mercredi 6 octobre 2010

De retour au pays de Pachamama

Après Salta, nous quittons vers le nord, en direction de Pumamarca, au pays de roadrunner (Bip Bip !). Arrivés sur les lieux, nous faisons la connaissance d´un couple de Québécois, Fred et Julie (si on est nés au Québec dans les années 1970 et 1980, on n´échappe pas à ces prénoms !). Ils sont en vacances pour trois semaines et font le tour du nord de l´Argentine. Ils ont loué une voiture pour quelques jours, question de gagner du temps en transport (pas fou quand on voit le prix des trajets en bus...). Pour les deux prochains jours, nous allons donc voyager à quatre.
En après-midi, nous partons en direction de la Quebrada de Humahuaca, une grande région rocheuse aux couleurs multiples et qui ressemble parfois à un canyon. Sur la route y accédant, les villages s´espacent, la végétation fait place aux cactus, la terre rougit, les rochers se multiplient, la route s´allonge, le soleil se fait de plomb et le vent occupe tout l´espace ambiant (et quand le vent souffle fort sur un chemin de terre, mieux vaut avoir ses lunettes sur le nez et du shampooing dans son sac !). La présence humaine cède peu à peu la place à la nature qui déploie toute sa beauté et son immensité (dit comme ça, ça fait très guide de voyage, mais c´est vraiment ça !). On rencontre parfois une maison faite de terre, et on se demande comment vit son locataire, tellement isolé de tout... La route sillone les montagnes colorées qui prennent l´allure d´une palette de peintre. La lumière d´après-midi accentue les couleurs environnantes. La nature nous en met plein la vue : champs de cactus, montagnes aux couleurs ocres, rouges et aux différents dégradés, nuages à flan de montagne, rochers sculptés par le vent et l´eau. La voiture avale kilomètres sur kilomètres sans rechigner, à notre plus grand plaisir. Fred et Julie sont parfaits pour voyager puisqu ils s´extasient verbalement devant toutes les beautés qui s´offrent à eux, ce qui augmente notre plaisir devant ces découvertes. Sur la route, nous changeons même de tropique pour passer au tropique du Capricorne ! Le changement est signalé par un panneau et un monument.
Nous poussons jusqu´au village de Humahuaca, au nord de la Quebrada, mais bon, le village semble pour le moins délabré et prend l´allure de ce qu´on a parfois vu au Pérou et en Bolivie (des maisons pas finies, des terrains vagues pleins de détritus en tout genre, des chiens errants... Beau cadeau pour Pachamama qui fait son retour aprés un mois et demi d´absence... Des restaus portent son nom, des hôtels aussi...). Le lendemain matin, nous partons sillonner les rues de Pumamarca à la recherche du meilleur point de vue pour admirer le Cerro de los siete colores (montagne aux sept couleurs). Il ne faut pas y aller trop tôt sinon l´ombre du soleil levant cache les magnifiques couleurs de cette exceptionnelle montagne. Nous trouvons une butte à deux pas de notre hôtel qui nous offre un point de vue global et idéal pour prendre des photos (ce que nous avons fait à cœur joie, sans nous faire prier).

Après quelques emplettes au village (question d´acheter quelques feuilles de coca, le maté nous manquait trop...), nous nous dirigeons vers les Salinas Grandes (désert de sel). Il n´y a que 75 kilomètres entre Pumamarca (1800 mètres d´altitude) et les Salinas Grandes, mais à l´office du tourisme, on nous dit que cela prend deux heures trente pour s´y rendre. En prenant la route, nous comprenons immédiatement pourquoi. D´une part, la route s´élève vers un col à 4170 mètres (d´où la nécessité d´un bon maté de coca). Elle serpente les montagnes avec une inclinaison qui nous fait ralentir. D´autre part, les paysages que nous traversons sont à couper le souffle, il faut donc souvent faire des arrêts photos. Nous pénétrons des champs de cactus qui se trouvent "à portée de main" (mais pas touche !). Les cactus sont sur le bord de la route jusqu´en haut des montagnes. En pouvant les approcher (ce qui est vite dit puisqu´ils sont protégés par des buissons épineux), nous nous apercevons qu´ils sont énormes (plus massifs que ceux nous avons pu voir au Mexique, en Tunisie ou encore en Arizona). Les aiguilles sont plus longues et plus incisives qu´ailleurs (bref, s´en approcher est parfois périlleux et en plus, par terre, il y en a des petits sur lesquels nous risquons de marcher n´importe quand...). La concentration de cactus nous a laissé pantois.
La route continue en lacets de plus en plus serrés et c´est en regardant vers le haut que nous pouvons constater jusqu´à quel point nous allons monter haut (par chance, nous avons notre maté de coca pour combattre le soroche - mal d´altitude - en particulier pour Fred, notre conducteur, pour qui il s´agit de la première ascension). Rendus tout en haut, nous contemplons depuis un mirador, le chemin parcouru et ses interminables lacets qui augmentent avant l´arrivée au sommet, le tout dans un cadre rougeoyant avec le dessus des montagnes à portée de main. Plus loin, sur la route, nous apercevons des vicuñas, signe incontestable que nous sommes bel et bien dans les Andes. Un troupeau est éparpillé proche d´un ruisseau gelé. En les approchant, nous pouvons entendre - pour la premiere fois ! - le son qu´ils émettent entre eux pour signaler notre présence. Une sorte de rire étrange qui semble se moquer de nous et qui nous fait bien rire. Et en haut, il vente toujours, vraiment fort. Le point culminant, signalé par une pancarte, s´appelle El Quemado (le brûlé), ce qui en dit long sur la végétation quasi inexistante (juste des petites herbes rases et des pierres...).
Nous poursuivons notre route et, cette fois-ci, nous arrivons vers un plateau à 3500 mètres. En descendant, une tache à l´horizon apparaît qui contraste avec la rougeur environnante, les Salinas ! Elles sont d´un blanc immaculé en comparaison aux teintes ocres des alentours. Arrivée a leur hauteur, la route plonge en plein sel. De chaque côté, elle est bordée par cette blancheur qui brûle les yeux, par cette chaleur et cette aridité fait craquer le sol et la peau de ceux qui y travaillent. Seul le vent permet d´échapper a cette chaleur écrasante, rendant même la température ambiante très fraîche. Par contre, rien ne peut protéger du soleil (pas même la crème solaire !), ce qui nous vaudra a la fin de la journée un (beau) visage de raton laveur (à cause des lunettes) et un visage de Peau-rouge (heureusement, les Advil ne sont jamais bien loin). Sur le site, qui est en fait une carrière de sel et donc un lieu de travail, nous retrouvons une maison dont les murs sont entièrement faits de sel ! C´est un abri où viennent se poser les gars qui exploitent les salines. Par terre, des tonnes de sacs de sel attendent d´être mis dans les camions afin d´alimenter l´Argentine en sel. À première vue, nous pourrions presque confondre tout ce sel - toutes ces montagnes de sel ! - avec de la neige si l´air n´était pas aussi salin. À respirer cet air, nos lèvres se déssèchent, nos visages ont l´impression de subir une exfoliation en règle et notre bouche s´emplit d´une désagréable impression d´avoir avalé la tasse (comme à la mer). Le sol ressemble a des carreaux de cuisine tant il est surélevé par la force du vent, qui a créé une barrière naturelle de sel protégeant un petit lopin de terre. Des trous sont creusés dans le sol et, avec l´aide de l`eau de mer, se remplissent d´eau qui sous l´effet du sel prend une couleur bleutée inattendue. Lorsque l´eau s´évapore, le sel peut ainsi être facilement recueilli puisqu´il est plus friable. En y plongeant la main, celle-ci devient peu à peu blanche et le sel se crystalise rapidement. Les Salinas Grandes s´étendent et ne sont délimitées que par de lointaines montagnes très pales. Cela nous donne toute la lattitude possible pour déjouer la perspective et nous amuser en prenant des photos surréalistes... jusqu´à ce que le soleil nous rappelle sa présence.




Aucun chapeau ne peut résister au vent qui règne dans les environs, il nous faut donc rentrer après quelques heures après avoir défié chaleur, soleil, vent et perspective.
Le retour à Salta s´annonce long après une telle journée où les kilomètres de routes ont été plus facilement avalés que la nourriture (pour manger dans le coin, ce n´est pas compliqué, il n´y a rien...). Un retour obligé à Salta pour un peu de repos avant de reprendre la route vers la Vallée de la lune, un peu plus au sud.

4 commentaires:

Bibi a dit…

Aïe! Aïe! Aïe! Bibi s'est piqué!!
" Le monde entier est un cactus
Il est impossible de s'asseoir,
Dans la vie, il n'y a qu'des cactus
Moi j'me pique de le savoir,
Aïe! Aïe! Aïe! Ouille! Aïe! Aïe! Aïe!"

Allez, sans rancune, la prochaine fois, je vous raconterai l'histoire de Doyou!
Votre grand ami, Bibi.

Michèle G a dit…

Toujours aussi passionnant de vous lire et de voir vos photos (que c'est beau!). Prenez un petit maté à ma santé et si vous avez l'occasion, écoutez pour moi quelques vieilles chansons d'Atahualpa Yupanqui.

lys a dit…

Super, les photos! J'aime bien le doigt du cactus dressé vers le ciel, vous deux dans le sel( on dirait de la neige)et toutes les autres...
Bisedelyse!

Julie a dit…

Haha!!!! Super les photos perspectives! On vous envoie les nôtres très bientôt!!! Vous auriez du voir l'état de malpropreté total de la carrosserie de la Gol quand on l'a remise à la compagnie...c'est que le sel et le sable, ça use!
Le gars a juste dit : "Bah, c'est toujours comme ça."
Êtes-vous rendus à Mendoza??
Prenez soin de vous!
Julie (de Julie et Fred) xx