vendredi 24 décembre 2010

Good Moniiiiing du pays du sourire

La température moyenne, de jour comme de nuit, est de plus de trente degrés. Tout le temps. Sauf dans notre chambre, heureusement, et sous la douche. Là, au moins, on peut vivre normalement. La clim’ est devenue notre meilleure amie. Sans elle, c’est la panique. Alors quand on est dehors toute la journée, on a terriblement chaud. Le soleil tape tout le temps et les litres d’eau et de jus que nous buvons et les fruits que nous avalons n’y font rien, on crève de chaud !
Le premier jour que nous avons passé ici, nous sommes allés au Wat Phra Kaeo et au Grand Palais. La place historique de Bangkok, avec ses palais en or, ses statues innombrables et colorées, ses dômes somptueux… et ses touristes. Des touristes à la pelle. De toutes les nationalités. Mais au moins, on se fait des amis, comme ça. Alors que nous attendions le début d’un tour guidé, nous nous sommes assis à l’ombre et soudainement, une meute d’Asiatiques s’est ruée sur nous ! Nous ne saurons jamais pourquoi, mais un bus complet de touristes est venu, par groupe, nous entourer pour se faire prendre en photos avec nous. Quand les uns partaient, les autres arrivaient. Ils se passaient leurs appareils les uns les autres pour avoir un souvenir de nous. Nous, on a fait pareil, et maintenant, on a des amis chinois. Ils sont repartis aussi vite qu’ils sont arrivés, mais pendant dix minutes, nous nous sentions dans la peau de Brad et d’Angelina. Quant aux temples, ils sont somptueux, vraiment. C’est super bien entretenu, les gens respectent les coutumes des temples (enlever ses souliers avant d’entrer, ne pas prendre de photos dans certains temples, ne pas montrer le devant de ses pieds à Bouddha quand on s’assoit face à lui, ne pas porter de vêtements courts).

Avec nos amis qui nous aimaient beaucoup... en fait, ils nous adulaient !










Nous avons aussi vu le fameux Bouddha allongé (Wat Pho), long de quarante cinq mètres dans un temple à peine plus grand. Il a l’air super à l’étroit, mais en regardant son visage et sa posture, on ne s’en rend pas compte. Il est super zen, Bouddha ! Et en le voyant, Wow, il transmet sa quiétude ! Même les milliers de touristes qui se ruent autour de lui ne semblent pas le perturber. Bouddha est donc dans son temple, mais autour de celui-ci, il y en a d’autres, avec d’autres Bouddhas. Car le Wat Pho est encore utilisé, et des prêtres (les fameux bonzes) y demeurent toujours. Et, entre les murailles qui entourent les temples, on trouve une école de massage thaï traditionnelle (la référence en la matière rien de moins). Pour quelques bahts, nous avons confié nos corps accablé de chaleur à des masseurs… Le massage thaï, ouf… c’est rude ! Les masseurs donnent de petits coups à certains endroits névralgiques de nos corps pour en libérer les tensions. Mais quand ils appuient sur les mollets et les cuisses, quand ils vous tordent les bras, quand ils vous plient les jointures, ça décape à en réveiller un mort ! Mais au final, que ça fait du bien ! C’est tout un art, mais un art majeur, de savoir masser.






Le dernier Bouddha que nous avons vu est le Grand Bouddha. Lui il est debout, dehors. Il fait au moins trente mètres de haut et réside entre plusieurs petits temples. Il est doré, lui aussi. Il est super zen, lui aussi, et contrairement à nous, ne souffre pas de la chaleur. Il faisait si chaud qu’on est repartis rapidement, le laissant seul dans sa canicule urbaine.


Qui dit Thaïlande, dit massage thaï, mais dit aussi boxe thaï (muay thaï). Nous avons passé une pleine soirée au Ratchadamnoen Stadium, la Mecque de la boxe thaï. Nous avons assisté à une dizaine de combats, qui commencent par ceux avec les jeunes combattants (ceux qu’on a vus avaient quoi… quinze ans ? mais avec leur gueule de tueurs, on préfère les avoir pour amis) et s’achèvent avec le combat des champions. Tous les combats commencent avec une danse rituelle des deux adversaires (une danse qui efféminise beaucoup les combattants tant ils se déhanchent de manière assez… gaie. On est loin de la danse maorie des All Black au rugby, le fameux haka), puis un orchestre (une flûte, une clochette et un tambour) commence à jouer. Durant le combat, on entend trois choses : l’orchestre, qui joue un air lancinant de plus en plus vite pour suivre le tempo du match ; les coups que se donnent les deux adversaires (et des fois, ça tape fort !) ; mais surtout, on entend la foule ! La foule qui vient pour parier (mais c’est impossible d’expliquer comment fonctionne le système de paris, tellement ça bouge dans tous les sens. On a juste vu que les gars levaient trois doigts en l’air… c’est tout.) et aussi pour encourager les combattants. On entend des « Diiiiii ! » (« Bats-toi ! ») dès que les deux lutteurs de tapent dessus. Bref, c’est bruyant et la soirée dure près de quatre heures !



Du haut de la tour Baiyoke II (309 mètres et près de quatre-vingts étages), la tour la plus haute de Bangkok, on se rend compte que cette ville est archi polluée. Nous avons été étonnés de ne pas la trouver dans le palmarès des villes les plus sales de la planète. Mais une chose est certaine, c’est que de tout en haut, si la vue est impressionnante, l’horizon n’est ni clair ni lointain : on contemple un ciel bleu-gris qui vire au gris-noir. Des tours, on en voit de tout en haut et ça donne à Bangkok de mégalopole super développée, qui côtoie un Bangkok plus traditionnelle, comme c’est le cas dans notre quartier. Des tuk-tuks partout, des vendeurs de fruits ambulants, des cantines à même le trottoir, des boutiques qui réparent, font et défont tout et n’importe quoi, des vendeurs qui crient et sourient en même temps.


Car oui, la réputation de peuple du sourire n’est pas usurpée. Les gens nous saluent tout le temps si on les regarde et qu’on leur dit « Bonjour », ils nous sourient, veulent nous parler. Ils sont toujours prêts à nous renseigner (bon, des fois, c’est pénible, nos choix de visites ne semblent pas leur plaire, alors ils nous proposent un autre tour. On s’habitue, heureusement). On est allés porter des souliers à réparer, un matin. Et le gars, dans son atelier tout miteux plein de vieilles chaussures à vendre (des souliers déjà servis, à vendre pour pas chers !) nous a fait la réparation gratuitement, un gros sourire sur son visage. Une autre preuve qu’ils sont super gentils les Thaïs (et même un peu trop que ça en devient gênant…) ? Un midi, Guillaume ayant faim et trouvant la cantine ambulante d’une petite dame bien appétissante, il se fait servir une grosse soupe bien chaude et bien épicée. Par trente degrés, c’est jamais mauvais… (Pour faire toute cette bonne nourriture, les gens vont dans les marchés publics. Nous avons visité le marché aux fleurs et aux légumes, le Thewet Flower Market, et c’est très coloré, vivant et ça sent très fort, parfois bon, parfois moins). Des ouvriers et autres habitués de la place sont déjà là qui mangent. Il y a une table que se partagent trois gars. Les autres mangent sur des tabourets en plastique. Eh bien une fois l’assiette remplie, la dame nous propose sa seule table, occupée, dit un trucs aux trois gars qui, grand sourire aux lèvres se lèvent et s’en vont manger par terre. Et Julie ne mange pas ! Eh bien ça ne semblait gêner personne… sauf nous. C’est ça Bangkok.

Chaque matin, lorsque nous quittons notre hôtel (le PenPark Place) pour déjeuner dans la rue voisine, nous croisons un vieux monsieur, assis sur une chaise, sur le trottoir, et qui est là tout le temps. Dès que nous avons croisé son regard (en fait, son œil qui peut voir, car son deuxième est blanc aveugle), il nous a salués de la main et jeté un « Good Moniiiiing » (sans le r). Et nous lui retournons les salutations. Depuis six jours, que ça dure. Finalement, un après-midi, nous sommes allés le voir pour connaître son nom (on parlait de lui comme étant « Monsieur Moning »). Il s’appelle M. Manh, et donc on l’appelle « Morning Man », maintenant. Ça fait super star de la radio. Mais on n’a rien pu savoir d’autre sur lui, il ne comprenait pas l’anglais (hormis « Moning », et nous, discuter en thaï n’est pas encore notre tasse de thé. Les seuls mots qu’on essaie de dire, en thaï, c’est « Bonjour » et « Merci », mais quand on le dit, personne ne semble nous comprendre, et quand eux semblent nous le dire, ça ne ressemble pas du tout à ce qui est écrit dans nos guides…) Mais M. Manh est très sympathique et si un prochain matin il n’est pas au rendez-vous sur sa chaise, nous serons très inquiets.

M. Manh et Julie, tout sourire.
Julie a voulu s’acheter une robe légère pour contrer la canicule permanente. Même vêtus légèrement, il fait toujours trop chaud. Tout le temps. Alors cette robe lui faisant de l’œil, nous nous sommes approchés du magasin pour examiner l’objet convoité. Un vendeur nous a sauté dessus, calculatrice à la main pour savoir combien on voulait mettre… Minute, on regarde ! Mais ici, en même temps qu’on regarde, on doit parler du prix. On n’a jamais de répit. Il nous dit que la robe est trois cents bahts(dix dollars). Comme il faut marchander (c’est comme ça, il faut marchander pour quasiment tout…), on lui que nous allons y penser mais qu’avant, on doit aller manger et qu’on reviendra ensuite. Nous nous éloignons donc de sa boutique en direction du bouiboui où nous souhaitons nous restaurer, et, au fur et à mesure que nous filons, nous entendons, en anglais, derrière nous, des « 250 ! », puis « 200 ! », puis « 100 ! ». Nous nous retournons alors et retournons à sa boutique. Dans notre tête, c’était clair que nous allions manger et que nous revenions par la suite. Bref, nous revoici à côté de lui, et le gars nous sort « Me too, time to eat. Bye ! »… Moralité : en Thaïlande, quand on s’approche d’une marchandise, c’est pour acheter ou pas. C’est maintenant ou jamais, pas plus tard ! Résultat, on a acheté la robe en face, chez une vendeuse un peu plus chère…
Avec notre plan en poche, nous avons souhaité faire le tour des temples, voir les Bouddhas en or, allongés, debout, etc. Et, souvent, nous nous sommes fait siffler par les chauffeurs de tuk-tuk. Les deux phrases que ces chauffeurs connaissent par coeur et qu’ils martèlent à longueur de journée sont « Where you from ? » (pas de verbe, ça va plus vite et la réponse importe peu, en fait) et « What are you looking for ? » (et peu importe la réponse, ils vous envoient toujours à l’autre bout !). Bref, nous disant que ce serait plus rapide d’aller voir le grand Bouddha allongé en tuk-tuk, nous avons demandé au chauffeur le prix de la course. Nous ne sommes pas très loin du palais, donc dans notre tête, c’était dix bahts. Et en plus, dans la rue, on avait vu des annonces pour visiter Bangkok en tuk-tuk pour quarante bahts. Alors le chauffeur nous regarde et se met à dire « Map ! Map ! Map ! »… On sort notre carte et il nous entoure le Grand Palais, le Grand Bouddha et le Bouddha allongé en nous proposant l’excursion pour vingt bahts ! Nan, nan, nous on ne veut que le Wat Pho, le reste on l’a vu. Sous prétexte que le site où nous souhaitons nous rendre est fermé (mon œil, à chaque fois ils disent ça pour nous mener ailleurs !), il nous propose autre chose. Calmement, nous lui répétons que nous ne voulons aller qu’au Wat Pho… Finalement, au bout de plusieurs tentatives, il nous propose quatre-vingts bahts… quatre-vingts bahts pour un site juste à côté ! Nan, on dit dix bahts. Mais nous ne nous entendrons jamais. Le truc bizarre, dans l’affaire, c’est que dans son forfait à vingt bahts, le Bouddha allongé était compris… En fait, il nous aurait arrêté dans des boutiques à gogotouristes et il aurait eu une commission. Bref, on a pris un bateau pour y aller et ça nous a coûté trente bahts, sans circulation polluante dans le nez !

Et Noël dans tout ça ? Nous avons fêté, nous aussi ! Noël sous le smog et la canicule. Pas sous la neige, comme en Europe ou au Québec. Pour nous, ce fut Noël sur le Chaophraya Cruise, un bateau qui monte et descend la rivière Chao Praya, avec repas et musique pour l’occasion. Bon, à Bangkok, les gens sont bouddhistes, alors Noël, ils s’en moquent pas mal (mais bon, le 24 décembre, on a vu des magasins mettre un Santa Claus dans la vitrine et des boutiques allumer de vieilles guirlandes, pour faire plaisir aux touristes). Mais sur le bateau, ça a groové ! On avait un super buffet où tout le monde s’est précipité sur les sushis, sur les langoustines et sur les desserts. Alors on a fait pareil, et on a bien et beaucoup mangé ! Peut-être même trop manger, mais comme c’est Noël juste une fois par an, on en a profité. Et y’a eu de la musique style karaoké, avec un chanteur thaï qui nous a sorti son répertoire et parfois se laissait aller à chanter en espagnol (Grrrr… Caliente !). Y’avait aussi un clarinettiste hyper maniéré qui était convaincu qu’on était là pour notre « Honeymoon ». On avait beau lui dire qu’on était là pour « Christmas », dès qu’il nous voyait, il nous appelait « Honeymoon »… Sinon, on a dansé et on s’est fait plein d’amis. Des « amis qu’on sait pas qui c’est »… Des Pakistanais, des Japonais, et plein d’autres. Tout le monde était hyper gentil, on s’est bien amusés. Mais on s’est amusés vite. La soirée commençait 19h et à 21h30, on était revenus. Pas le temps de traîner avec les Thaïs !




Le clarinettiste gay (le gars à gauche...)

Avec nos amis sans nom.

Bon Noël à tous !


3 commentaires:

Luce a dit…

Fabuleux, les images sont fantastiques. Vous pourrez leur dire: "Joyeux Noël" en Taïe et en anglais et en français.

Unknown a dit…

Joyeux Noël, joyeux vagabonds !
Et gros bisous !

Bibi a dit…

Bibi, y vous envoie les paroles de l'Hymne national Thaïlandais :

La Thaïlande est faite de la chair et du sang de ses citoyens
Le sol de la mère patrie appartient à ses enfants
Et demeure leur soutient permanent sans exception
Tous les Thaïs sont résolus à rester unis
Ils chérissent la paix, mais n'ont pas peur de combattre.
Ils ne laisseront jamais personne les soumettre
Ils sacrifieront chaque goutte de sang pour la Nation
Et garantir au pays une éclatante victoire

En écriture Taïe :

ประเทศไทยรวมเลือดเนื้อชาติเชื้อไทย
เป็นประชารัฐ ไผทของไทยทุกส่วน
อยู่ดำรงคงไว้ได้ทั้งมวล
ด้วยไทยล้วนหมาย รักสามัคคี
ไทยนี้รักสงบ แต่ถึงรบไม่ขลาด
เอกราชจะไม่ให้ใครข่มขี่
สละเลือดทุกหยาดเป็นชาติพลี
เถลิงประเทศชาติไทยทวี มีชัย ชโย