vendredi 23 juillet 2010

Le Machu Picchu, mieux que sur les cartes postales

En quittant Arequipa, Cuzco nous attendait, pleine de promesses. Une ville à l´architecture coloniale bien conservée avec ses rues étroites pavées de pierres inégales, ses toits en tuiles ocres qui s´étalent sous forme de cascades, ses dénivelés imposants, ses marches interminables, ses murs en pierres, ses arches, ses balcons en bois et le tout entouré de montagnes brunes à donner le vertige (3400 m d´altitude). Pourtant, Cuzco nous a semblé, malgré ce lieu enchanteur, artificielle et déshumanisée, gangrenée par le tourisme de masse. Il y a plus de touristes au mètre carré que d´habitants de la ville, les habitants que nous avons rencontrés ont perdu leur fraîcheur, leur gentillesse et leur humilité qui les caractérisent tant, selon les guides. Ils sont blasés et nous abordent directement en anglais et semblent impolis quand une réponse ne leur convient pas. La ville est très chère pour la qualité de ce qu´elle a à offrir. Les hôtels que nous avons vus sont mal entretenus à moins de payer un prix exhorbitant. De plus, parce qu´il y a autre chose de négatif à en dire, toutes les combines sont bonnes pour arnaquer le touriste, l´apâter en lui promettant mers et mondes même si ce dernier sera amèrement déçu après le service reçu. Tout est prétexte à être "Inca", sur place : le cocktail des Incas, les pâtes des Incas, l´hôtel des Incas, etc. Si les Incas sont la fierté des Péruviens, ils sont aussi devenus, malgré eux, un objet de tourisme, un label qui ne veut plus vraiment dire quelque chose tant il est utilisé à toutes les sauces. En quelques mots, disons que Cuzco est un passage obligé pour qui veut visiter le Machu Picchu, mais que n´y rester que 2 jours est bien suffisant.


Avant de se rendre au Machu Picchu, une autre étape s´impose, Aguas Calientes ! Si les habitants de Cuzco nous ont semblé ternes, déshumanisés, ce n´est rien en comparaison avec ceux d´Aguas Calientes. Ville qui a son charme par son evironnement préviligié : de hautes montagnes couvertes de verdures, village traversé par une rivière sinueuse nichée au sein d´une vallée ceinturée d´eaux chaudes et qui vit au rythme du passage du train. Par contre, son urbanisme fait peur : constructions démesurées, néons à profusion, et très rabatteur dans son approche. Rien qui ne laisse croire au pueblo tranquille perdu au milieu des montagnes. Les prix sont de trois à quatre fois ceux de Cuzco (les touristes se sentent immédiatement pris au piège, puisqu´aucune alternative n´existe) et ils ont tendance à augmenter selon la volonté des commerçants. Les prix augmentent à la tombée de la nuit et aucun prix n´est affiché dans les épiceries ou les dépanneurs, ce qui laisse le soin au commis de le modifier en toute quiétude. Si le premier épicier vous a semblé cher, ce n´est rien en comparaison au deuxième et au troisième ! Mais oui, il y a moyen de s´en sortir pour pas trop cher. Il suffit d´aller à l´épicier du coin et de tout acheter pour faire un sandwich à la condition de ne pas s´attarder à confectionner son sandwich en plein milieu de la rue. Pour donner un côté "authentique" que les touristes recherchent, dans chaque restaurant, débarque un groupe de mariachis en habits traditionnels, qui joue tour à tour les morceaux du folklore péruvien... et qui vous envoie pêtre si vous ne lui donnez pas une pièce après sa représentation...




Mais bon, nous allions à Cuzco et à Aguas Calientes pour le Machu Picchu. Et nous en avons eu pour nos "soles" car le site est absolument génial, démesurément beau... Quand on se retrouve en haut, à 2500 mètres, face au site, quand on voit, de nos yeux ce qu´on voit d´habitude sur les cartes postales, on est estomaqués. Et nous avons eu de la chance, car quand nous y sommes allés, nous n´avons vu aucun nuage. Juste le soleil qui tape fort, très fort, même. Les jours précédents, il avait fait maussade et même plu. Nous nous sommes donc levés à 4 heures du matin, afin d´être parmi les premiers à visiter le site. Les premiers bus quittent Aguas Calientes à 5h30 et arrivent au Machu Picchu un quart d´heure plus tard. Nous étions dans la ligne d´attente des bus à 4h45... et la file était déjà très, très longue. De notre chambre, nous avions vu des lumières, dehors : les lampes frontales de ceux qui montent la route menant au Machu Picchu à pied pour arriver avant tout le monde et avoir une des quatre cents places quotidiennes distribuées pour monter le Waynu Picchu, un autre site qui surplombent le Machu Picchu. Comme nous avons pris le bus, nous n´avons pu avoir ce billet, nous sommes arrivés trop tard. Mais qu´importe, le Machu Picchu vaut tous les réveils matinaux du monde...



Une fois les nombreuses files d´attente passées, nous étions sur le site. Avec Gayla et Jack, deux Canadiens rencontrés la veille, nous avons donc choisi de gravir la Puerta del sol. Une grosse heure de trek pour arriver au point le plus élevé du site. Pendant notre ascension, le soleil se levait. Quel spectacle ! Le contraste entre les ombres et la lumière dans les montagnes et sur le Machu... Et nous voyions le site du Machu Picchu de plus en plus petit à mesure que nous grimpons, mais c´est là qu´on est restés stupéfaits par l´environnement. Le Machu Picchu est entouré de jungle verte, et au loin, des monts enneigées et des sommets perdus parmi d´autres sommets. En tant que tel, le Machu Picchu est superbement conservé, mais c´est surtout le cadre géographique qui lui donne toute sa splendeur.







Durant notre montée vers la Puerta del sol, nous croisons de petits groupes de randonneurs qui descendent vers le Machu Picchu. Ce sont ceux qui ont fait l´Inka Trail, le chemin des Incas, menant de Cuzco au Machu Picchu. 3 ou 4 jours de randonnée, et des mollets bien fermes au final. On se salue tous à chaque fois et tout le monde a conscience que, devant soi, c´est le Machu Picchu qui se découvre. Une fois en haut, nous le contemplons et après une pause bien méritée, nous revenons sur nos pas pour visiter la ville (1800 personnes vivaient à cet endroit avant la conquête espagnole). Notre guide nous attend et nous fait visiter la ville pendant 2h30. On croise des lamas, des perroquets... et beaucoup de touristes. On visite donc des maisons, des temples, des amphithéâtres, des jardins. La visite est fascinante et le soleil de plomb, ce qui me (Julie) vaudra des coups de soleil à la hauteur de ce qu´offre le Machu Picchu. Nous terminons par 3 heures de visite libre (avec, entre autres, le petit pont des Incas, fait de rondins de bois, que l´on peut voir après une marche le long d´un précipice vertigineux) et chaque fois que nous regardons le Machu Picchu, nous nous disons que vraiment, c´est extraordinaire, et qu´on y est ! "¡Hola cinco!"*







Le lendemain, nous avons passé la journée à suivre les traces de la vallée sacrée des Incas (Pisac, Urubamba, Chinchero et Ollantayambo). Comme pour Cuzco, le tourisme a pris le dessus sur l´authenticité des sites. Le marché de Pisac se trouve là où les bus touristiques s´arrêtent, mais les ruines valent le coup si on parvient à se glisser entre les touristes. Quant aux ruines d´Ollantayambo, toutes en hauteur, elles aussi sont belles, et le panorama vaut le détour, mais les bus de touristes sont bien trop nombreux. Le Machu Picchu a réalisé que le tourisme pourrait nuire à la conservation de son site et a donc décidé de limiter le nombre de touristes qui viennent chaque jour. Les autres sites pourraient sans doute en faire de même.

Nous quittons donc la région de Cuzco avec les images du Machu Picchu en tête. Elles valent mieux que les déceptions de Cuzco et d´Aguas Calientes. Nous continuons notre route vers la Bolivie, en passant par Puno et le mythique lac Titicaca.

* Traduction libre d´un "High five" espagnol...

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Hola cinqo pour le Machu Piccu!! J'aime bien le lama dans les ruines...mais où sont les condors?
Allez, continuez votre route,sur le dos de mon bel oiseau, je ne vous quitte pas des yeux.
Lys, toujours dans son petit village.

luce a dit…

Maintenant j'ai la plus belle photo
du Machu Picchu avec 2 personnes que j'aime comme fond d'écran.savidmi

Matthieu a dit…

Magnifique!

J'imagine le lever du soleil sur le Machu Picchu. Ce petit moment où on prend conscience des secondes qui s'égrainent pendant qu'on s'imprègne de toute cette beauté!

Je vous envie tellement! :)

Michèle G a dit…

Bizarre, mon commentaire s'est retrouvé à la mauvaise place. Le revoici.

Encore un compte-rendu passionnant. Je me revois, il y a presque 30 ans, passant la Puerta del Sol à la tombée du jour, après quatre jours de marche sur le Camino del Inca. Une vision magique sur le site du Machu Picchu (vos photos sont superbes). Et d'un autre côté, je me désole de voir comme ça a changé. Aguas Calientes n'était qu'un tout petit village, Cuzco avait encore une dimension humaine. Mais bon, c'est l'évolution...
Bonne continuation... en espérant que Taquile ne soit pas envahie de gratte-ciels!