samedi 6 novembre 2010

¡Venimus, vidimus, vicimus!

Monter au septième ciel est un rêve (voire un fantasme, pour quelques-uns) que certains d´entre nous chérissent. Dans notre cas, nous pouvons dire que c´est mission accomplie !
Le premier d´entre ces rêves était de quitter la pluie et le ciel gris que nous avait offerts l´île de Chiloé. Nous avons donc fait escale à Puerto Varas, à quelques encablures de Puerto Montt (prononcer "Puerto Mon" et pas, comme nous, "Puerto Montété"). À notre descente du bus, il faisait beau. Nuageux, mais beau (c´est-à-dire qu´il ne pleuvait pas trop). Profitant du ciel bleu, nous nous sommes précipités dans une agence de tourisme dans le but de pouvoir accéder, dès que possible, au pied du volcan Osorno, dont la cîme demeure perprétuellement enneigée. Comme il était trop tard, les agences nous ont donné rendez-vous le lendemain, histoire de voir quel serait le temps. Car s´il pleut, vente ou neige, on ne peut pas prendre le téléphérique qui mène près du sommet. Alors, en attendant (avec toujours un oeil sur les sites de météo, vu que le temps change très vite et très souvent à cause de la proximité de l´océan Pacifique et de la cordillière des Andes), nous avons parcouru le beau village qui a des teintes allemandes (nom des rues, des auberges, on sert des "Küchen" au lieu de dire des "pasteles"). Bref, sous un beau ciel bleu, nous avons profité de la ville... Et le lendemain, ¡badaboum!, il pleuvait ! Et les sites Web n´annonçaient rien de beau avant quelques jours. Pour faire court, nous n´avons jamais pu voir le volcan Osorno, à cause d´un temps pourri permanent, les excursions n´en valaient plus le coup. Nos deux occupations auront été de se prélasser une journée entière dans le spa d´un hôtel (et de voir, à travers les baies vitrées la pluie tomber à grosses gouttes) en avalant des pommes et des oranges, puis d´aller au cinéma à Puerto Montt voir Atracción peligrossa (The Town) avec Ben Affleck, en mangeant du popcorn sucré (du style Sugar Crisp). Bref, le temps de prendre notre décision et nous quittions Puerto Varas pour Valdivia, déçus de ne pas avoir pu, au moins, apercevoir le volcan.

Valdivia est une grosse ville en bord de mer, où, chance énorme, il faisait beau quand nous avons débarqué. Elle est connue pour ses excursions en bateau sur la rivière Valdivia, et, paraît-il, on peut même manger sur des gondoles, comme à Venise. Alors on a pu profiter d´une demi-journée sur les bords de la rivière, à regarder les bateaux et les énormes loups de mer se prélasser sur les quais, à voir des pélicans et plein d´oiseaux qui se donnent tous rendez-vous pour venir manger les restes que les vendeurs de poissons du marché leur envoient. La balade est vraiment agréable, et on a sorti short et lunettes de soleil pour l´occasion ! Mais nous avions toujours un oeil sur la météo car le gros "high" de notre voyage au Chili (avec le détroit de Magellan) était l´ascension du volcan Villarrica, à Pucón. Et là aussi, pas de soleil, pas d´ascension. Et les trois jours qui suivaient notre arrivée à Valdivia s´annonçaient ensoleillés.



Descendus du bus à Pucón, nous avons été accueillis par un rabateur qui nous proposait un hôtel pas cher juste à côté du bus (en fait, on espère souvent, dans le bus nous menant quelque part, que des rabateurs viendront nous proposer quelque chose de pas cher, car la plupart du temps, ils offrent le taxi jusqu´à l´hospedaje ce qui nous évite des balades interminables, sacs sur le dos et sur le ventre, jamais bien agréables). Nous y sommes allés, et outre le bon prix, l´hôtel faisait aussi agence pour l´ascension du volcan. Nous avons déposé nos sacs dans notre immense chambre et sommes allés à l´agence pour mettre nos noms sur la liste des volontaires à cette expédition andine de premier ordre. Imaginez, grimper un volcan encore en activité, visible de la ville, qui fume et que l´on peut approcher ! La tête dans les étoiles et au dessus des nuages, nous nous voyions déjà là-haut (2887 m) quand la météo nous a remis à notre place. Le lendemain, le temps n´était pas de notre côté. Ce serait pour le surlendemain... ou jamais, puisqu´ensuite, des averses étaient annoncées pour les quatre jours suivants. Bon, on a pris l´habitude d´attendre, mais là, franchement, on s´est regardés et on s´est vraiment demandés si ça valait le coup d´attendre ou pas puisque le temps change tout le temps. Mais on a décidé d´attendre. Une journée, pas plus. Pour passer le temps, entre deux averses, nous sommes allés visiter la plage volcanique de Pucón, donc noire. Au toucher, le "sable" ressemble aux Nerds de Wonka (il n´y a pas vraiment d´équivalent français en termes de bonbons) et dont la texture est aussi légère et douce que les susdits bonbons (certainement pas aussi sucrée quoique nous n´avons pas tenté de le savoir).


Et ça valait le coup ! Deux journées après notre arrivée, nous allions mettre un casque et chausser nos crampons, nous munir d´un piolet et partir faire de l´alpinisme (enfin, ici, c´est de l´andinisme !). Au moment de la confirmation que le trek aurait bien lieu, on est devenus fous. Enfin, on allait faire quelque chose au Chili, après dix jours de pluie ! On a fait nos provisions d´eau, de bouffe, préparé nos sacs et essayé nos vêtements (prêtés par l´agence et inclus dans le prix de l´excursion). À cinq heures, le lendemain matin, on était debout, le départ étant à six heures. Le temps d´avaler nos Chocopops et nos Bingochoco et le bus nous attendait. Un groupe de treize (des Autrichiens, des Hollandais, des Chiliens, des Brésiliens), de tous les âges (de vingt-cinq à cinquante-cinq ans, en gros) avec trois guides, quitte Pucón pour le pied du volcan Villarrica, à trente minutes de route. Nous en faisons partie !

En bas, il fait froid, mais on est bien couverts, et, l´ascension, qui va durer cinq heures et demie, va nous réchauffer. On se met à la queue leu-leu, et à sept heures, on est partis. Un guide prend la tête, et deux autres ferment notre peloton. Et rapidement, après trente minutes de marche dans la neige (nous commençons par remonter une piste de ski), un groupe est à la traîne, derrière. Mais pas nous ! Wow ! Nous faisons une première halte après une heure, le temps d´avaler quelques barres tendres et boire de l´eau. Et les retardataires arrivent péniblement. Nous les attendons, mais un des guides leur demande déjà s´ils vont bien ou pas, car le plus dur est à venir (et pour le coup, il avait mille fois raison). Ils continuent avec nous. Mais rendu à la deuxième halte, quarante-cinq minutes plus tard, le couple brésilien arrête. Et nous, on voit qu´en quarante-cinq minutes, on a fait à peine cinq-cents mètres ! C´est que ça monte de plus en plus, et que les six kilomètres d´ascension vont se mériter...





Plus nous montons, plus la pente se fait abrupte, plus la neige se transforme en glace et plus le vent souffle au point de nous faire tanguer. Et plus la peur de tomber est présente. Ce qui effraie, c´est de voir comme le sommet est loin et que le sol est composé de plaques de glace, et combien le chemin parcouru est très pentu. Si on tombe... Mieux vaut ne pas y penser ! Notre groupe n´est plus que de huit. Un des guides est resté avec ceux qui ont renoncé à l´ascension. Nous, on continue, en commençant à avoir mal aux cuisses et les jambes qui tremblent (de peur ou d´effort ?). Nous faisons plusieurs haltes, et, au dernier télésiège visible, nous nous sommes abrités du vent pour chausser les crampons. La première fois de notre vie. On a aussi mis des protège-mitaines, imperméables et résitants au vent. Et nous sommes repartis.
Dans le monde de l´alpinisme, ce volcan est l´un des plus faciles à escalader, mais pour nous, novices, monter un volcan comme celui-ci, c´est vraiment très difficile et chaque pas devient le dernier qu´on pense pouvoir faire. On a envie d´abandonner quand on se retrouve en queue de peloton, ce qui nous est arrivé fréquemment, quand on a peur de glisser, quand le vertige nous prend, quand le vent semble impossible à affronter, quand les jambes se mettent à trembler et quand tous les autres inconforts se mettent de la partie. Nommez-les, nous les avons à-peu-près tous vécus. Mais les crampons sont vraiment très utiles et facilitent grandement l´ascension. Chaque pas de fait est une réussite en soi et un de moins à faire. Il faut se concentrer sur ses pieds, question de ne pas s´emmêler dans ses crampons, mais aussi pour ne pas voir ce qui s´en vient ni ce qui est derrière nous. Si l´on ose se retourner, on voit alors qu´on est au dessus des nuages, que le dernier téléphérique est très loin, et que, de plus en plus, ça sent le soufre que le volcan dégage. C´est une sensation irréelle.
Lors d´une pause, un des guides nous a dit qu´on avait passé les 2000 m (on est partis de 1450 m). Mais on n´est pas encore en haut. En fait, nous n´arriverons jamais jusqu´au cratère, le vent est trop fort. Nous restons donc en haut d´une crête, au-dessus des nuages, pendant vingt minutes, en groupe, avant que le guide ne décide que nous devons redescendre... Tant mieux ! Car Guillaume commence à avoir une crampe à une cuisse... et a oublié ses bananes magiques. Heureusement, un Autrichien lui donne la sienne. Ah, la solidarité andine ! Continuer à monter aurait pris des efforts surhumains (rien de moins) et apprendre qu´on redescend n´a pas été pour nous déplaire. Et redescendre par des endroits glacés avec un précipice sous les pieds, c´est apeurant. Mais on l´a fait...









Au début de la descente, un guide a aidé Julie en lui prenant le bras, et tous les deux ont eu droit à une balade en tête-à-tête, bras dessus-dessous. Puis la descente finale s´est faite en... luge ! Tout le temps du trek, nous avons transporté une luge en plastique que nous avons mise sous nos fesses après trente minutes de retour en crampons, quand la glace a laissé la place à la neige. Et quelle descente ! Tout droit, dans la poudreuse, en se dirigeant avec le piolet ! Wow ! Ce qu´on a monté en six heures, on le descend en moins de deux heures. En fait, après vingt minutes de glissade, on a encore marché dans la neige pendant une grosse heure. Dur dur, mais bon, rien à voir avec l´ascension. En bas, avoir les pieds sur terre nous a fait du bien, nous a rassurés, car, pour vrai, le trek est très difficile (surtout à cause de l´environnement ambiant : neige, vent, froid, pente, glace et les hauteurs même si nous n´en avons ni l´un ni l´autre peur habituellement). Plus dans la tête que dans les jambes (quoique)...


Monter le volcan Villarrica aura été une expérience hallucinante, géniale, physique, éprouvante et unique. Et on l´a fait ! À noter que cette ascension a rendu notre bronzage imparfait. En effet, vu que nous portions un bonnet et un casque sur la tête et des lunettes de soleil, notre visage est vraiment rouge-bronzé, mais le front est blanc, et la démarcation du casque est très très prononcée pour Guillaume. Quant au nez de Julie, il est écarlate, tel celui de Rodolf... Mais bon, il faut savoir souffrir pour atteindre le septième ciel...

4 commentaires:

Unknown a dit…

Vraiment géniale, cette aventure !!! De l'adrénaline au-dessus des nuages, chapeau, les montagnards ! Bien aussi, le bronzage...

lys a dit…

Super, la petite balade dans la neige et les nuages! Si j'ai bien compris, c'était un peu plus rude que notre itinéraire de manif...Et avec l'équipement de pros, ça en jette vraiment! Allez, continuer à vous éclater.

lys a dit…

Le but de ce message, est de vous entraîner en orthographe afin que vous ne l'oubliiez pas; alors, avez-vous trouvé l'erreur?

Bibi a dit…

Comme Bibi sait que vous vous envolez bientôt pour l'Australie, il voudrait que vous chantiez avec lui:
"Kangourou, kangourou,
Mon gentil kangourou
Aux yeux verts au poil roux,
On t'aimait ici beaucoup.
On t'avait rapporté
Du pays des grands étés,
D'Australie,
Dans un lit,
Un petit lit de paille bien joli.

Kangourou, kangourou,
Les premiers jours furent si doux.
Tu sautais comme un fou,
Gambadant un peu partout.
Sous les arbres, dans leurs fleurs,
Tu faisais le joli cœur.
Les voisins sans courroux
Disaient : "Qu'il est gentil, ce kangourou."

Bon, la chanson, elle est plus longue que ça, mais comme la fin est un peu triste, Bibi y veut pas vous faire pleurer mais ,vous voyez, Bibi, il a pas sa langue dans sa poche...de kangourou !!!