendent la chaussée glissante comme sur une patinoire quand il pleut. Qui plus est, marcher dessus est un vrai parcours du combattant, puique l´eau s´engouffre entre chacun des pavés et finalement les recouvre ! Certains côtés de rues deviennent alors inaccessibles et des employés de boutiques, placés de l´autre bord de la rue submergée, regardent les passants défiler de l´autre bord de la rue sans que personne ne puisse jamais accéder dans leur commerce. Et, quand en plus la marée s´en mêle, c´est tout une partie de la ville qui est innondée ! C´est donc dans cet environnement de ciel gris et pluvieux que nous avons visité ce village de pêcheurs, qui est un lieu de villégiature très couru des habitants de Rio de Janiero pendant les vacances et les fins de semaine.



Malgré le temps, nous sommes quand même restés deux jours, puisque, outre la beauté du village, les couleurs des façades des maisons, le petit port aux multiples bâteaux de pêches, nous avons encore une fois fait la rencontre de M. Doces (M. Douceurs...) et ses innombrables pâtisseries ambulantes, qui était notre rayon de soleil. Nous pourrions parler des flans (les "pudims") pendant des heures ! Pudims au lait condensé, pudims à la noix de coco, pudims au fromage, pudims au gâteau quatre-quarts, etc. Le choix ne manque pas pour satisfaire nos estomacs ! Bref, pendant deux journées, nous avons remis nos jeans, pulls, souliers et bas, avant de nous en aller à São Paulo.


Avec plus de dix millions d´habitants, São Paulo et ses banlieues est un monstre de béton. Qui plus est, elle a la triste réputation d´être une ville polluée, comptant beaucoup de laissés pour compte (nous avons vu des dizaines de personnes dormant dans la rue, sur un carton, sous des ponts d´autoroute, dans une bouche d´égoût, etc., et même, une fois, un homme nu, habillé juste de morceaux de cartons autour de la taille, qui marchait dans la rue !) et, surtout, elle n´a pas la renommée festive de sa voisine Rio de Janeiro !



Et pourtant... si l'on se donne la peine de la parcourir attentivement, São Paulo sait se rendre attrayante. Elle offre une gastronomie diversifiée, de nombreuses rues piétonnes, des marchés publics d'art et des parcs gigantesques et très bien aménagés. Durant les quatre jours où nous y avons séjourné, nous étions très souvent entourés de musiciens, de danseurs, de gens fêtant dans la rue. Durant la semaine, les bars regorgeaient de monde qui buvaient, mangeaient, pendant que des musiciens jouaient de la bossa nova et que des clients dansent autour d´eux ! Même dans la rue, au milieu de nulle part, un guitariste, une chanteuse et des danseurs, qui sont là pour le plaisir.



Autre registre d´amusement, celui du corps et du sexe... Outre les gars se baladant en speedo dans la rue à Rio de Janeiro, les quelques millimètres carrés de bikinis qui recouvrent le corps des filles sur les plages, le fait que les gens se touchent beaucoup pour communiquer, à São Paulo, nous avons pu admirer de quoi étaient tapissés les intérieurs de cabines téléphoniques. En voulant passer un coup de fil, nous sommes tombés sur des cabines pleines d´autocollants vantant les talents sexuels de Cynthia, Felicia et ses amies. Les autocollants offrent aux clients des aventures en tout genre, avec toute sorte de partenaires. Le choix est aussi large que celui des flans ! À São Paulo, comme à Rio, on s´amuse !

Certes, la ville n´a pas les plages de Rio ni son carnaval, mais les parcs dans lesquels nous nous sommes promenés sont tous très beaux, verdoyants et luxuriants, qui sont des restes de la forêt tropicale humide (parque de la Luz ou parque Tenente Siquiera Campos - ce dernier parc, selon le guide, regorge, la nuit venue, de "satyres"... mais pas la peine d´aller là-bas pour voir des exhibitionnistes. Il suffit d´aller dans les toilettes des hommes de la gare routière de Paraty, où, "avec un peu de chance", votre voisin d´urinoir, avant de fermer sa braguette, baissera son pantalon, puis sa culotte puis vous regardera dans les yeux...). On y trouve des étangs avec de gros poissons, des bacs à sable pour les enfants, des grottes, des sculptures à aire ouverte. Bref, de quoi se mettre à l´abri quand il fait un gros soleil et une température caniculaire, comme ce fut le cas quand nous y étions (car oui, il a fait moche cette dernière semaine, mais pas lors de notre dernier jour dans la capitale pauliste).


Et le jardin zoologique de São Paulo ! Wow ! Un vrai bijou ! Des animaux de tous les genres, dans des espaces ouverts ! Éléphants, girafes, zèbres, crocodiles, singes, rhinocéros, hippopotames, lions, tigres, toucans, flamans roses, araignées, serpents, etc. L´arche de Noé, en quelques sortes, avec des animaux qui semblaient bien traités, en plus. Le tout dans un grand jardin avec de grands arbres et de la verdure un peu partout !

Enfin, le dernier jour, nous sommes allés dans un cinéma de quartier, pour peaufiner notre portugais, et affiner certaines expressions... Nous avons donc assisté à la projection de Uma noite em 67 ("Um filme sobre o Festival que revolucionou a música brasileira"). Loin d´être un film hollywoodien, ce documentaire brésilien revient sur une émission de télé comme les autres, en 1967, mais qui, par son déroulement, est restée dans les annales de la musique brésilienne. D´après ce que nous en avons compris, la jeunesse révoltée de Rio demandait, entre autres, que la musique brésilienne soit plus populaire, et moins pop façon états-unienne. Et, ce soir-là de 1967, de jeunes artistes montants (Gilberto Gil, Edu Lobo, Chico Buarque, entre autres) vinrent sur scène et, devant un public survolté, jouèrent une bossa nova moderne, mais dont les racines tropicales n´étaient en rien reniées. Même si nous n´avons à peu près rien compris aux témoignages des artistes et à ceux des témoins de l´époque, le documentaire nous a permis d´entendre quelques morceaux devenus classiques (les gens dans la salle de cinéma s´émeuvaient à l´apparition de tel ou tel chanteur et de telle ou telle chanson) et de constater à quel point la musique fait partie des racines du Brésil. En tout cas, si ce film passe dans un cinéma près de chez vous, courez le voir ! (On ne sait jamais...)


Après São Paulo, notre itinéraire nous a menés un peu plus au sud, à Florianopolis et sur l´ilha de Santa Catarina, sous un ciel gris. Mais les plages sont grandes, larges, et les vagues en valent la peine ! Et, comme nous dormons dans une auberge de jeunesse la Backpackers Sunset Floripa (en dortoirs avec lits superposés, mais au moins, ça ne pue pas des pieds...) qui nous offre des planches et tous les jouets de plage que nous désirons, pourquoi s´en passer. L´ambiance, dans l´auberge, est toute différente de ce que nous avons eue dans les pousadas du reste du Brésil. Les gens qui y dorment viennent de partout dans le monde (des Chiliens fans de Zidane et amoureux de Paris, un Français qui se remet juste de la dengue attrapée dans les Caraïbes, des États-uniens qui apprennent le Portugais tant ils aiment la place et veulent y rester, etc.), les activités proposées par l´AJ sont multiples pendant la journée et le soir (depuis la partie de football jusqu´à la sortie en pub le soir, ou bien une soirée de dégustation de poisson local... dont nous n´avons pas compris le nom, mais qui était pas mal... banal...), et le caipirinha offert chaque soir (cocktail brésilien à base de cachaca... essayez, c´est super bon et très euphorisant) a le mérite d´enjouer tous les clients et de lancer la fête ! Bref, une vraie vie en communauté où les rencontres sont légion, mais où les nuits sont courtes... Malgré le mauvais temps, nous trouvons largement de quoi nous occuper : planche de bodyboard, planche de surf, vagues, sudoku, cannes à pêche et autres divertissements de plage. De retour à l´AJ, nous découvrons les plaisirs des dominos et de Fifa 2010 sur Playstation 3 avec les autres gars de l´AJ (en essayant de venger l´honneur baffoué de la France pendant la coupe du monde, mais à date, c´est difficile, les gars sont trop bons et la France perd régulièrement 6-0 contre l´Uruguay...).



Vu que le mauvais temps semble vouloir perdurer sur le littoral pauliste, nous allons changer un peu nos plans pour nos derniers jours au Brésil. Nous partons sous peu à Blumenau, un village fondé par un Allemand et dont les maisons ressemblent à celles des Playmobile et accessoirements à celle d´Allemagne... Le climat y est plus serein, et quand la pluie aura cessé, nous repartons vers São Paulo, avec halte à l´ilha do Mel pour nos dernières baignades au Brésil avant l´aventure argentine !