Une fois cet épisode cauchemardesque terminé, nous devions nous trouver une nouvelle destination. La prévision de pluie, pour notre dernière semaine au Brésil, nous a fait fuir la côte atlantique. Nous somme donc allés nous réfugier dans les terres. Le premier arrêt a été Blumenau, à trois heures au nord-ouest de Florianopolis. Blumenau dont la prononciation portugaise donne Blou-meu-now (comme en anglais) est une ville aussi surprenante qu´agréable. Au milieu d´une architecture moderne se trouve dispersés, à travers le centre historique de la ville, des bâtiments à l´architecture allemande de la fin du XIXe siècle. Tout cela en plein milieu du Brésil ! Disons que c´est un peu surréaliste de voir une architecture de ce type à côté d´un palmier et dans une moiteur tropicale. Difficile d´imaginer pareille ville avant de l´avoir vue. Les noms de certaines rues détonnent parmi une végétation luxuriante : Alberto Stein, Paul Werner et P.L. Schwarz (il y a peu de temps, les rues ne s´appelaient pas "rua", mais... "strasse" !). La population est également moins métissée qu´ailleurs dans le pays. L´adage populaire, selon lequel au Brésil on se marie avec plus blanc que soi, mais on fait l´amour avec plus noir que soi, semble donc moins s´appliquer ici puisque la concentration de grands blonds aux yeux bleus est trés élevée et qu´il n´y a qu´une minorité de Noirs, métisses et d´Indiens. Aussi, nous avons remarqué que les voix des filles sont beaucoup moins graves qu´ailleurs. Au Brésil, il y a nombre de belles filles, mais dès qu´elles ouvrent la bouche oufff... tout l´effet s´évapore tant leur voix est grave (plus que celle des hommes, parfois). La langue de Goethe est loin d´être morte dans cette contrée. Si l´on en maîtrise quelques rudiments, il est possible d´avoir une conversation avec plusieurs commerçants. La conversation peut donc passer du portugais, à l´espagnol, à l´allemand, par l´anglais pour se terminer par quelques mots en français.
Nous avons pris la décision de partir dans le centre du pays, aux frontières du Paraguay et de l´Argentine, à Foz d´Iguaçu, afin de pouvoir nous baigner. Nous baigner, non pas dans la mer, mais être arrosés par les embruns des chutes d´eau. Et quand on dit chutes d´eau (les "cataratas"), ça veut dire déluge d´eau, masses d´eau inimaginablement gargantuesques... du moins, à ce que vantaient le guide et les quelques pamphlets que nous avons trouvés.
Comme chaque fois que nous arrivons en ville, notre premier objectif est de trouver un lit pour le soir. Généralement, quand nous faisons des trajets nocturnes en bus, nos nuits de sommeil sont vraiment courtes (nous avons décidé de moins en faire et surtout, quand on utilise les bus de nuit, de prendre les moins chers car on ne dort pas plus avec des sièges inclinables plus chers qu´avec des sièges classiques, beaucoup moins dispendieux. Alors quitte à ne pas dormir, autant dormir pour pas cher !) et la première journée de visite se fait parfois dans un état "zombiesque". Là, nous avions trouvé, avec le guide, la Pousada Laura, pas chère et proche de tout. Nous y arrivons donc après quelques longues minutes de marche (c´est long, car on est fatigués, et on porte notre énorme enclume de sac à dos !). Elle est située dans un quartier qui nous semble... glauque. C´est le mot, d´autant que nous arrivons un dimanche vers huit heures, qu´il fait gris, qu´il n´y a personne dans les rues et que tout est fermé ! Nous sonnons donc et, après avoir pensé que la pousada était fermée (notre guide date de 2009, et les guides de voyage vieillissent très mal !), une dame sort nous ouvrir la grille qui sépare la maison de la rue. Après lui avoir demandé si elle a une chambre, elle nous répond un déluge de paroles, mêlant rires hystériques, phrases incompréhensibles (normal, c´est du portugais...) et gestes dans tous les sens.
Nous nous installons donc dans notre chambre et Laura vient nous parler (parler = crier + gesticuler + rire, le tout dans un état proche de l´hystérie... euh... non, dans un état hystérique !), nous expliquant l´histoire de sa maison (qui fut sans doute belle, mais là, c´est assez délabré. Elle nous a expliqué pourquoi elle était dans cet état, mais on n´a rien compris !), nous donnant des infos sur les chutes, sur comment s´y rendre, etc. Et, à un moment, elle se met à nous raconter que, dans une série brésilienne télé qu´elle capte sur les ondes paraguayennes, un des comédiens ressemble à Guillaume comme deux gouttes d´eau ! "Todo como el !!" se met-elle à hurler. Et, comme par magie, la série passe le lendemain, lundi, à 22 heures. Le rendez-vous est pris pour regarder un épisode de La favorita tous ensemble... Entre temps, nous avons eu affaire à Laura lors du déjeuner, le matin. Elle met la radio qui passe de la musique colombienne et danse devant nous, en disant combien elle aime danser. Le soir, elle chante pour nous souhaiter bonne nuit. Avant de quitter sa maison, elle rechante pour dire combien elle nous aime, tout en se déhanchant et en répétant l´histoire du comédien sosie, dans La favorita. Pour prendre la photo où elle apparaît en notre compagnie, Laura s´est absentée deux minutes avant le "shooting", puis est revenue... parfumée pour l´occasion ! Elle tenait absolument à être la plus belle ! Elle en brasse de l´énergie, Laura. Comme les chutes d´Iguaçu !
Hormis la tornade Laura, nous avons vu les chutes d´Iguaçu, et avec du très beau temps. Des deux côtés, brésilien le dimanche et argentin le lendemain. Ce sont des chutes d´eau hallucinantes. Elles ont servi de décors au film Mission (1986), retraçant l´histoire des missionnaires jésuites partant à la rencontre d´Indiens pour les évangeliser. Dans le film, les scènes où les personnages longent les chutes sur un chemin étroit sont vraiment impressionnantes. Dans la réalité, pas de petit chemin le long de l´eau, mais des passerelles qui permettent de voir les milliers de mètres cube d´eau qui tombent dans un fracas assourdissant et qui, au final, se terminent dans une rivière paisible. L´ensemble des chutes est un des grands moments de notre séjour en Amérique du Sud. Elles sont parfois blanches, parfois vertes, et quand elles atteignent le sol, elles dégagent une brume humide qui atteint certaines des passerelles les plus éloignées. Le côté brésilien offre une vue générale meilleure, mais plus éloigné de l´eau. Il y a une longue balade à faire, parallèle à l´eau, et pendant deux ou trois heures, on voit très bien les innombrables chutes d´eau (des plus petites aux plus monstrueuses).
Du côté argentin, là, on est dans le feu de l´action. On ressort parfois mouillés, car les passerelles qui permettent d´approcher les chutes sont idéalement placées pour offrir le meilleur du chaos aquatique. Pendant quatre heures, on approche les chutes en bas et en haut en arpantant des sentiers super pratiques à marcher ! On peut même prendre des bateaux qui conduisent au pied de celles-ci, mais votre budget en sort rincé. La balade argentine offre en outre un décor plus "amazonien" que celui de l´autre rive. Nous avons vu des papillons partout, de toutes les couleurs et de toutes les grosseurs qui venaient se poser sur nous ou que nous pouvions amadouer pour qu´ils viennent sur notre main. Dans un arbre, se trouvait un couple de toucans sauvages et dans les eaux, en amont des chutes, des poissons gros comme le bras, à l´abris du courant.
Pour aller aux chutes d´Iguazu (avec un "z" du côté argentin et un "ç" de celui du Brésil), nous avons dû passer la douane pour sortir du Brésil et une autre pour rentrer en Argentine. Nos passeports auraient dû être estampés quatre fois en une journée, car le soir, nous rentrions chez Laura, au Brésil (pour voir La favorita...). Mais, au retour, le bus s´est bien arrêté à la douane argentine pour signaler notre sortie du pays de Maradona, mais a franchi la douane brésilienne sans nous y déposer (et nous étions plein de touristes !). Si bien que, à la lecture de nos passeports, nous sommes bel et bien sortis d´Argentine, mais pas rentrés au Brésil ! Nous écrivons donc ce blog, officiellement, depuis la zone entre les deux pays. Ce soir, nous quittons Foz d´Iguaçu en bus pour Buenos Aires sans savoir ce que vont nous dire les douaniers brésiliens et argentins...
3 commentaires:
Ouah, c'est vrai qu'il te ressemble, le comédien! Je comprends l'enthousiasme de votre hôtesse... Moi aussi, je capoterais si Javier Bardem venait sonner chez moi. Le récit est hilarant, en tout cas ! Bises à vous deux.
La Favorita, je ne peux pas le voir alors je me rabats sur Plus Belle La Vie mais y'a pas le sosie de Guillaume, c'est dommage...
Bises de Lys
Bibi est bien content de partir en Argentine. Alors, il a appris une nouvelle chanson:
Argentine, Argentine,
C'est le plus merveilleux des pays,
Argentine, Argentine,
De l'amour, le paradis des pays,
Cependant ce n'est pas le seul paradis,
Argentine, Argentine,
Car pour l'amour, vous avez aussi Paris!
Des bibis de Bibi!!!
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