mardi 24 août 2010

La Bolivie andalouse

Le sud de la Bolivie nous a offert un visage nouveau de ce pays andin. Après les missions jésuites, nous sommes rentrés en train-frigo à Santa Cruz pour une journée. La capitale économique du pays a presque tout d´une ville occidentale, avec ses magasins Nike, Kodak, Dolce Gabanna ou Gucci. Les rues sont même indiquées sur des panneaux, les numéros visibles et, comble de l´occidentalisme, les routes de la ville sont parsemées de feux pour faciliter la circulation... Bon, les Cruçeños restent des Boliviens, ce qui signifie qu´ils considèrent le feu avant tout comme un objet de décoration, et que rouge, vert, orange ou en panne, les voitures passent... Mais bon, il y a des feux.
Nous avons été des témoins privilégiés de l´activité qu´offrent les places centrales de chacuns des villes et villages que nous avons croisés. Souvent baptisées du nom du héros local (Sucré, Luis de Fuentes) ou d´une date significative des batailles des guerres d´indépendance (pointez une date sur un calendrier, et une place portant ce nom existe quelque part dans le pays), ces places sont le théâtre des fanfares, des concerts intimes et autres défilés. Ainsi, à Santa Cruz, un matin de semaine, la fanfare d´une école (comprenant un orchestre d´une vingtaine de musiciens, trompettistes, choristes, tambouristes, etc. mais aussi d´autant de cheerleaders) est restée près d´une heure à interpréter des airs du répertoire classique bolivien (qui avaient l´air classique, vu que les témoins fredonnaient les paroles gaiement), mais aussi la marche de l´empereur dans Star Wars. Et les passants regardaient, captivés, ce bel ensemble (avec une certaine préférence pour les jambes élancées des jeunes señoritas...).

Quelques jours plus tard, à Tarija, le jours de notre arrivée, un concert de guitares a été donné, peu avant midi, à l´ombre des grands arbres de la place centrale. Un superbe concert d´une quinzaine de guitaristes, aux sons très argentins, sous le regard d´une trentaine de témoins, dont nous, et du consul d´Argentine à Tarija. Ce dernier, ainsi que ses amis, avaient l´air enchanté, chantant les grands airs du folklore de son pays.
Enfin, le lendemain, alors que nous déjeunions près du zocalo, ce sont les écoles maternelles et primaires qui défilaient. Sans doute celles de Tarija et de ses environs vu le nombres de niños et de niñas qui paradaient. Mais ils ne défilaient pas simplement. Non, ils étaient tous vétus d´habits "à l´ancienne" : les jeunes filles avaient de larges robes à froufrous bleues, roses ou vertes, des hauts de dentelle et des chapeaux élégants recouvrant leurs cheveux ondulés pour l´occasion. Elles s´abritaient sous des ombrelles, même si la journée était grise. Quant aux petits gars, ils avaient d´élégantes moustaches, des favoris, et portaient, pour certains, des habits traditionnels populaires, et pour d´autres, un costume plus élégant. Ils paradaient tous derrière l´étendard de leur école (un peu comme les écoles de samba de Río, lors du carnaval), au son de la musique jouée par la police de la ville ! Un homme, au micro, annonçait quelle école passait devant lui, et remerciait du coup des sommités municipales pour leur soutien. Ces mêmes sommités que l´on retrouvait dans les rues, en habits militaires, fiers de leur apparence. En effet, la ville fêtait les deux cents ans de sa libération, et tout le monde fêtait depuis quelques jours. Quant aux parents, qui filmaient, photographiaient et pointaient du doigt leur progéniture, de fierté, ils avaient dû se lever aux aurores pour préparer les costumes. Mais quel résultat ! Une fois le défilé terminé, les enfants sortaient du cortège pour retrouver leurs parents. Si certains rentraient chez eux pour fêter (c´est surprenant de voir une petite fille avec sa large robe ou un petit paysan déguisé de sept ans monter sur la moto du père, ça fait un drôle de contraste temporel...), d´autres familles se réunissaient dans un des cafés du coin pour souligner la prestation exceptionnelle du petit, buvant des limonadas et s´empiffrant d´une des merveilles de Tarija, les salteñas...





Ah, les salteñas ! Elles ont redonné du crédit à l´estime gastronomique que nous avions de la Bolivie. Nous avions parlé des PAP (Pollo-Arroz-Papas) qui composaient la quasi intégralité de nos repas. Mais les salteñas sont venues troubler notre régime alimentaire. Ce sont de petits chaussons de pâtes cuites, comprenant de la viande (poulet, évidemment, ou boeuf), des oignons, des morceaux d´oeufs, et quelques légumes. Et le tout, servi chaud, est délicieux et coûte une bouché de salteñas. Cela ressemble aux empenadas, mais c´est beaucoup plus juteux, dedans, et plus petit. On les mange surtout le matins, mais nous avons trouvé quelques salteñerias offrant ce bijou tard la journée. Et cela nous a épargné bien des PAP !
Notre enthousiasme des papilles, à Tarija, s´est prolongé grâce à une journée passée dans les bodegas du coin. En effet, dans le sud de la Bolivie, on fait du vin ! Et pas de la piquette ! Nous avons donc vadrouillé dans trois vignobles (un vignoble industriel, un semi-industriel et un artisanal) avec un guide bolivien, Carlos, et une famille boliviano-suédoise... (oui oui, ça existe !). Dans chacune de nos haltes, nous avions droit à la dégustation de trois ou quatre vins (du Merlot, du Cabernet Sauvignon, de la Syrah, du Malbec et du Chardonnay) avec du jambon, du fromage local, des biscottes, des olives, etc. Cependant, comme ici c´est l´hiver, nous n´avons vu des vignes que les pieds, sans les feuilles ni les grappes de raisins. Pour conclure la dégustation, les producteurs nous offraient leur "aguardiente" (eau-de-vie) locale. Et ça tape ! Quand il fait 35 degrés dehors et qu´on termine avec du fort, on devient vite euphoriques. Durant 5 heures, nous avons constaté que le vin bolivien est diversifié dans les saveurs qu´il offre, qu´il a une certaine cuisse, et que les 14% d´alcool qui le composent rendent joyeux ! Mais le vin et les saltñas sont à l´image de Tarija : joyeux, multisavoureux, fêtards. Ce fut sans doute un de nos gros coups de coeur de la Bolivie (en haut de la liste des coups du coeur, même...).


À deux occasions (Santa Cruz et Tarija), nous sommes allés dîner dans le "Club social" de la ville. Jadis endroit réservé aux hommes, le Club s´est ouvert à tous, et offre un repas complet pour vraiment pas cher. Mais l´endroit veut garder une certaine classe et impose à ses clients une classe vestimentaire. En d´autres mots, nous avons essayé d´y aller en bermudas, et nous avons été refusés. Ni une ni deux, nous sommes allés mettre nos vêtements de gala (un jean...) pour déguster, entre autres, une entrée de lentilles, une soupe du jour, de la salade variée et à volonté, du bon boeuf, du pouding au riz et même un verre de vin !
Le retour vers La Paz, synonyme de Brésil dans quelques jours, passait par une journée à Sucré, la capitale constitutionnelle de la Bolivie (et n´oublions pas que La Paz est la capitale "tout court" du pays... Ça fait donc trois capitales !), et ville universitaire donc dynamique. Elle a les allures bourgeoises de Santa Cruz (La Paz ressemble à un vaste bidonville comparé à ses deux soeurs) et ses murs blancs rappellent ceux de Tarija l´Andalouse. Nous n´y avons passé que deux journées, avons trouvé des saltenerias et constaté l´incroyable diversité architecturale, preuve de l´histoire mouvementée de la ville. Mais le résultat est vraiment impressionnant. Quant au marché, il offre de multiples couleurs, et, comme la plupart de ceux que nous avons parcourus en Bolivie, il se divise en de nombreuses allées thématiques (légumes, jus, viande, oeufs, quincaillerie, hygiène, etc.).




En Bolivie, nous avons fait la connaissance de nos "salvatrices". Des dames qui rendaient notre quotidien plus agréable. La première, señorita Naranja, vend des jus d´oranges frais dans la rue, dans la plupart des endroits où nous sommes passés. Pour environ 2,50 bolivianos, elle nous pressait un gros verre de vitamines C. Chaque matin, nous partions à sa rencontre, sans avoir trop de problèmes à la trouver, vu que des señoritas Naranja, il y en a plein la rue (et on trouve aussi quelques señores !). Avec son stand mobile, elle change d´emplacement plusieurs fois par jour. Son comptoir offre, à la vue de tous, une montagne d´oranges à presser et déjà vidées, un appareil manuel pour les éplucher et le presse-jus. Elle nous sert un copieux verre, et, en le buvant à côté d´elle (au lieu de l´emporter), on se voit offrir un autre verre !


La seconde, señorita Gelatina, se balade dans les terminaux de bus, va de quai en quai, monte dans les bus sur le point de partir, et, pour 1 boliviano, propose l´équivalent d´un verre de Jello (gélatine), vert, orange ou rouge. Parfois, le dessus est recouvert d´une sorte de crème fouettée, et, servi avec une cuiller en plastique, il composait le dessert précédant nos longs trajets de bus.
Avec Sucré, nous concluons donc un mois en Bolivie. Un mois de diversité quotidienne (sauf pour les repas...), à rencontrer des gens chaleureux, passionnés et fiers. Certes, on pourrait s´atarder sur les tonnes d´ordures qui jonchent les routes (à Tarija, la ville fait de gros efforts de ce côté, et la ville est franchement très propre !), sur les feux dans les champs qui se transforment en incendies incontôlables, mais cela pèse bien peu par rapport à la joie d´être des Boliviens qu´ils ont su nous transmettre.
Prochaine étape : le vol TAM Mercosur TZ710 nous menant de La Paz à Río de Janeiro, ce mercredi à 2h30. Bem-vindo ao Brasil !

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Vous voilà partis à Rio, quant à moi je déguste mes derniers saltenas arrosés d'aguardiente( pas trop), de jus d'orange et de jello, et je vous suis.
Merci pour ce dernier message bolivien musical ,coloré et parfumé.
Lys, encore dans son village

Bibi a dit…

Si tu vas à Rio
N'oublie pas de monter là-haut...

MissPaulette a dit…

Il fait très beau à Montréal, mais d'après ce que je viens de lire et voir, c'est mieux ou vous êtes! Wow! Je "goûtais" le merveilleux jus d'orange en lisant cette entrée de blogue! Yummy! Vous avez de l'air bien et ça me rassure! Merci toujours pour le "voyage"!

Take good care et bisous,
Miss Paulette
xxxx

Anonyme a dit…

J'avais oublié la suite:
"C'est à Madureira
Tu verras les Cariocas
A la fête des Sambas"

Bibi a dit…

J'ai un autre refrain:
Grande,mince,belle et douce
La fille d'Ipanema se pousse
Sur le rivage
Et toute la plage
Fait Ah!

Bibi a dit…

Bibi en connait un autre de refrain:
Quand tu souris
Je m'envole au paradis
Je vais à Rio de Janeiro
Je prends ta main
ET nos coeurs font plus de bruit
Que toutes les cymbales
Du carnaval
(Cloclo)