mercredi 15 septembre 2010

La fête, sous le ciel gris

Ainsi donc, après Rio de Janeiro puis Ilha Grande, le soleil a commencé à nous abandonner et la chaleur à nous faire faux bond. Mais peu importe, nous continuons notre route vers le sud brésilien...
Les pavés qui jonchent le sol de Paraty, destination où nous nous sommes rendus après l´Ilha Grande, rendent la chaussée glissante comme sur une patinoire quand il pleut. Qui plus est, marcher dessus est un vrai parcours du combattant, puique l´eau s´engouffre entre chacun des pavés et finalement les recouvre ! Certains côtés de rues deviennent alors inaccessibles et des employés de boutiques, placés de l´autre bord de la rue submergée, regardent les passants défiler de l´autre bord de la rue sans que personne ne puisse jamais accéder dans leur commerce. Et, quand en plus la marée s´en mêle, c´est tout une partie de la ville qui est innondée ! C´est donc dans cet environnement de ciel gris et pluvieux que nous avons visité ce village de pêcheurs, qui est un lieu de villégiature très couru des habitants de Rio de Janiero pendant les vacances et les fins de semaine.



Malgré le temps, nous sommes quand même restés deux jours, puisque, outre la beauté du village, les couleurs des façades des maisons, le petit port aux multiples bâteaux de pêches, nous avons encore une fois fait la rencontre de M. Doces (M. Douceurs...) et ses innombrables pâtisseries ambulantes, qui était notre rayon de soleil. Nous pourrions parler des flans (les "pudims") pendant des heures ! Pudims au lait condensé, pudims à la noix de coco, pudims au fromage, pudims au gâteau quatre-quarts, etc. Le choix ne manque pas pour satisfaire nos estomacs ! Bref, pendant deux journées, nous avons remis nos jeans, pulls, souliers et bas, avant de nous en aller à São Paulo.


Avec plus de dix millions d´habitants, São Paulo et ses banlieues est un monstre de béton. Qui plus est, elle a la triste réputation d´être une ville polluée, comptant beaucoup de laissés pour compte (nous avons vu des dizaines de personnes dormant dans la rue, sur un carton, sous des ponts d´autoroute, dans une bouche d´égoût, etc., et même, une fois, un homme nu, habillé juste de morceaux de cartons autour de la taille, qui marchait dans la rue !) et, surtout, elle n´a pas la renommée festive de sa voisine Rio de Janeiro !



Et pourtant... si l'on se donne la peine de la parcourir attentivement, São Paulo sait se rendre attrayante. Elle offre une gastronomie diversifiée, de nombreuses rues piétonnes, des marchés publics d'art et des parcs gigantesques et très bien aménagés. Durant les quatre jours où nous y avons séjourné, nous étions très souvent entourés de musiciens, de danseurs, de gens fêtant dans la rue. Durant la semaine, les bars regorgeaient de monde qui buvaient, mangeaient, pendant que des musiciens jouaient de la bossa nova et que des clients dansent autour d´eux ! Même dans la rue, au milieu de nulle part, un guitariste, une chanteuse et des danseurs, qui sont là pour le plaisir.



Autre registre d´amusement, celui du corps et du sexe... Outre les gars se baladant en speedo dans la rue à Rio de Janeiro, les quelques millimètres carrés de bikinis qui recouvrent le corps des filles sur les plages, le fait que les gens se touchent beaucoup pour communiquer, à São Paulo, nous avons pu admirer de quoi étaient tapissés les intérieurs de cabines téléphoniques. En voulant passer un coup de fil, nous sommes tombés sur des cabines pleines d´autocollants vantant les talents sexuels de Cynthia, Felicia et ses amies. Les autocollants offrent aux clients des aventures en tout genre, avec toute sorte de partenaires. Le choix est aussi large que celui des flans ! À São Paulo, comme à Rio, on s´amuse !

Certes, la ville n´a pas les plages de Rio ni son carnaval, mais les parcs dans lesquels nous nous sommes promenés sont tous très beaux, verdoyants et luxuriants, qui sont des restes de la forêt tropicale humide (parque de la Luz ou parque Tenente Siquiera Campos - ce dernier parc, selon le guide, regorge, la nuit venue, de "satyres"... mais pas la peine d´aller là-bas pour voir des exhibitionnistes. Il suffit d´aller dans les toilettes des hommes de la gare routière de Paraty, où, "avec un peu de chance", votre voisin d´urinoir, avant de fermer sa braguette, baissera son pantalon, puis sa culotte puis vous regardera dans les yeux...). On y trouve des étangs avec de gros poissons, des bacs à sable pour les enfants, des grottes, des sculptures à aire ouverte. Bref, de quoi se mettre à l´abri quand il fait un gros soleil et une température caniculaire, comme ce fut le cas quand nous y étions (car oui, il a fait moche cette dernière semaine, mais pas lors de notre dernier jour dans la capitale pauliste).


Et le jardin zoologique de São Paulo ! Wow ! Un vrai bijou ! Des animaux de tous les genres, dans des espaces ouverts ! Éléphants, girafes, zèbres, crocodiles, singes, rhinocéros, hippopotames, lions, tigres, toucans, flamans roses, araignées, serpents, etc. L´arche de Noé, en quelques sortes, avec des animaux qui semblaient bien traités, en plus. Le tout dans un grand jardin avec de grands arbres et de la verdure un peu partout !

Enfin, le dernier jour, nous sommes allés dans un cinéma de quartier, pour peaufiner notre portugais, et affiner certaines expressions... Nous avons donc assisté à la projection de Uma noite em 67 ("Um filme sobre o Festival que revolucionou a música brasileira"). Loin d´être un film hollywoodien, ce documentaire brésilien revient sur une émission de télé comme les autres, en 1967, mais qui, par son déroulement, est restée dans les annales de la musique brésilienne. D´après ce que nous en avons compris, la jeunesse révoltée de Rio demandait, entre autres, que la musique brésilienne soit plus populaire, et moins pop façon états-unienne. Et, ce soir-là de 1967, de jeunes artistes montants (Gilberto Gil, Edu Lobo, Chico Buarque, entre autres) vinrent sur scène et, devant un public survolté, jouèrent une bossa nova moderne, mais dont les racines tropicales n´étaient en rien reniées. Même si nous n´avons à peu près rien compris aux témoignages des artistes et à ceux des témoins de l´époque, le documentaire nous a permis d´entendre quelques morceaux devenus classiques (les gens dans la salle de cinéma s´émeuvaient à l´apparition de tel ou tel chanteur et de telle ou telle chanson) et de constater à quel point la musique fait partie des racines du Brésil. En tout cas, si ce film passe dans un cinéma près de chez vous, courez le voir ! (On ne sait jamais...)


Après São Paulo, notre itinéraire nous a menés un peu plus au sud, à Florianopolis et sur l´ilha de Santa Catarina, sous un ciel gris. Mais les plages sont grandes, larges, et les vagues en valent la peine ! Et, comme nous dormons dans une auberge de jeunesse la Backpackers Sunset Floripa (en dortoirs avec lits superposés, mais au moins, ça ne pue pas des pieds...) qui nous offre des planches et tous les jouets de plage que nous désirons, pourquoi s´en passer. L´ambiance, dans l´auberge, est toute différente de ce que nous avons eue dans les pousadas du reste du Brésil. Les gens qui y dorment viennent de partout dans le monde (des Chiliens fans de Zidane et amoureux de Paris, un Français qui se remet juste de la dengue attrapée dans les Caraïbes, des États-uniens qui apprennent le Portugais tant ils aiment la place et veulent y rester, etc.), les activités proposées par l´AJ sont multiples pendant la journée et le soir (depuis la partie de football jusqu´à la sortie en pub le soir, ou bien une soirée de dégustation de poisson local... dont nous n´avons pas compris le nom, mais qui était pas mal... banal...), et le caipirinha offert chaque soir (cocktail brésilien à base de cachaca... essayez, c´est super bon et très euphorisant) a le mérite d´enjouer tous les clients et de lancer la fête ! Bref, une vraie vie en communauté où les rencontres sont légion, mais où les nuits sont courtes... Malgré le mauvais temps, nous trouvons largement de quoi nous occuper : planche de bodyboard, planche de surf, vagues, sudoku, cannes à pêche et autres divertissements de plage. De retour à l´AJ, nous découvrons les plaisirs des dominos et de Fifa 2010 sur Playstation 3 avec les autres gars de l´AJ (en essayant de venger l´honneur baffoué de la France pendant la coupe du monde, mais à date, c´est difficile, les gars sont trop bons et la France perd régulièrement 6-0 contre l´Uruguay...).



Vu que le mauvais temps semble vouloir perdurer sur le littoral pauliste, nous allons changer un peu nos plans pour nos derniers jours au Brésil. Nous partons sous peu à Blumenau, un village fondé par un Allemand et dont les maisons ressemblent à celles des Playmobile et accessoirements à celle d´Allemagne... Le climat y est plus serein, et quand la pluie aura cessé, nous repartons vers São Paulo, avec halte à l´ilha do Mel pour nos dernières baignades au Brésil avant l´aventure argentine !

2 commentaires:

lys a dit…

Ah! Ah! Vous aussi vous avez un ciel gris!! Y'a pas de raison que vous ayez tout ce qui est bien ...D'accord, vous dansez la bossa nova dans les rues...et pas moi.
Lys dans la ville grise

Bibi a dit…

Eh, les amis, Bibi en a une autre!!
Ecoutez:
"Je suis Brésilien, j'ai de l'or,
Et j'arrive de Rio Janeire
Vingt fois plus riche que naguère;
Paris, je te reviens encore!"

Vous en pensez quoi? Vous voyez, Bibi y vous oublie pas.