lundi 10 janvier 2011

Les trois facettes de Georgetown

On ne va pas vous faire languir trop longtemps. Avouons-le d'emblée, on trippe sur la Malaisie (la preuve, on a un tas de photos à vous montrer).
Avant de la rejoindre depuis Phuket, nous avons passé une journée à Hatyai, à quelques kilomètres de la frontière malaisienne. Cette ville, déconseillée aux routards par les guides à la suite d'attentats contre des places touristiques (qui datent de 2007), nous a donné une idée de la mixité sociale qui nous attendait en Malaisie. Dans Hatyai, on croise des femmes voilées (intégralement ou en partie) avec des hommes barbus portant un fez (en Asie, ce chapeau s'appelle un "rumi topi"), et autour d'eux, circulent des Thaïs, des Chinois et des Indiens. Tous cohabitent paisiblement. Si Hatyai n'a rien de splendide en tant que telle, au moins, nous avons été plongés, pendant 24 heures, dans une ville authentique que le tourisme n'a pas polluée. Globalement, nous avons bien aimé, et, le 7 janvier au matin, nous avons pris une minivan en direction de Georgetown, sur l'île de Penang en Malaisie (oui, on avait dit "plus d'île, maintenant", et on a quand même fait Phuket puis Georgetown, mais on accède aux deux par des ponts et aucune secousse ne donne envie de vomir). La douane se passe sans problème à Bukit Kayu Hitam et, en quatre heures, nous étions sur notre île (en fait, nous avons mis un peu plus de temps, notre van ayant été arrêtée sur l'autoroute par la police malaisienne, sans doute pour un excès de vitesse).
À l'arrivée à Georgetown, on se croyait en Inde (l'arrêt du bus se trouvait dans le quartier indien) ! Le choc total ! Ça sentait les épices, les gens que nous croisions étaient foncés comme des Pakistanais, les femmes portaient des robes colorées (les fameux saris)... Wow ! Quel changement d'univers en l'espace de quelques heures de route. Une fois nos affaires posées dans le vraiment agréable Love Lane Inn (40 ringgits la nuit, soit 10 dollars, au carrefour des quartiers indiens et chinois), nous sommes partis à la découverte de cette surprenante ville.
Nous avions vu le côté indien de la population (impossible à manquer, vous n'avez qu'à suivre les odeurs insistantes d'encens ou la musique Bollywood mise à 4000 décibels dans la rue), mais par la suite, ce sont les communautés musulmanes puis chinoises que nous avons rencontrées. Chacune a ses quartiers bien spécifiques, et une fois dedans, on baigne tantôt à Dehli, tantôt à Marrakech, tantôt au coeur de Pékin. C'est fabuleux !







Et les gens que nous avons rencontrés dans la rue sont aussi souriants que les Thaïs, mais en plus ils viennent converser avec nous, sans rien avoir à nous vendre. À aucun moment on se demande quand il va falloir parler du prix. Ils sont curieux de nous et si on se met à leur sourire et à leur parler, on pourrait presque devenir leur ami Facebook. Et il faut parler des femmes musulmanes. On en a rencontré qui portaient la burqa intégrale, d'autre juste un voile, mais le plus étonnant là-dedans, c'est que derrière ce côté traditionnel, elles vivent de manière hyper moderne, presqu'occidentale : elles se maquillent, sont coquettes, communiquent avec leur IPhone, et sur les panneaux publicitaires, elles sont omniprésentes (et pas juste pour vendre de la lessive ou des tampons hygiéniques). À Georgetown, on en a vu plein qui conduisaient les autobus de la ville. Et ce sont des femmes qui ont tamponné nos passeports à la frontière. Bref, elles semblent vraiment intégrées dans la vie de la cité.
Comme vous le comprenez, on adore Georgetown, et cette cité nous donne très envie de découvrir le reste de la Malaisie (ça tombe bien, on a prévu d'y rester quelques temps). Nous avons donc loué un scooter afin de partir faire le tour de l'île et d'aller ainsi de merveilles en merveilles.

Cela a commencé avec la route menant au barrage situé en haut de la colline d'Ayer Itam. Un chemin vallonné à travers une forêt verte et très dense y mène et, en route, on croise pleins de petits singes sur l'asphalte, qui rejoignent la forêt et les arbres quand un moteur les effraie. Du barrage, on a une super vue sur la ville.

En redescendant, on accède au temple Tek Lok Si, le plus grand temple bouddhique du pays. Il est impossible d'en ressortir stressé, Bouddha et ses amis sont partout. Il y a des temples et des pagodes dès qu'on tourne la tête. Des lampions en papier de riz rouges et jaunes décorent tous les plafonds. Toutes les pièces sont plus bouddhiques les unes que les autres. Et comme le nouvel an chinois approche (cette année, ce sera au début février et on fêtera l'année du lapin) les temples se refont une beauté et les ouvriers réparent, redorent, peignent et balaient tout ce qui peut l'être. Afin de travailler mieux encore, ils écoutent de la musique "cheesie-indy façon Bollywood". Mais ils travaillent bien, et avec le sourire. Plus haut, la statue de la déesse Kuan Yin, haute de plusieurs dizaines de mètres, trône. Autour d'elle, se trouve un jardin plutôt cosmopolite : outre les douze signes du calendrier chinois, on trouve des petites statues de déesses et de dieux, entourées de statues de Mickey et de Minnie. Donald devait jouer dans la mare aux canards pas loin. Des bancs en forme de chien sont là pour accueillir les fesses du monde entier. C'est très surprenant, coloré, mais quel ensemble hétéroclyte.











L'année du cochon pour Guillaume.

L'année du chien pour Julie.






En continuant la route qui fait le tour de l'île, nous avons fait une halte au Tropical Fruit Farm. Pour 48 ringgits, on a droit à la visite guidée d'une plantation d'arbres exotiques fruitiers (ananas, figues, fruits du dragon, papaye, guyaves rouges, starfruits, bettlenuts, fruits de la passion, et bien d'autres) puis on les goûte. Un buffet est en effet proposé et on prend tout ce qu'on veut et en plus on nous offre un jus de notre choix. On s'est fait des amis libanais, venus en Malaisie pour leur voyage de noces. On ne connaît pas leur nom, mais ils nous ont invités chez eux à Tripoli (au Liban, pas en Lybie). Hélas ils ont oublié de nous donner leur adresse. On les a baptisés "Papaya" et "Mamaya"...

Le fruit du dragon.

L'ananas.

La papaye.

Le durian.



En terminant notre boucle (environ 70 km), nous avons croisé de belles plages et des mosquées. L'ensemble se marie vraiment bien et le caractère des gens est tellement fraternel et amical qu'on a envie de connaître tous les gens qu'on croise et de faire la vague avec eux pour Bouddha qu'on aime de plus en plus.



La ville de Georgetown aussi est magnifique. On y voit des temples bouddhiques (comme le Wat Chayamang Kalaram, avec son bouddha allongé de 33 mètres) et des temples birmans (le temple bouddhique Dhannikarama, super kitsch avec toutes ses statues en plâtre représentant des scènes religieuses ou du quotidien), entre autres.















Dans le centre historique, encore des édifices sacrés: des temples chinois (le Goddess of Mercy Temple, le Teochew Temple, le Khoo Kongsi ou le Hainan Temple) et des mosquées (la Benggali Mosque ou la Kapitan Kling Mosque, près de notre hôtel), et il y a même une église catholique en ville mais on ne l'a pas visitée... Et tout le monde cohabite. C'est fabuleusement exemplaire ! Les édifices religieux sont entretenus avec soin et le soir, en mangeant dehors, on les voit s'illuminer alors que le muezzin fait l'appel à la prière.






Histoire de vouloir rivaliser avec la coquetterie des Indiens (des coupes de cheveux parfaites, style brushings des années 1970, moustaches peignées, lustrées et bien fournies), Guillaume est allé se faire couper la barbe chez un barbier indien. Pour 10 ringgits, le barbier lui a coupé la barbe (utilisant blaireau et coupe-choux, comme il se doit), mais aussi les poils des oreilles, ceux du nez, les sourcils et, pour finir, il lui a fait craquer la nuque ! Un vrai pro ! Pas une seule coupure. Les Indiens sont devenus ses héros.

Enfin, il faut parler de la nourriture. Nous avons mangé dans le quartier indien un succulent agneau avec du riz, dans une cantine populaire. Les gens mangeaient avec leur main (avec la droite, la gauche servant aux besoins intimes, alors pas droit à l'erreur) et c'était très bon et pas cher (entre 6 et 15 ringgits pour deux, boisson comprise). Dans une autre cantine, on nous a servi du butter chicken bien épicé et du poulet tandoori. Ici, pas d'assiette mais une feuille de bananier sur laquelle les serveurs posent du riz, des légumes épicés (mais comme toute leur bouffe est épicée, ça ne sert plus à rien de le spécifier) et des pains naans (sans doute les meilleurs que nous ayons mangés à vie). C'est succulent ! Les mangos lassis sont divins et tellement parfumés. Par contre, il faut faire attention, car quand on demande un verre d'eau, le serveur vous en apporte un... Mais l'eau y est chaude ! Il faut bien spécifier qu'on veut de l'eau froide (il faut demander "air bersih" pour l'avoir fraîche). En ressortant, on était au nirvana chez Bouddha et cie (pour les curieux, c'est chez Sri Ananda Bahwan qu'on était). Comme dessert, nous avons découvert les puthus, petits gâteaux à base de farine de riz que l'on trempe dans de la poudre de coco et recouvert de cassonade. Inédit et délicieux.



On a aussi expérimenté le quartier chinois. Nous sommes allés, à la cantine Tai Tong Restoran. Du canard, du riz épicé au porc et une sorte de renversé au riz et porc sucré... Très bon ! Dans cette cantine, il y en a du monde ! Des serveurs poussent des charriots plein de bouffe et il suffit de lever le bras et de désigner ce qu'on veut pour que ça se retrouve dans notre assiette. Dans la rue, c'est plein de petits stands où on mange des nouilles ou du riz pour 6 ringgits pour deux, en regardant les Chinois courir dans tous les sens afin de servir leurs clients le plus vite possible. Quant aux jus de starfruit, de fruit du dragon, de goyave rouge et de melon d'eau, ils sont frais et vendus pour une bouchée de pain dans la rue (1,5 à 2 ringgits) ! Pour les amateurs de ice-coffee, la Malaisie se défend aussi bien que la Thaïlande ou le Viêtnam.

On sent qu'on va se régaler, en Malaisie. Le multiculturalisme de la ville, et sans doute du pays, se ressent autant dans la population qu'on croise que dans notre assiette. Mais pour le moment, nous prenons la route de Tanah Rata, dans la région des Cameron Highlands, au centre du pays, pour visiter des plantations de thé.

1 commentaire:

Luce a dit…

Ça m'a tout l'air que vous allez prendre plaisir avec tous vos sens dans ce milieu multiculturaliste.