lundi 11 octobre 2010

Des vieilles pierres... aux jeunes vignes

Une rencontre en entraînant d´autres, cette dernière semaine fut riche en nouvelles connaissances. En effet, après nos quelques jours passés à Salta et dans le désert de sel avec Julie et Fred, nous sommes partis vers le sud, à La Rioja, où, après quelques heures, nous avons fait la connaissance de Sophie et Nicolas, deux Français, travailleurs humanitaires, elle médecin, lui pharmacien, en vacances en Argentine, mais vivant, pour le moment, en Guyane française (après quelques pérégrinations en Afghanistan et au Congo, entre autres).
Comme nous, ils étaient venus à La Rioja dans le but de visiter les deux parcs régionaux d´Ischigualasto (la Vallée de la lune) et de Talampaya. Et, comme nous, ils pensaient se rendre à San Agustín de Valle Fértil, un village tout proche de ces deux parcs, afin de dégoter un tour moins cher que depuis Salta ou La Rioja. Le problème, c´est que les bus pour y aller ne sont pas légion et qu´ensuite, rien ne nous assurait de trouver une excursion pas chère. Quant à La Rioja, c´est une ville assez quelconque où tous les magasins ferment entre midi trente et dix-sept heures trente (comme un peu partout en Argentine... inutile de dire qu´à ces heures de canicule, les villes ressemblent à des villes mortes de Far-West, Clint Eastwood en moins... de quoi faire la sieste sans culpabiliser), et les agences de voyage sont très discrètes. Du reste, le jour de notre arrivée à La Rioja, un dimanche matin, tout était fermé ! Nous avons passé une grosse heure, au petit matin, à chercher désespérement un hôtel, guide en mains, avant d´en trouver un. Mais comme se balader avec une enclume sur le dos n´est pas super agréable, nous avons posé nos fesses dams l´unique restaurant ouvert de la ville, qui servait café et medialunas. Comme nous avions besoin de recharger les batteries, nous sommes tout naturellement allés faire le plein d´énergie chez... ESSO (oui, oui le même que l´essence) ! Nous avons mangé chez ESSO La Rioja ce matin-là et c´était super bon ! Au point que le soir, nous y sommes retournés...
Bref, Sophie et Nicolas, dans la même situation que nous, nous ont proposé de louer une auto à quatre. De loin le meilleur plan pour visiter les deux parcs. Nous sommes donc partis le mardi matin très tôt pour le parc d´Ischigualasto (la Vallée de la lune), situé à une centaine de kilomètres de La Rioja. Là, on est en pleine pampa-désert. On croise des vicuñas, des cactus, des roches rouges, des oasis perdus en plein désert (non, c´est pas vrai... ce sont juste des mirages...). Bref, il fait une chaleur hallucinante (pendant qu´il commence à neiger au Québec... vive le Parc des Laurentides) et nous arrivons après trois heures au parc régional. L´entrée coûte soixante dix pesos et nous suivons, en auto, un guide véhiculé. Ça donne au convoi un aspect "safari", et quelques haltes sont prévues durant les trois heures de promenade véhiculée. Réguilièrement, nous nous arrêtons et notre guide nous explique l´histoire de toutes ces vieilles pierres (c´est beau, mais bon, des pierres et des couleurs, on en a tellement vu, qu´on en vient à appeler les roches colorées de ce parc classé par l´UNESCO "toutes ces vieilles pierres"... ça a un côté un peu blasé, mais pas du tout. Ou pas encore, en tout cas.), des strates de calcium, azote, permenganate de potassium et que sais-je encore. On est un peu perdus dans toutes ces explications savantes, alors on lâche ses paroles pour ne faire que regarder. Le paysage de ce parc est vraiment sublime : des couleurs inombrables, des reliefs variés (le sphinx se trouve même en Argentine), et même des coyottes ! On est encore dans le pays de Roadrunner ! Le parc s´appelle Vallée de la lune pour son côté désertique et désolé, mais à bien y regarder, il est bien coloré quand même.


À la fin de ce safari, nous décidons de poursuivre jusqu´à Talampaya et son fameux canyon. Encore deux heures d´auto sous un soleil de plomb. On n´a pas intérêt à manquer d´essence... Nous arrivons à l´entrée du parc (trente pesos de droit d´entrée et soixante dix pour la balade) et nous montons tous les quatre dans un petit bus (obligatoire de l´emprunter pour la visite) qui suit un circuit précis et quatre haltes, avant, dans et après le canyon. La visite est surprenante et le paysage super aride (mais qu´est-ce qui ne l´est pas dans cette région ?). Le soleil tape tellement que sortir sans chapeau est synonyme de coup de chaleur assuré ! Mieux vaut toujours avoir une boîte de Tylenol avec soi, dans le coin. Nous ne sommes pas déçus de ce que nous voyons, mais si parfois, ça fait un peu redite comparé à ce que nous avons vu dans la région de la Quebrada de Humahuaca. Mais quand nous savons que, d´ici une semaine, nous serons dans un paysage de glaciers, et que dans un mois et demi nous serons au pays des kangourous, nous ne boudons pas notre bonheur de voir toutes ces "vieilles pierres". D´autant plus que la compagnie de Sophie et de Nicolas est très agréable et que nous pouvons parler voyage sans nous en lasser...



Les rencontres, donc, ont continué peu après. En effet, aprés La Rioja, nous sommes descendus dans la superbe ville de San Juan. Les paysages changent du tout au tout. Et faire le voyage de jour en vaut le coup. En effet, les environs de La Rioja ne sont que déserts et poussière, mais, plus nous approchons de San Juan, plus on voit des prairies et des... vignobles (qui ne sont pas des mirages fort heureusement) ! Bacchus, nous voila ! D´un bord de la route, parfois, on voit du sable et des roches arides ; de l´autre, ce sont des plants de vigne. Et, à l´approche de San Juan, ce ne sont que des vignes ! Nous ne sommes qu´à deux heures au nord de Mendoza, après tout. La carte des vins et des vignes à visiter s´annonce chargée et il va falloir choisir...
À San Juan, nous avons commencé par le Musée du vin Santiago Graffigna. La visite et la dégustation sont totalement gratuites. Et le tout avec un professionnalisme époustouflant ! On apprend tout sur l´histoire de la famille d´Italiens qui a fondé ce vignoble il y a plus d´un siècle, sur la façon de faire le vin et sur l´internationalisation du marché du vin. C´est une superbe visite pour avoir une bonne introduction sur la route des vins dans la région. Nous avons ensuite pris un bus (le 24 à partir du terminal pour ceux qui cherchent, l´information touristique donnant autant de versions qu´il existe de cépages dans la région) pour rencontrer les jeunes vignes de la champañera Miguel Más (depuis 1998), un viticulteur qui a créé un vin "façon champenoise" (avec des bulles, comme le champagne, mais il ne peut utiliser l´appelation "Champagne". Mais c´est tout comme.) qu´il mélange à du vin rouge (d´ailleurs nous avons acheté un "champagne" rouge dont nous vous donnerons des nouvelles dès que nous y aurons goûté) ! Son exploitation est petite comparée à celle des Graffigna, mais les produits qu´il propose vont du rouge au blanc, en passant par la champagne et même au vinaigre balsamique. Là encore, une visite fascinante par un homme passionné qui fait son vin pour le plaisir de cultiver. Ceux qui vont à San Juan doivent lui rendre visite !

Pendant la visite, un couple d´Australiens s´est joint à nous. Lui, c´est Tim, elle, c´est Ruth. Mais lui, c´est la copie conforme de Karl Lagerfeld ! Un gars qui visite des vignes sous un soleil de plomb en chemise blanche et manches longues, les cheveux blancs en arrière et des lunettes noires. Ne lui manquaient que l´éventail et on défilait tous ensemble dans les vignes ! Ils étaient là car Karl (enfin, Tim...) veut écrire un livre sur le vin alors les deux visitent des exploitations viticoles en Argentine, au Canada, en Californie, en Australie, etc. Nous avons visité ensemble puis nous leur avons demandé si on pouvait monter dans leur voiture pour les suivre, puisqu´ils allaient en visiter d´autres (le prochain bus étant dans trois heures ; pour une ville qui mise sur l´oenotourisme, ça manque de nez). Pas de problèmes, nous disent-ils. Alors, nous montons dans la voiture de ce couple très "BCBG"...
Lui, il écrit, et elle, elle le conduit. Enfin, elle essaie de conduire ! En Australie ils conduisent á droite et en Argentine à gauche : ça doit expliquer le fait quelle conduisait les deux roues de droite dans le fossé. Mais en plus, deux fois, on a failli avoir des accidents (un chien a voulu se suicider sous nos roues, puis elle a eu peur à un carrefour, alors elle a freiné sec sans aucune raison...). Tim n´a jamais bronché, tout pris qu´il était à lui indiquer calmement le chemin pendant qu´on se demandait si on pourrait un jour boire la bouteille de champagne achetée chez Miguel Más. Mais finalement, nous sommes arrivés sains et saufs dans l´autre exploitation que nous voulions voir (Bodegas Callia), une jeune usine à vin (existant depuis sept ans). La fille qui nous a guidés racontait que le nombre de litres de vins produits se compte en millions ! Tout comme chez Miguel, nous avons eu droit à des explications complètes et à une dégustation gratuite. Mais bon, le tout dans un environnement très froid vu que ce qui compte, c´est faire des pesos. La passion contagieuse de Miguel n´y était tout simplement pas.
Sans aucun rapport, l´Argentine est une terre d´immigration. Pour les Français, le pays, sous certains aspects, n´a rien de dépaysant. Outre l´architecture de Buenos Aires qui rappelle tant celle de l´Europe, dans la rue, circulent des 403 (mais nous n´avons pas vu Columbo), des 404, des 405, des 504, des 2 Chevaux, des Twingos... (et pas qu´un peu ! À San Juan ou Mendoza, y´en a !) On va faire ses courses chez Carrefour, on va laver son linge chez 5 à Sec, on mange des croissants le matin et le vin Santiago Graffigna appartient au groupe Pernod-Ricard. Il y a de quoi être déboussolé !

1 commentaire:

Champion a dit…

Bonjour,
Pourriez-vous mettre les photos de telle façon que je puisse les agrandir :)
En plus du vin, ils ont des apéros ?
Bonne continuation...