vendredi 6 août 2010

Comme sur un circuit de Formule 1, les émotions en plus, la sécurité en moins

Les transports en commun font partie de notre pain quotidien. Vu que nous changeons de ville presque quotidiennement, nous nous sommes déplacés grâce à divers moyens : bateau, vélo-taxi, taxi, bus, colectivos, etc. En bus, lorsque nous étions allés à Arequipa, nous avions passé la moitié du voyage avec une vitre brisée, résultat d´un jet de pierre provenant de l´extérieur. Mais l´expérience la plus saisissante est celle des bus et des micros, qui nous ont permis de saisir pleinement à quel point la conduite est, ici, le "sport national extrême" (expression utilisée par un chauffeur de taxi de Cochabamba).
Ainsi, nous sommes revenus de Villa Tunari à Cochabamba en mini-bus. Nous étions sept passagers dans un petit bus pour parcourir les 160 km qui séparent les deux villes. Nous avions déjà pris des bus et étions familiers avec le but ultime de tout conducteur : dépasser, coûte que coûte, le véhicule qui le précède. Que ce soit de nuit, au crépuscule, de jour, sous la pluie, dans le brouillard, sur une route de terre ou en bitume, sur une route avec juste une voie et demie... le but est de dépasser... Alors dans un grand bus, ça va, car on ne voit pas vraiment ce qui se passe devant. Mais dans un mini, on voit ce que voit le chauffeur. C´est hallucinant !
Dépasser..."Adelantar" en espagnol... Ça, on en a dépassé des autos, bus, motos, piétons. Dans des conditions incroyables. Ainsi, une heure après le départ, nous sommes arrivés dans une zone de brouillard extrême (en réalité, ce sont les nuages ! Nous avons traversé d´épais nuages gris pendant une heure avant d´arriver au dessus et de nous retrouver sous un beau ciel bleu. Le spectacle était fabuleux, et surtout nous regardions autre chose que la route et notre conducteur...). Le chauffeur (qui n´avait pas mis sa ceinture... en réalité, on se demande à quoi elle sert, personne ne la met jamais !) n´a rien changé à sa conduite. Il restait toujours à rouler à environ 90 km/h, quel que soit le type de chaussée (gravier ou bitume). Et, pour ne pas nous rassurer, la majorité des véhicules que nous croisions n´avaient pas mis leurs phares alors qu´on n´y voyait rien. Nous n´avions pas dû mettre les nôtres non plus, je suppose.
Le chauffeur mangeait des feuilles de coca d´une main et "textait" de l´autre... et accélerait des pieds ! Et nous, nous n´en revenions pas ! Et il doublait, il doublait... Et des autos ou semi-remorques arrivaient en face, et lui se rabattait au dernier moment, doublant autant qu´il pouvait. Mais rassurez-vous, il n´est pas le seul à agir ainsi... Tous les conducteurs font de même ! Dans une zone de brouillard intense où il était impossible de voir à plus de trois mètres en avant et où nous étions dans une courbe en pente ascendante (sans garde-fou) sur un chemin de terre, il a commencé à doubler un camion, mais une butte de terre est soudainement apparue dans la voie de gauche, forçant ainsi notre chauffeur à se rabattre dans la voie de droite derrière le camion (il a estimé qu´il n´avait pas assez de temps pour terminer sa manoeuvre, il a alors ralenti brutalement pour se rabattre). Mais la route était en terre ! Et la voiture a dangereusement dérapé vers le ravin. Nous avons failli tomber dans le ravin embué qui était à notre droite ! Rien de moins... Bon, le temps d´avaler une autre feuille de coca, et notre homme doublait le camion !
La nuit venue, c´est encore plus épeurant ! En effet, on voit les lumières des voitures dans les deux sens, et on se rend compte que notre Schumacher double alors qu´un convoi de camions arrive dans l´autre sens, à quelques mètres à peine, ou qu´une voiture nous arrive de face en se rabattant au dernier moment ! Mais pour lui, c´est comme un jeu. Il a le sentiment de jouer à la PlayStation, on dirait ! Mais notre nombre de vie est limité... Une fois arrivés en ville, nous croisons quelques feux rouges, censés réguler la circulation. Mais si rien n´est en vue au rouge, les voitures passent. La lumière rouge n´est qu´un outil de décoration, qui met un peu de couleurs sur les routes boliviennes...
Pour les piétons, ce n´est jamais ni le bon endroit, ni le bon moment pour traverser. Alors comme rien n´est fait pour qu´ils traversent, ils passent où ils peuvent, quand ils en sont capables. Et ce même au milieu d´une route nationale. Ils savent qu´aucune voiture ne ralentira pour leur donner une chance, qu´ils vont se faire copieusement klaxonner, mais ils foncent, seuls ou en famille, avec parfois des paquets plein le dos, poussant une brouette pleine de sacs... La conduite, en Amérique du Sud, c´est le Far West. Mais étonnament, on voit peu d´accidents, ou quand on en voit, rien de grave. En ville, c´est la même chose. Traverser est une épreuve olympique. Les voitures passent tant qu´elles peuvent et, si elles sont bloquées dans un embouteillage, leur chauffeur vous fait signe de passer, comme si c´était une faveur. Sinon, soit on passe en force, à nos risques, soit on attend, parfois très longtemps...
Une autre aventure "automobile" nous est arrivée, à Copacabana, à la frontière entre le Pérou et la Bolivie. Nous sommes restés quelques jours dans cette petite ville pour soigner une grosse fin de rhume, et nous en avons profité pour assister à quelques baptêmes, avec prêtres et parents émus. Mais pas des baptêmes traditionnels de bambins de quelques jours... Non, des baptêmes d´automobiles ! En effet, chaque nouveau propriétaire de voiture vient près de l´église, décore sa voiture (images de la Vierge, banderoles colorées, chapeaux en carton sur le dessus de la voiture) et avertit le prêtre (le même que celui de l´église voisine !) que la cérémonie peut commencer. Et on vient du Pérou pour cette procession unique ! Le rituel veut donc que le prêtre marmonne d´abord quelques mots pendant que les propriétaires regardent le sol, le mains jointes, en priant. Puis, muni d´une baguette fleurie imbibée d´eau, il arrose la carrosserie, en allant toujours de droite à gauche, et en tournant autour de l´auto. Celle-ci est donc baptisée quand le prêtre en a fait le tour, mais certains propriétaires ouvrent le capot, le coffre, les portes, pour que les moindres recoins de leur progéniture de fer soit protégée par les actes du prêtre. Une fois le prêtre payé et parti, les propriétaires terminent le rituel en achetant qui de la bière, qui du champagne, et arrosent à leur tour la voiture, et en en faisant bénéficier leur voisin, et parfois même le prêtre qui s´active déjà auprès d´une autre auto. Comme quoi, la voiture, en Amérique du Sud, est l´objet de toutes les attentions !
Heureusement, notre expérience en Bolivie ne se limite pas aux transports ! À La Paz, nous sommes tombés sur une ville vraiment hospitalière, où les gens nous ont renseignés avec le sourire. Pour une grosse ville sud-américaine, quelle surprise géniale ! De manière générale, nous avons pu profiter de la jovialité des Boliviens et de leur apparent bonheur de vivre. Nous avons donc prolongé notre séjour dans la capitale bolivienne. La ville, en tant que telle, est une succession de rues pentues, pleines de marchés spécialisés (voir la photo ci-dessous des foetus de lamas). Et pour les gravir, il faut du souffle ! Plusieurs fois, nous avons dû multiplier les pauses lors de l´ascension d´une des "calles". Et, parfois, des grands-pères nous donnaient une tape dans le dos, nous voyant souffler, pour nous demander si tout allait bien ! Inutile de dire qu´après ce type d´ascension, une fois passées les Andes et revenus à une altitude plus basse, nous pourrons nous attaquer à n´importe quel trek ! Comme à Villa Tunari, par exemple. Nous nous sommes rendus dans ce village pour visiter le Parque Machia. Ce parc recueille des singes, des oiseaux de tout genre et même des pumas qui appartenaient auparavant à des particuliers ou même à des cirques. Ces animaux sont devenus domestiques et le parc leur apprend à redevenir sauvages. Et ça peut prendre du temps. La balade dans le parc dure environ trois heures, dans un environnement de jungle. Une forêt très verte, touffue, où on entend des cris de singes et des chants d´oiseaux.
La guide nous a avertis, au préalable qu´il ne fallait toucher à aucun animal. Elle nous mettait en garde contre les singes, qui viennent vers les visiteurs, leur grimpent après et leur font parfois les poches. Nous commençons donc la balade en allant dans le sentier des singes. Et, très vite, nous en entendons plein et en levant la tête, nous en voyons une multitude se balançant de branches en branches. Ce sont surtout des capucins, de tout petits singes au visage très expressif. Nous nous arrêtons pour les regarder, et, à un moment, nous en apercevons un qui boit à un ruisseau par dessus lequel nous passons. Par jeu, j´imite (Guillaume) le cri du singe, et le capucin s´arrête de boire, retourne sa tête, me regarde, monte sur le petit pont sur lequel nous nous tenons... et commence à saisir ma jambe droite et me grimpe dessus !
Je le laisse faire, et rapidement, le voici sur ma tête, à ma grande joie car le petit mammifère a l´air doux et affectueux. Il passe du dessus de mon crâne à mon cou pendant que nous continuons la balade. À un moment, il saisit des feuilles dans un arbre et, pour rigoler, j´ouvre la bouche faisant mine que j´ai faim.... et le singe me fourre la verdure dans la bouche, comme si j´étais son petit ! Il s´est vraiment pris d´affection pour moi ! Peu après, nous croisons une famille bolivienne dont une des filles porte un petit bracelet coloré qu´elle tend au capucin. Le petit animal s´en saisit et se met à l´inspecter, à le mettre dans sa bouche, tout en restant perché sur moi. Car il ne veut plus partir, même quand j´essaie de lui montrer un arbre ou que Julie essaie de s´en saisir. Il s´accroche avec sa queue à mon cou et afin d´être certain de ne pas tomber... Impatient de le voir s´en aller et surtout incapable de m´en déssaisir, nous allons à la rencontre de deux gardiens. Nous leur expliquons que le capucin est devenu pour le moins collant et que nous souhaitons qu´il descende. Les deux hommes s´affairent à essayer de l´ôter de mon cou, mais rien y fait. Ils tirent, feignent, mais rien. Le capucin reste accroché à mon cou. Et, soudainement, je vois Julie qui rit et me crie : "Il est en train de te faire pipi dessus !"... et au bout de quelques secondes, je sens un jet chaud dans mon cou puis le long de mon dos... Le capucin a marqué son territoire... mais ne souhaite vraiment pas descendre. Les deux gardiens, tout sourire, nous indiquent d´aller voir un troisième gardien, qui saura sans doute m´aider... Nous filons le voir et celui-ci, ni une ni deux, lui montre son bras, et mon compagnon s´en va, la vessie vide, me laissant avec une sensation de chaud dans le dos...
Nous pouvons donc continuer la balade jusqu´au sommet du parc qui surplombe la vallée et la ville de Villa Tunari. En route pour Santa Cruz !

5 commentaires:

Anonyme a dit…

" J'ai quelques fois sur les épaules Un primate effrayant et étrange
Un singe fouisseur qui mange ma ce
rvelle
C'est mon roi farceur qui observe
Dans le ciel saturé de signes
L'estivage régulier des étoiles" (L. Osztean)
Bon, je mets ma ceinture,et je poursuis le voyage avec vous. Mais c'était plus paisible,sur le dos de mon condor.

Virginie a dit…

Oh que vous m'avez fait rire. Moi qui adore les petits singes, en voilà un qui s'est fait ami avec toi. Je ne sais pas ce que j'aurais donné pour être là et pisser moi aussi, mais non pas pour délimiter mon territoire mais pisser de rire. Bon labite, si tu n'es pas certain de vouloir des enfants, au moins tu sais que tu peux être le père de petit Capucin. Je me roule encore par terre... Merci, merci de nous faire voyager avec vous.
Virginie xxx

MissPaulette a dit…

OMG!!! Quel aventure! J'ai tellement rit...et de voir la photo de Guillaume avec son 'singe', bien, c'était tellement mignon...Guillaume, tu 'poignes' n'importe d'ou! :-)

Julie, j'étais aussi très contente de te voir ....I worry, you know! Vous avez de l'air heureux tous les deux....je suis fière de vous et votre courage!!

Au plaisir de vous relire....take good care!

Bisous,
Paulette
xxxxx

Unknown a dit…

Bon, c'est sûr, la Gaspésie, c'est moins exotique, mais au moins on se fait pas pisser dessus !!! On en revient, Gwen et moi, c'était cool. Dis donc, mon Guigui, t'as maigri. Gros bisous à vous deux !
Pascale

France V a dit…

Ce que c'est pissant cette histoire de singe! J'ai vraiment beaucoup rit. Je me délecte de vos récits et je voyage ainsi, par procuration, avec vous.

J'ai l'impression que le meilleur est à venir, avec tout ce qui vous reste à vivre. Vous êtes pas mal beaux en tout cas. ;-)
À la prochaine los amigos!
France Vandal xx