Puis nous parvenions au métro. Là, il faut comprendre le japonais, car à peu près rien n'est écrit en anglais : les panneaux pour se situer, les prix, les stations, etc. Et s'y retrouver dans le métro de Tokyo est aussi compliqué car il y a des lignes privées, des lignes qui ne le sont pas, sans compter qu'il y a le métro et le train (alors comprendre le plan est une chose ardue, les couleurs des lignes se superposent, il y en a en pointillés). Il faut savoir quand on change de compagnie de métro afin d'acheter le bon ticket, au bon prix, au bon guichet. Et des lignes il y en a beaucoup ! Alors chaque jour, on commençait en allant à l'information pour demander comment aller à tel endroit, de quel quai partait le train et combien cela coûtait. Et comme on ne lit pas plus le japonais qu'on le comprend, l'agent nous écrivait le prix sur sa calculatrice et nous indiquait, dans un anglais japonisant, le numéro du quai en nous donnant une carte avec des traits pour les correspondances. Eh bien on ne s'est jamais perdus.
S'il y une chose que nous savons apprécier maintenant, c'est bien la propreté des toilettes (et le type de toilettes, de marque "Toto"). Après quelques temps passés en Asie avec la présence des toilettes turques, le retour aux toilettes normales ("Western Style", comme c'est écrit ici) est grandement apprécié. Le Japon, c'est la Cadillac des toilettes. Les toilettes sont toutes, pour la plupart, électroniques, chauffantes et un robinet est installé au-dessus afin de fournir la quantité d'eau nécessaire à la chasse d'eau. Elles peuvent même fournir, pour les plus audacieux, un jet d'eau discret qui nettoie là où il faut. Guillaume ayant tenté l'expérience du jet d'eau, Julie a voulu en faire autant. L'expérience n'est pas désagréable, mais un peu longue. Un peu trop au goût de Julie qui décide de se lever pendant que le jet est actionné. Puisqu'elle sait qu'il y a un oeil magique, elle croit que le jet d'eau va s'arrêter automatiquement. Que nenni ! Elle s'est retrouvée avec un jet d'eau qui la poursuit jusqu'au mur en mouillant ses pantalons et en laissant la salle de bain dans un état douteux. Un tsunami aurait laissé moins de dégâts... Bref, le Japon peaufine ses toilettes intelligentes pour les rendre encore plus perspicaces.
On a souvent dû parler aux gens, pour les renseignements geographiques, ou, par exemple, pour commander notre nourriture. En général, nos "paroles" se limitent à des onomatopées plutôt guturales (qui signifiaient "Suis-moi dehors que je te montre l'image de ce que je veux manger" ou "Comment on fait pour aller là ?"). Notre interlocteur répondait par un "hmmm hmmm" identiquement gutural, très grave, accompagné de gestes un peu brusques et d'yeux grands ouverts. Souvent, dans les films, les Japonais sont représentés avec des intonnations qui semblent parodiques. Eh bien, non, elles ne sont pas parodiques, mais bien réelles, ce qui donne le fou rire les premières fois qu'on les entend. Ce langage nous a souvent depannés (cela nous a permis de survivre dans un monde où nous sommes "lost in translation"). Quand on ne comprend pas la réponse de notre ami nippon, on salue quand même en le remerciant et on va demander ailleurs. Car lui redemander lui aurait signifié qu'il n'est pas clair et on a souvent peur que nos interlocuteurs se sentent mal à l'aise face à cette situation. En effet, les Japonais offrent toujours un service impeccable. Et leur faire remarquer qu'on n'est pas satisfaits de leur prestation peut les humilier. Ce n'est pas ce qu'on veut, mais on se dit chaque fois que si leur supérieur se rend compte de notre insatisfaction, il pourrait les virer ou même les inciter à se faire harakiri... Mais de toute facon, le service est toujours parfait. On se fait saluer par tous les employés dès qu'on entre quelque part, les gens sont discrets mais toujours prêts à tout faire pour nous aider. Ils nous souhaitent toujours toutes sortes de choses, mais on ne comprend rien.
Quand, dans une boutique, on nous rend la monnaie, c'est tout un numéro. On doit d'abord mettre le billet sur un tapis special pour payer (pas en main propre !). Puis la serveuse prend notre billet, nous le montre, le range sur la caisse et nous rend la monnaie. Pour celà, elle dispose les billets en éventail devant nous et nous expose les billets qu'elle va nous rendre (afin qu'il n'y ait pas d'imbroglio), les compte devant nous à haute et incompréhensible voix, et nous les donne en main propre en nous saluant (pas de petit tapis sur lequel on pose les billets, cette fois). Et c'est toujours le même numéro. La vie ici est toujours pleine de petites surprises dans ce genre, ce qui nous fait vraiment tripper sur le pays. La délicatesse des Japonais, leur respect, leur discretion rendent la vie vraiment agréable et le service toujours impeccable.
Par contre, en arrivant, leur fameuse discrétion que nous apprécions tant, nous a fait un choc. Ici, dans la rue, les gens ne nous saluent pas, ne nous regardent pas, ne se retournent pas si nous les avons bousculés par mégarde. Nous sommes transparents aux yeux de la population. Dans la rue, les rabatteurs des restaurants interpellent les gens à entrer dans leur restau, mais dès que nous sommes à leur hauteur, ils détournent le regard. Nous sommes des fantômes. Difficile de s'y habituer apres l'Asie du Sud-Est, alors que nous étions amis avec tout le monde dès que nous arrivions quelque part. Par contre, cela s'explique par le fait qu'ils sont très privés et démontrent très rarement leurs émotions, alors pourquoi le feraient-ils plus avec des étrangers ? C'est un peuple aux traditions millénaires complexes et ce n'est pas à eux de s'habituer à notre présence, mais plutôt au voyageur de s'habituer à leur culture, surtout si l'on visite leur pays !
Un autre immeuble est également représentatif de la ville. La tour de Tokyo (Tokyo Tower) qui ressemble de loin, à s'y méprendre, à la Tour Eiffel à cause de la base métallique aux quatre pylonnes et d'une structure similaire. Ne surtout pas dire aux Japonais que la tour de Toyko est identique à la Tour Eiffel, ils vont s'en offusquer (mais avec retenue) car leur tour est 9 mètres plus haute que la française. Il est possible de monter à l'intérieur moyennant quelques centaines de yens. Nous n'y sommes pas allés puisque nous revenions du 45e étage du Tokyo Metropolitan Government Building. La vue du bas et de nuit est vraiment superbe. Tout en orange et doré, elle se voit de loin et vaut vraiment la peine d'en faire le tour.
On a aussi visité un magasin de jouets sur plusieurs étages. Ça allait des poupées qui marchent toute seules aux peluches de Mario Bros en passant par un circuit pour petites voitures électriques. Le circuit qu'exposait le magasin était immense et on pouvait y jouer. Quand on se portait volontaire pour jouer les Schumacher en culottes courtes, un des préposés aux ventes approchait et se proposait pour être votre adversaire. Et dès que la voiture sortait du circuit, une autre préposée accourait pour la remettre sur la piste. Fabuleux !
Le seul musée que nous avons visité est le National Museum of Emerging Science and Innovation, aussi connu sous le nom de Miraikan. On pensait voir tout un tas de gadgets futuristes, pouvoir manger de la nourriture pour astronautes, tester des machines du XXIIe siècle, etc. Eh bien on a été déçus. Certes, on a vu Asimo, le robot mis au point par Honda. Et ça, c'est hot ! C'est un robot intelligent, capable de jouer au foot, de se déplacer en évitant des embûches et de répondre. On a eu une super démonstration en compagnie d'écoliers. Les mêmes ingénieurs ont mis au point un petit chien robot avec lequel on peut jouer et qui ressent (presque) des émotions. À tout le moins, il ressent la pression des doigts quand on le caresse. Et on a testé des machines qui expliquent comment fonctionne Internet (le fameux système avec que des 1 et des 0). Ah oui, on a aussi pu essayer la machine thermique mise dans les aéroports pour prendre la température des gens et les fouiller. C'est très bien expliqué, surtout pour qui sait lire le japonais. Il y a bien du personnel qui parle anglais, mais bon, ce n'est pas toujours génial.
On a toujours mangé nos repas dans des petits restaus de quartier, situés dans des ruelles étroites. Là, les restaus s'enchaînent et les odeurs aussi. Souvent, en entrant, on se retrouve devant une machine. On doit ainsi choisir ce qu'on va manger en appuyant sur le dessin correspondant (des plats élaborés ou juste du riz ou une soupe miso ; si l'image n'est pas là, on sort dehors avec un gars du restau et on lui montre l'image de ce qu'on souhaite ingurgiter, on rit tous, et on rentre vite, car il fait froid) et on paie à la machine. Puis on donne les reçus au chef qui nous prépare notre bouffe. Au moment où on entre, aussi, on est assaillis par les saluts de tous les employés. Qu'ils soient dans la cuisine, en train de servir quelqu'un ou ailleurs, tout le monde nous salue. Ensuite, on s'assoit et les plats arrivent. Et contrairement au Cambodge ou à la Thaïlande, on est servis ensemble. À nos côtés, se trouvent d'autres personnes. On sait que ce sont des Japonais quand on entend le bruit peu discret de leur aspiration des succulentes pâtes se trouvant dans leur soupe. Ça fait un grand "Frrrrrrrrrrrrruuuuuuuuuuuutttttttt !" dès qu'une nouille touche leur bouche. Et quand toute la salle s'y met, c'est un vrai concert. Mais ça ne dure pas vraiment longtemps puisque les Japonais mettent en moyenne 5 minutes pour avaler leur repas, bière comprise. Que cela soit le midi ou le soir, le repas est avalé de façon express et souvent en solitaire. Le repas ne semble pas avoir le côté social qu'il a pour nous. La preuve que le restau n'est pas fait pour parler ? Un matin, nous buvions un café quand une dame assise à une table à côté de la nôtre nous regarde et nous demande de baisser le ton. Elle lisait et nous ne faisions que parler, pas si forts que ça, mais trop pour elle. Et qu'un Japonais se permette de nous faire une remarque de ce genre en dit long sur son ras-le-bol de la situation. Pour ceux qui ont faim, manger sur le pouce est toujours faisable. Dans la rue, c'est plein de machines qui distribuent des boissons. Et pour manger, comme les Japonais semblent très gourmands, il y a plein de boulangeries ou de pâtisseries qui rempliront les estomacs vides.
Samedi, on a reçu la viste de David, tout droit venu de Séoul. On a passé la soirée ensemble (et la nuit aussi... on a partagé nos tatamis avec lui et à trois dans une chambre, ça a réchauffé notre chambre d'habitude si glaciale ;-) en allant boire quelques bières, une grosse soupe puis des sakés dans un bar un peu glauque (le bar Eden). En compagnie de quelques poivrots en habit de travail, on a voulu boire quelques sakés, ce qui fut le cas. On avait des pinottes avec ça en plus. Une fois qu'on les a eu avalées, on a compris qu'on devait les payer ! Y'avait une quinzaine de cacahouètes qu'on a payées fort chères ! En tout cas, c'était un super moment avec David !
Le lendemain, on a quitté Tokyo pour Kyoto. Pour ça, on a pris le Shinkansen, le train japonais supersonique dont la locomotive a des ressemblances avec un bec de canard (mais il ne fait pas de "couac" quand il roule, lui !). Wow ! Ça va super vite. Le grand luxe à la vitesse supersonique. On fait plus de 500 kilomètres en environ deux heures trente (on a pris l'omnibus qui s'arrête partout, alors ça a pris une heure de plus, mais c'est moins cher). Super confortable, avec une boisson incluse et vue sur le Mont Fuji. Comme dans le métro, c'est super silencieux. Quand le contrôleur traverse le wagon, il salue à l'entrée et à la sortie (donc des fois, il salue notre dos !) et ce à chaque fois. Et les toilettes sont encore géniales. Il y a les "Western Style Toilets" et les "Asian Toilets". Les premières ont un siège, les secondes sont des chiottes turques. Les wagons sont super propres, puisqu'une armée de dames en rose rentrent dans chacun des wagons 10 minutes avant le départ et lustrent tout ce qui est lustrable. Et évidemment, le train part à l'heure et arrive à la seconde promise. Fabuleux !
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* こんにちは東京から : Bonjour de Tokyo
2 commentaires:
Bibi est inquiet pour ses amis!! La terre a tremblé dans ce si joli pays que j'ai vu sur les photos! Bibi, y veut des nouvelles!!
Vendredi matin (heure de Montréal), ils étaient à Osaka. J'ai eu un court message, ça semblait bien aller pour eux.
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